banque n. f.
1. 〈Allier, Côte-d’Or, Jura, Haute-Savoie, Savoie, Ain, Rhône, Loire (sud), Isère (Villeneuve-de-Marc),
Drôme, Hautes-Alpes, Provence, Gard, Hérault, Ardèche (nord), Haute-Loire (Velay)〉 vieillissant "comptoir de vente d’un établissement de commerce".
1. Il cueillit au hasard une pilule dans une boîte qui traînait sur la banque [de la pharmacie], l’avala machinalement […]. (M.-É. Grancher, La Famille Thuyoo de Poël, 1961 [1953], 75.)
2. Comme enseigne, sur le magasin, il y avait : Alimentation du croissant. Et le dessus des banques c’était tout du marbre, et les rayons à l’intérieur étaient tous fermés avec des
vitrages. ([L. Fénix], Histoire passionnante de la vie d’un petit ramoneur savoyard, 1978 [av. 1958], 182.)
3. Savez-vous que ça me rappelle le temps où vous teniez la boulangerie, et où je venais
chercher le pain chez vous ?
Le père hocha la tête. – Tu n’étais guère plus haut que la banque. (B. Clavel, Celui qui voulait voir la mer, 1988 [1963], 319.) 4. Le patron était au bureau, occupé, crayon en main, à faire l’addition qu’une serveuse
attendait […].
– « Monsieur de Chantesprit » dit Laviolette. Le patron sursauta à l’abri de sa banque. (P. Magnan, Le Tombeau d’Hélios, 1985 [1980], 147.) 5. L’épicerie était de moins en moins achalandée […]. On ne grillait plus le café et
le gros moulin à volant, fixé sur la banque, était réduit au chômage. (M. Thimon, Un village comme tant d’autres ! le mien !, 1989, 87.)
6. La banque de service de la petite échoppe était encombrée maintenant d’une bonne vingtaine
de sujets [des santons], tous aussi jolis les uns que les autres. La bonne dame découpa
des rectangles de papier de soie, comme on en trouve encore dans les boîtes de chaussures,
et enveloppa avec minutie un à un mes petits personnages […]. (G. Ginoux, Dernier Labour au Mas des Pialons, 1994, 197.)
7. On y va, on y entre [à l’hôtel]. Mon père […] s’avance vers la banque. Il y a derrière, un vieux, café au lait, au crâne chauve comme un genou. (Y. Rouquette,
La Mallette, 1994, 98.)
8. […] Bouboule brandit un énorme 44 Magnum sous le nez du préposé à la caisse [un noir,
nommé Barnabé].
– La monnaie, Blanche-Neige ! Je veux tout. […] Barnabé a disparu sous la banque […]. (Ph. Carrese, Graine de courge, 1998, 20-21.) 9. Il fallut sous la banque, élargir le tiroir-caisse. Les samedis et les dimanches, il n’y suffisait plus. / La
réputation de l’Albert pour les bannettes et les viennoiseries avait franchi les portes
de la ville. (P. Magnan, Un grison d’Arcadie, 1999, 94.)
V. encore s.v. plier, ex. 13.
— En alternance avec comptoir.
10. […] elle revint dans la boutique et chercha une place où cacher son manche de pioche
tout en le gardant à portée de la main. Finalement, elle le glissa sous le comptoir,
accessible aussi bien quand elle était derrière la banque que lorsqu’elle était adossée devant : il lui suffisait alors de passer le bras par-dessus.
(J.-P. Chabrol, La Banquise, 1999 [1998], 56.)
□ Avec un commentaire métalinguistique incident.
11. […] le tiroir de la « banque », du comptoir sur lequel trônait une grande balance de cuivre dont les plateaux brillaient
comme des soleils. (Th. Bresson, Le Vent feuillaret. Une enfance ardéchoise, 1980, 176.)
■ remarques. Le mot semble être plus connu des personnes âgées que des jeunes, sans doute en raison
des mutations du commerce moderne qui, souvent, ont fait disparaître le référent ;
cf. DSR 1997 « tend à vieillir ».
