bras de Vénus loc. nom. m.
〈Surtout Gard, Hérault, Aude, Pyrénées-Orientales, Aveyron〉 "gâteau fait d’une génoise, masquée de crème (au citron ou au chocolat) ou de confiture
et enroulée, qui se coupe en tranches". Les bras de Vénus de Castelnaudary (N. Lyon, Le Tour de France des spécialités régionales, 1985, 197). On mange le “bras de Vénus” dimanche (M. Rouanet, Nous les filles, 1990, 179).
1. – J’ai de la farine, des œufs, je ferai un bon gâteau. Tiens, un bras de Vénus avec de la crème au chocolat. (G. J. Arnaud, Les Moulins à nuages, 1988, 381.)
2. L’épouse de Paulin qui cultivait bien les géraniums et faisait dodus les « bras de Vénus » […]. (R. Chabaud, Un si petit village, 1990, 20.)
3. La prodigalité dépassait rarement le petit-beurre et le café, ou l’infusion. On craignait
de forcer l’autre à trop de dérangement si on allait jusqu’à la tarte aux pommes ou
au « bras de Vénus » qu’on appelait d’ailleurs un « roulé ». (R. Chabaud, Un si petit village, 1990, 140.)
4. Notre dessert est constitué de beignets de toutes sortes qui relèvent de la spécialité
de La Mara, ou de gâteaux plus modernistes dont se charge Tante Marcelle, crème caramélisée
dite Malakoff, bras de Vénus (qu’on appelle en catalan bras-de-Gitano, sans doute parce que la croûte doit en
être brune) ou gâteaux de Savoie. (A. Conte, Au village de mon enfance, 1994, 40.)
5. Lorsque nous allions en Bretagne, nous avions une condescendance apitoyée pour l’andouille
de Guéméné, d’un diamètre un peu supérieur [à l’andouille de Vire] et faite d’enroulements
qui me rappelaient le calamiteux « bras de Vénus » à la confiture que ma sœur confectionnait dans le cadre de ses devoirs d’arts ménagers.
(J.-L. Maunoury, Cènes de famille, 1999, 54.)
6. Parmi les pâtisseries familiales revenaient souvent, les jours de fête, « le bras de Vénus » et les îles flottantes. (J.-Cl. Carrière, Le Vin bourru, 2000, 149.)
□ Dans un commentaire métalinguistique incident.
7. […] la roulade au citron, appelée plus poétiquement « bras-de-Vénus » dans certaines régions de France. (Le Monde temps libre, 23 octobre 1993, 31.)
8. Elle [la mère] ne put jamais dépasser le stade de la génoise, du gâteau roulé à la
confiture, dit « bras de Vénus » […]. (J.-Cl. Maunoury, Cènes de famille, 1999, 18.)
— Par ellipse.
9. Une tarte aux noix, quelques choux à la crème ou un « bras » fourré […]. (R. Béteille, Souvenirs d’un enfant du Rouergue, 1984, 60.)
■ synonymes. 〈Pyrénées-Orientales〉 bras de gitan loc. nom. m. « Bras de Vénus / […] Cette spécialité de Narbonne et de Carcassonne prend en Roussillon
le nom de bras de Gitan » (L’Encyclopédie de la cuisine régionale. La Cuisine du languedoc, 1980, 134) ; « Gâteau roulé ou bras de gitan / […] C’est une pâtisserie très populaire confectionnée à la maison dans la majorité
des cas » (L’Inventaire du patrimoine culinaire de la France. Languedoc-Roussillon, 1998, 377). – Calque de cat. braç de gitano (AlcM), esp. brazo de gitano ; CampsRoussillon 1991.
■ encyclopédie. Recettes de « Bras de Vénus » dans Les Bonnes Recettes « Alsa », Nancy, éd. de la Levure alsacienne « alsa », t. 1, Pâtisseries, 1947, 80, et dans A. Bonnaure, La Cuisine rustique. Languedoc, 1971, 227.
◆◆ commentaire. Innovation quelque peu recherchée (probablement à partir et pour se démarquer de cat.
braç de gitano et esp. brazo de gitano), attestée dep. 1929 (« le Bras de Venus [sic] de Narbonne », Prosper Montagné, Le Festin occitan, rééd. Atelier du gué, 1980, 23) ; 1933 (« Bras de Vénus (Carcassonne) » Curnonsky et Croze, Le Trésor gastronomique de France, 241)a. L’ex. 3 fournit un témoignage intéressant sur la pénétration tardive de la lexie
dans le français du Gard ; seule une enquête d’ensemble permettrait de mesurer son
usage réel actuel, qui est en tout cas notoire dans le Languedoc oriental.
a Datations aimablement communiquées par M. et Ph. Hyman.
◇◇ bibliographie. CampsRoussillon 1991 dans la métalangue s.v. bras de gitan ; aj. à FEW 1, 489b, brachium.
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96 : Ø.
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