cagne n. f.
I. 〈Rhône (spor.), Loire (Pilat), Drôme, Gard, Hérault, Ariège, Haute-Garonne, Tarn, Tarn-et-Garonne,
Lot, Aveyron, Lot-et-Garonne, Gers, Hautes-Pyrénées, Pyrénées-Atlantiques, Landes,
Gironde〉 fam. "grande paresse". Stand. fam. flemme. Synon. région. cagagne*. – Je tiens une de ces cagnes aujourd’hui ! (CovèsSète 1995). Il te tire une de ces cagnes, celui-là, jamais un pas à pied, toujours en voiture (FréchetDrôme 1997). Ce temps me fout la cagne (MoreuxRToulouse 2000).
— Surtout dans avoir la cagne loc. verb. "être paresseux, indolent". Stand. fam. avoir la flemme. – Il ne fait rien, il a trop la cagne pour travailler (MartinPilat 1989).
1. Les ménagères courageuses disaient de ces femmes qu’elles avaient « la cagne » et que l’argent « leur filait par les doigts ». (M. Rouanet, Nous les filles, 1990, 123.)
● avoir la cagne de + prop. à l’inf. "ne pas avoir le courage de". Stand. fam. avoir la flemme de.
2. Nous parlions de l’épicier du quartier qui était un voleur […], de Mme Denis panier
percé qui avait la « cagne » d’aller au marché et faisait toutes ses courses à l’épicerie […]. (M. Rouanet, Nous les filles, 1990, 171.)
II. 〈Isère (La Mure)〉 fam. avoir la cagne loc. verb. "avoir le cafard, bouder". Non, il a pas envie de sortir, il a la cagne (DucMure 1990).
◆◆ commentaire.
I. Type lexical d’abord attesté en frpr. (bressan cagny, dep. le 17e s., v. FEW), pr. (« as la caigno, tu es mou », AchardMars 1785) et en français de Lyon dep. ca 1800 (« Cagne, parmi le peuple de Lyon, signifie la paresse, le désœuvrement. On dit il a la cagne » AnonymeHippolyteF s.v. cagnar), qui a pénétré l’argot parisien dans le courant du 19e s. (Rigaud 1881) et le français populaire de nombreuses régions où il est relevé
fin 19e s. et déb. 20e s. (Le Havre, Mâcon, Charente-Maritime, Doubs, Savoie, Lyon ; aussi en Suisse romande,
v. Pierreh), ce qui lui a valu d’entrer dans Lar 1899. Absent de GLLF, de TLF et des
dictionnaires d’argot de la fin du 20e s. (Ø EsnaultArg 1965, CellardRey 1980-1991, ColinArgot 1990 et CaradecArgot 1977-1998),
marqué de manière trop restrictive dans Rob 1985 (« régional (Provence) »), cagne semble s’être replié sur son aire de départ, où il ne subsiste que de manière sporadique.
Le terme est peut-être un dérivé régressif sur cagnard (au sens I) ou à mettre en rapport avec cagne "chienne (avec connotation de paresse)".
II. Correspond à pr. ave la cagno "être de mauvaise humeur" (Avril 1839-40 ; cf. « fâirë la câgno, faire la mine, dédaigner » Sauvages 1785) ; DucMure 1990.
◇◇ bibliographie. (I) AnonymeHippolyteF ca 1800 ; PuitspeluLyon 1894 ; ConstDésSav 1902 ; Mâcon 1903-1926 ; MazeHavre 1903 ;
VachetLyon 1907 ; BoillotGrCombe 1929 ; MussetAunSaint 1931 ; SéguyToulouse 1950,
§ 169 ; GonthiéBordeaux 1979 ; DuclouxBordeaux 1980 ; AchardLanguedoc 1983 ; TuaillonRézRégion
1983 ; SuireBordeaux 1988 ; MartinPilat 1989 « connu à partir de 40 ans, en déclin au-dessous » ; BoisgontierAquit 1991 ; CampsLanguedOr 1991 ; LangloisSète 1991 ; SuireBordeaux
1991, 13 ; ChaumardMontcaret 1992 ; VurpasLyonnais 1993 « peu attesté » ; FauconHérault 1994 ; CovèsSète 1995 ; SalmonLyon 1995 ; MazodierAlès 1996 ; FréchetDrôme
1997 « bien connu à Anneyron, globalement peu attesté ailleurs » ; MoreuxRToulouse 2000 ; FEW 2, 186a, *cania.
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96. Taux de reconnaissance : Ariège, Aveyron, Haute-Garonne, Gers, Landes, Lot, Pyrénées-Atlantiques,
Hautes-Pyrénées, Tarn, Tarn-et-Garonne, 100 % ; Gironde, 80 % ; Lot-et-Garonne, 40 %.
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