bove n. f.
〈Nord, Pas-de-Calais, Aisne〉 "excavation, grotte, galerie creusée le plus souvent dans le sous-sol calcaire".
□ Avec ou dans un commentaire métalinguistique incident.
1. À nos pieds, l’Aisne enroule et déroule ses anneaux, paisiblement […]. Du plateau
de Beauregard, on distingue aussi, au septentrion, une longue crête grise. Luco l’examine
de ses jumelles, nous la décrit scientifiquement : « Je la connais, je l’ai vue de près en septembre 1914. Il s’agit d’une sorte de rempart
de calcaire construit par la nature […]. Creusé de grottes plus ou moins profondes,
d’anciennes carrières, certaines traversent de part en part, les paysans y logeaient
leurs moutons, on les appelle ici, suivant leur capacité, des creutes, des boves, des bovettes* […]. » (J. Anglade, Le Tour du doigt, 1977, 130.)
2. « Au début de la guerre, il n’y avait pas d’abris. Dans la région du Nord, les caves
possèdent des “boves”. Ce sont des niches creusées dans les murs de fondation des caves. On y stocke la
récolte de pommes de terre pour l’hiver. » (G. Guidez, Femmes dans la guerre 1939-1945, 1989, 36.)
3. Arras est entièrement truffé de souterrains que l’on appelle les « boves » et que l’on visite à partir de l’Hôtel de Ville. Ces passages voûtés, ces galeries
creusées dans le calcaire descendent jusqu’à une vingtaine de mètres. D’une température
constante de 11°, les « boves » servirent autrefois d’entrepôts et de caves. (Rustica, n° 1020, 12 juillet 1989, 41.)
■ remarques. Le dérivé bovette (v. ci-dessus, ex. 2) ou bowette n. f. est surtout un terme technique du vocabulaire des mines du Nord "galerie de mine au rocher" (Rob). « Les bowettes, grandes galeries creusées à même le roc, servaient de voies de roulage » (A. Lebon, Martin du Tiss, mineur en 1900, 1979, 122) ; « […] creusement d’une bowette […], qui devait relier la fosse 8 à la fosse 10 » (A. Viseux, Mineur de fond, 1991, 211). – Attesté dep. 1875 à Château-Thierry (Aisne) "caverne servant d’étable", le terme est absent de GLLF et de TLF ; CrouvChampagne 1975 "caverne" ; Rob 1985 « techn. et régional » ; FEW 1, 473a, *bova.
◆◆ commentaire. Mot d’origine incertaine, formant une aire compacte dans le nord de la France et la
Belgique (notamment Hainaut) et caractéristique depuis toujours du français de la
région, d’abord de la scripta médiévale picarde (dep. 13e s., v. T. Matsumura RLiR 62, 134), puis, après le remplacement de celle-ci, de la
modalité régionale moderne et contemporaine. L’utilisation des boves comme étables (v. ici ex. 1) est relevée dep. 1875 à Château-Thierry (FEW). Le mot
est absent des dictionnaires généraux contemporains et n’est pas davantage pris en
compte par les relevés régionaux de la fin du 20e siècle.
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96 : Ø.
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