les citations
pitchoun ou pitchou, ‑oune n.
Drôme, Provence, Ardèche, Haute-Loire (Velay) pitchoun, ‑oune ; Gard, Haute-Garonne, Aveyron, Pyrénées-Atlantiques pitchou, ‑oune fam. "petit(e) enfant". Stand. fam. gamin(e), petit(e). Synon région. chétit*, drôle*, minot*, niston*, petitou*, tiot*.
1. [Envisagé dans un rapport de filiation].
1. Oh ! vous savez, me disait la mère, c'est un brave* pitchoun. Il sait tout faire, même la soupe […]. (M. Scipion, L'Arbre du mensonge, 1980, 215.)
— Comme terme d'adresse.
2. Le vieux s'approche, enlève son chapeau […]. « Ô, pitchoun… » Le minot* s'arrête de pleurer. « Vous avez vu ? dit l'ogre tout ému. Il a reconnu son papet* ! » (Fr. Fernandel, L'Escarboucle, ma Provence, 1992, 180.)
2. [Envisagé par rapport à l'âge] Regarde cette pitchoune, comme elle est jolie (FréchetDrôme 1997).
3. « […] Dieu sait d'où il vient, ce pitchoun ? En tous les cas c'est pas un enfant trouvé, c'est un enfant perdu […] ! » (R. Boussinot, Vie et mort de Jean Chalosse, moutonnier des Landes, 1976, 20.)
4. – Mais on dit aussi que…
– Je sais ! Je sais ! On dit que ton père fait semblant d'être malade et qu'on vit sur le dos des pitchouns ! s'emporta Fine Castro [à qui on a confié trois enfants de l'Assistance publique]. (M. Courbou, Les Chapacans, 1994, 75.)
5. Elle installe Lucien contre le radiateur du fond […], lui donne des gifles et lui frictionne le dos, les mains […].
– Ça y est, il reprend ses couleurs, le pitchoun, se réjouit Florida de Marseille […]. (D. Van Cauwelaert, La Vie interdite, 1999 [1997], 279-280.)
V. encore s.v. gari, ex. 5 ; guetter, ex. 2.
— Comme terme d'adresse.
6. La vieille s'est retournée et a souri en reconnaissant mon ami.
– Excuse-moi, pitchoun, je ne t'avais pas vu. (P.-J. Vuillemin, Les Contes du pastis, 1988, 90.)
V. encore s.v. zou, ex. 10.
— Dans le syntagme tout pitchoun. Voir s.v. gros, ex. 10.
loto "(désignation plaisante du numéro 1)".
7. – Le 13, les Bouches-du-Rhône. […]
– Le 1, le pitchoun !… L'as… (Ph. Carrese, Filet garni, 1996, 18.)

remarques. Drôme, Provence, Gard, Haute-Garonne, Lot, Ardèche, Haute-Loire (Velay), Landes pitchounet, ‑ette n. et adj. fam.
1. N. "enfant". Stand. fam. gamin(e), petit(e).
a) [Envisagé dans un rapport de filiation] « […] voilà une femme, travailleuse, avec ses deux pitchounets, qui te tiendrait au moins le jardin, et même la maison […] » (R. Boussinot, Vie et mort de Jean Chalosse, moutonnier des Landes, 1976, 123) ; v. encore s.v. profiter, ex. 6.
b) [Envisagé par rapport à l'âge] « […] il avait été nourri, tout enfant, au lait de chèvre, ce qui ne l'empêcha pas, bien qu'on dise ce lait trop fort pour les “pitchounets”, de dépasser les quatre-vingts ans » (Chr. Signol, Antonin Laforgue, paysan du Causse, 1981, 11) ; « Lorsque j'étais pitchounette, pépé Émile me donnait la main et tous deux nous grimpions par la rue de l'Oratoire jusqu'à la colline, tout près des ruines du château » (M. Fillol, Petites Chroniques des cigales, 1998, 109) ; « Elle était encore pitchounette. Elle devait tout juste avoir quinze ans, peut-être seize mais pas plus » (W. Reymond, Rouge lavande, 1999, 70) ; « À Coubon [Haute-Loire], la crèche parentale a pour enseigne “Les pitchounets” » (QuesnelPuy 2000). – Comme terme d'adresse. « – Hein ! il [du parmesan] est fameux, pitchounet ! tu sens le vrai goût de la noisette » (A. Lunel, Les Amandes d'Aix, 1949, 19) ; « – Mange, pitchounette, mange que* tu as encore bien de la route jusqu'à Maironnes » (G. J. Arnaud, Les Moulins à nuages, 1988, 179) ; v. encore s.v. mener, ex. 2.
