cagnas [kaɲas] n. m.
〈Aveyron, Lot-et-Garonne, Gers, Hautes-Pyrénées, Pyrénées-Atlantiques, Pyrénées-Orientales,
Ariège (St-Girons), Landes, Gironde〉 usuel, péj. "gros chien, plus ou moins laid ; mauvais chien". Il fait peur à mon petit ton cagnas (NouvelAveyr 1978). Les cagnas c’est fait pour mordre (SuireBordeaux 1988). Avec ce cagnas dans l’appartement, ils ne doivent pas pouvoir se remuer (CampsRoussillon 1991).
1. Il avait deux chiens à l’arrière de sa camionnette, deux grands cagnasses qui gueulaient, les pattes accrochées au grillage qui les empêchait de sauter sur
les sièges, ils avaient l’air de prisonniers. (Chr. de Rivoyre, Crépuscule, taille unique, 1989, p. 249.)
2. Il sentit un poids énorme sur son dos et ses jambes, l’empêchant de faire le moindre
geste […]. Il sentit […] le souffle d’un chien. Il reconnut l’odeur caractéristique
du tabac gris. C’était Peyré et Duclos, son horrible cagnasse [en note : nom péjoratif d’un chien], tous les deux assis sur son dos au milieu de la cour
de la ferme. (Fr. Pons, Les Troupeaux du diable, 1999, 298.)
■ graphie et prononciation. Dans les exemples ci-dessus, la graphie veut indiquer la prononciation [kaɲas].
■ remarques. Parfois cagnasse n. f. péj. "chienne". Cette cagnasse coureuse (M. Albertini, Les Merdicoles, 1998, 85).
◆◆ commentaire. Transfert d’occ. canhas (dep. le 15e s. à Toulouse, notamment comme terme de mépris, Lv ; dér. sur occ. canh "chien", avec le suffixe péj. ‑as, v. Ronjat, § 678), qui a fait une apparition fugitive dans la lexicographie du français
(Cotgr 1611 cagnasse f., dont la source est peut-être ici le Tesoro de las tres lenguas […] Thresor des trois langues, françoise, italiene, et
espagnolle, de Hierosme Victor, Genève, [Albert et Pernet], 1609 : « Perrázo, vn grand chien, une cagnasse, vno gran cane, o vno cagnazzo », comm. de P. Enckell). Ce type lexical est toujours attesté dans divers parlers d’oc
(ALP 905, côte des Alpes-Maritimes et Var ; ALLOr 576*, dans quelques points dans
l’ouest de l’Hérault, le sud de l’Aude, le sud-ouest de l’Aveyron ; ALMC 558*, Aveyron ;
Roussillon, canyàs dans Botet) et le transfert dans le français des régions considérées est probablement
récent. Le mot n’est pas pris en compte en ce sens par la lexicographie générale contemporaine.
◇◇ bibliographie. NouvelAveyr 1978 ; GonthiéBordeaux 1979 ; DuclouxBordeaux 1980 ; SuireBordeaux 1988
et 2000 ; BoisgontierAquit 1991 ; BoisgontierMidiPyr 1992 s.v. ‑as ; FEW 2, 183b, *cania.
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96. Taux de reconnaissance : Gers, Gironde, Landes, Lot-et-Garonne, Pyrénées-Atlantiques,
Hautes-Pyrénées, 100 % ; Pyrénées-Orientales, 90 % ; relevé aussi à St-Girons (Ariège),
témoin né en 1934.
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