amarrer v. tr.
〈Côtes de Normandie, de Bretagne et de Vendée〉 usuel "attacher, lier, nouer, lacer". Amarre ce colis sur ton vélo (RLiR 42, 156) ; amarre ta ceinture (BrasseurNantes 1993).
1. On a vu la Valentine qui s’en revenait de Nantes t’à l’heure avec un paquet bien amarré avec des faveurs ! (H. Bouyer, Le Populaire de l’Ouest, 13 janvier 1951, dans BrasseurNantes 1993.)
2. En partant, elle avait dit […] : « Espère*-moi un coup. Je vas diqu’ [= jusqu’]aux taureaux pour les amarrer en bordure du trèfle. » (A. de Tourville, Les Gens de par ici, 1952, 93.)
— amarrer qqc. après qqc. "attacher à".
3. On amarrait des vieux pots après une corde entre deux piquets, et y avait un gars avec un mouchoir sur les yeux, qu’essayait
de les casser. (H. Bouyer, L’Éclair, 10 avril 1967, dans BrasseurNantes 1993.)
□ En emploi métalinguistique.
4. « Ici [à l’Île d’Yeu], on naît avec les rames à la main, répètent souvent les marins.
On ne ramasse pas les champignons, on les pêche. On n’attache pas ses lacets de chaussures,
on les amarre. On ne meurt pas, on appareille… » (Reportage sur l’Île d’Yeu, dans les Dernières Nouvelles d’Alsace, 9 juin 1998, TE 6.)
— Au part. passé/adj.
5. Malgré ses ruades, les jambes de Jules Guernec furent vite ligotées, puis ses bras
[…] / […]. Essayant de se retourner sur sa couche, Guernec vociféra :
– N’allez pas me laisser amarré comme ça… Je me plaindrai. (R. Madec, L’Abbé Garrec contre Carabassen, 1957, 159 et 162.) 6. […] ils me ligotent. / Je suis lié. Je ne peux plus rien. Mes bras. Mes jambes. Je
suis amarré, couché par terre […], tout lié comme un saucisson. (R. Madec, L’Abbé Garrec, passager des premières, 1957, 96.)
◆◆ commentaire. Transfert du vocabulaire maritime, attesté dep. 1687 (« Que vous estes aise de parler marine ! Il faut bien s’y accoutumer : je dis à mon
valet de chambre, amarrez mon colet » Abbé de Choisy, Journal du voyage de Siam [l’auteur s’est embarqué à Brest quelques jours auparavant], Frantext) et en 1690 à La Réunion (ChaudRéun 1974) ; 1883 (Loti, « cheval amarré à l’écurie », Frantext). En usage aujourd’hui principalement le long des côtes bretonnes – il s’est répandu des côtes de l’Atlantique au Québec (où il est attesté dep. 1756a ; GPFC 1930) et surtout en Acadie (PoirierAcadG ; MassignonAcad 1962 ; CormierAcad
1999 ; NaudMadeleine 1999), en Louisiane (DitchyLouisiane 1932 ; ReadLouisiana 1963 ;
DaigleCajun 1984) et à Saint-Pierre-et-Miquelon (BrassChauvSPM 1990) –, cet emploi se distingue de celui du français de référence par une variété beaucoup
plus grande des compléments d’objet admis.
a « longes pour amarer les betes » Archives du Séminaire de Québec (FichierTLFQ).
◇◇ bibliographie. RLiR 42 (1978), 156 (Bretagne celtique) ; BrasseurNantes 1993 ; SchortzSenneville
1998 ; FEW 15/1, 2b, aenmarren.
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96. Taux de reconnaissance : Côtes-d’Armor, Finistère, Morbihan, 100 %.
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