2. Adj. "de faibles dimensions". « – Si c'est un saucisson, dit-elle, il est pitchounet » (P. Cauvin, Rue des Bons-Enfants, 1990, 361) ; « […] le pitchounet salon [de coiffure] où des casques de métal laissent pendre des fils terminés par d'énormes bigoudis chauffés » (M. Fillol, Les Cigales chantent encore, 1999, 157) ; « Ça a l'air un peu pitchounet » (MoreuxRToulouse 2000 « d'usage général »). – Emprunt au pr. de même forme et de même sens (dep. AchardMars), attesté dep. 1879 au sens 1 (Cladel, Frantext)a et dep. 1926 au sens 2 (sous la var. pichounet)b ; BrunMars 1931 (1) ; FréchetMartVelay 1993 « globalement bien connu » (1) ; FréchetAnnonay 1995 (1) ; FréchetDrôme 1997 (1) ; ArmKasMars 1998 (1) ; QuesnelPuy 2000 (1) ; NPR 2000 (1) « affectueux » ; FEW 8, 610a, pitš‑.
a Aj. « C'est dans Marseille la jolie Que j'aime une fille aux doux yeux […]. C'est ma Miette, Ma Pitchounette, Ma Pitchounette à l'œil moqueur […] » (Villemer, « Ma Pitchounette », dans Almanach de la jeune chanson française, 1883 [= 1882], 36 ; comm. de P. Enckell).
b « L'abbé lui demande s'il avait déjà pris les oiselons. / – Ah ! pas plus ! Ils sont trop pichounets. J'espère une semaine » (É. Ramond, Marius & Cie, Paris, Baudinière, 1926, 54).
◆◆ commentaire. Mot affectif, attesté dep. 1848 en référence au français de Bordeaux (« […] j'étais simple commis chez un banquier de Bordeaux. Un jour, un riche armateur dont j'avais la confiance vint me trouver et me tint à peu près ce langage : “Pitchoun”… ça veut dire petit, je vais me marier […] » Labiche, Un jeune homme pressé, sc. 4, cf. TLF), qui se présente sous deux formes héritées de l'occ. pitchoun "petit" (lui-même d'un radical d'origine expressive pitš-, exprimant la petitesse, FEW) suivant sa zone : pitchou en Languedoc et pitchoun en Provence, d'où le mot a migré vers le nord sous la forme pitchoune f.). Si pitchou(n) et pitchounet sont connus et parfois utilisés en dehors de leurs aires d'élection (Barbusse 1916, A. Ernaux 1981, Frantext ; cédérom Le Monde, par ex. « À Saint-Paul-les-Dax [Landes], deux éducatrices créent Les Pitchouns, une halte-garderie aux horaires souples », 30 mai 1990, 16), ils conservent un fort ancrage dans le Sud-Est et le Languedoc. Les dictionnaires généraux (sauf NPR 1993-2000) enregistrent pitchoun, assorti à juste titre d'une marque diatopique : GLLF « dialect. » ; TLF « région. (Provence), fam. » ; Rob 1985 « régional (Midi de la France) » ; Lar 2000 « région. (Midi) ».
◇◇ bibliographie. (pitchou) NouvelAveyr 1978 ; KellerRussoBéarn 1985 ; CouCévennes 1992 ; MoreuxRToulouse 2000 « malgré la notoriété nationale de la forme provençale pitchoun. […] d'usage général ». (pitchoun) BrunMars 1931 pitchoun ; RLiR 42 (1978), 180 (Provence) pitchoun adj. et n. ; GermiLucciGap 1985 pitchoun m. ; BouvierMars 1986 s.v. pitchot ; MartelProv 1988 pitchoun, ‑oune ; BlanchetProv 1991 id. ; FréchetMartVelay 1993 pitchoune f. « globalement bien connu » ; FréchetAnnonay 1995 pitchoune f. « globalement bien connu » ; FréchetDrôme 1997 pitchoune f. « bien connu » ; ArmKasMars 1998 pitchoun m. ; RoubaudMars 1998, 57 pitchoun m. ; BouisMars 1999 pitchoun m. s.v. pichot ; QuesnelPuy 2000 pitchoune f. ; FEW 8, 609b-610a, pitš‑.
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96 : Ø.