2. 〈Lyon〉 banque réfrigérée loc. nom. f. "meuble vitré réfrigéré qui, dans les boulangeries, pâtisseries, boucheries et charcuteries,
contient les aliments en vente".
◆◆ commentaire. Attesté dep. 1376 à Paris, banque "comptoir de magasin" (DDL 2, 33)a, emploi féminin de banc, de même sens (v. FEW), 1. est aujourd’hui un archaïsme, replié vers des aires où ce type est solidement implanté
depuis longtemps (dep. 1253 à Marseille en lat. médiéval, banca ; v. FEW), et qui correspondent principalement au domaine francoprovençal (attesté
en francoprovençal dep. le 14e s., FEW) avec prolongements au sud jusqu’en Provence et dans le Languedoc oriental.
Absent de Littré, considéré comme « vieilli » par DG et « vieux » par Lar 1898-1928, il est de nos jours enregistré dans GLLF (« dialectal »), absent de Rob 1985, et mal pris en compte par TLF qui le donne sans marque mais
avec un exemple de Fr. Ponge (1942), né à Marseilleb. 2. est une innovation du français de Lyon, absente de la lexicographie générale et régionale
(comm. de J. Serme).
a L’auteur de la notice des DDL a mal interprété la note de Fagniez, un peu trop elliptique
il est vrai : celui-ci renvoie d’une part à Viollet-le-Duc (qui ne mentionne dans
son dictionnaire, s.v. boutique, aucun texte ancien) et, d’autre part, cite de première main ce texte de 1376, dont
la référence est à lire [Reg. du Parlement] Xic 33. La mention de Viollet-le-Duc comme source de cette dernière référence est donc
à biffer des DDL (et du TLF).
b On notera ici les emplois particuliers, absents des dictionnaires généraux contemporains :
i) banque (de prêt) "bureau du prêt où l’on retire et restitue les ouvrages, dans une salle de bibliothèque". Usage observé, par exemple, à la Bibliothèque nationale de France, dans les bibliothèques
de Clermont-Ferrand, de Lyon (« la banque de prêt, les catalogues, le fichier matière [sic au sing.] avec ses tiroirs mal ajustés […] » (Ph. Videlier, « La bibliothèque qui ne verra pas l’an 2000 », dans Le Monde, 22 juin 1999, 14 [article sur l’incendie de la Bibliothèque interuniversitaire de
Lyon, 11-12 juin 1999]), de Strasbourg (« Université Marc-Bloch / Bibliothèque du Portique […] / Attention, la banque de prêt ferme une heure avant la fermeture de la bibliothèque » Affichette, décembre 1999). ii) "bureau d’accueil du public dans un commissariat de police". « […] la banque [au commissariat] derrière laquelle se trouvait le planton de service » (H. Pagan, Vaines recherches, Paris, Rivages, 1999 [1984], 148).
◇◇ bibliographie. PuitspeluLyon 1894 ; GuilleLouhans 1894-1902 ; Mâcon 1903-1926 ; VachetLyon 1907 ;
BrunMars 1931 ; MiègeLyon 1937 ; JamotChaponost 1975, 59 ; DelortStClaude [ca 1977] « dans les magasins ancien style » ; TuaillonRézRégion 1983 ; DuraffHJura 1986 ; GuichSavoy 1986 ; MartinPilat 1989 ;
TavBourg 1991 ; CampsLanguedOr 1991 ; VurpasMichelBeauj 1992 ; BlancVilleneuveM 1993 ;
FréchetMartVelay 1993 ; VurpasLyonnais 1993 ; FréchetAnnonay 1995 ; LaloyIsère 1995 ;
SalmonLyon 1995 ; DSR 1997 (avec bibliographie) ; FréchetDrôme 1997 ; FréchetMartAin
1998 ; FEW 15/1, 60a, *bank-.
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96. Taux de reconnaissance : Var, 80 % ; Hautes-Alpes et région lyonnaise, 75 % ; Alpes-de-Haute-Provence,
65 % ; Bouches-du-Rhône, 60 % ; Haute-Savoie, Savoie, Vaucluse, 50 % ; Alpes-Maritimes,
40 %.
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