chambre n. f.
habitat rural traditionnel. Dans des loc. nom. f.
1. 〈Franche-Comté〉 peu usuel chambre dessus ou chambre du dessus "chambre à l’étage".
1. Il n’y avait pas de plafond [dans les fermes du nord de la Haute-Saône], mais de grosses
poutres, en chêne, grossièrement équarries, qui supportaient le plancher des chambres « du-dessus » et du grenier. (M. Marguerite, « Les maisons paysannes de la Franche-Comté », dans La Tradition franc-comtoise, t. 1, 1979, 107.)
2. La Félicie. Milo, il te faut aller me chercher de la farine à la chambre dessus, c’est trop pesant pour moi […]. (P. Jeune, « La Félicie cause au Milo », dans Barbizier. Bulletin de liaison de folklore comtois, n. s., n° 19, 1992, 279.)
2. 〈Allier, Franche-Comté〉 plus usuel chambre en haut ou chambre haute "id.".
— chambre en haut
3. Comme les maisons de vignerons, celles des cultivateurs n’ont que deux pièces. Très
rares sont celles qui ont une chambr’ en haut, le dessus des chambres était, le plus souvent, le grenier à foin. (R. Bichet, Un village comtois au début du siècle, 1979, 16.)
4. Au-dessus de la cuisine […] existe parfois [dans les Vosges saônoises] une chambre en haut qui prend jour au sud, comme les autres pièces […]. C’est là que couchera le valet
de ferme (ils étaient fort nombreux à cette époque) au milieu des grands coffres en
bois qui mettent le grain à l’abri des rongeurs. (J.-Chr. Demard, Traditions et Mystères d’un terroir comtois au xixe siècle. Les Vosges méridionales, 1981, 51.)
5. La chambre « en haut » servait de chambre à coucher et parfois… de chambre à graines. (J.-L. Clade, La Vie des paysans franc-comtois dans les années 50, 1988, 17.)
6. Au-dessus de la cuisine et des chambres il y a une chambre en haut actuellement inoccupée. (J. Garneret, Vie et Mort du paysan, 1993, 137.)
— 〈Champagne, Lorraine, Franche-Comté〉 chambre haute
7. Quand le jeune ménage de mes parents eut besoin d’un logis dans le village surpeuplé,
elle [la tante] céda les pièces d’en bas et on lui fit dans le grenier une chambr’ haut de sapin qui me paraissait le plus magnifique des palais […]. (J. Cressot, Le Pain au lièvre, 1977 [1943], 276.)
8. […] la chambre haute […] où couchaient les grands enfants et où l’on stockait parfois les pommes. (L. Renoux,
Du haut de Saucy. Une campagne comtoise de l’an mil à nos jours, 1987, 157.)
9. À l’étage, des chambres hautes, auxquelles on parvenait par un escalier, étaient affectées aux enfants. (J. Boichard,
Quand le village marchait en sabots, 1989, 75.)
■ prononciation. La graphie de l’ex. 7 indique la prononciation fréquente [ʃɑ̃bʁot].
◆◆ commentaire. 1. À rapprocher de fr. dessus "étage supérieur d’une maison" (dep. Ac 1694), ces locutions sont sporadiquement enregistrées dans les relevés régionaux
(ColinParlComt 1992 chambre-dessus ; DromardDoubs 1997 chambre dessus). Il s’agit d’un figement de contextes anciens dont le GPSR donne des exemples pour
la Suisse romande : 1494 « le poille et la chambre dessus » ; 1651 « des degrés pour aller aux chambres dessus ». – GPSR 3, 281a et 5, 500b ; aj. à FEW 12, 464a, sursum. 2. Absentes en ce sens des dictionnaires généraux des 19e et 20e siècles, ces locutions sont enregistrées dans les glossaires régionaux contemporains :
BoillotGrCombe 1929, 50 et 135 ; BrunetFranchesse 1937 et BrunetFrBourbonn 1964 chambre-haute ; DuraffHJura 1986 chambre-en-haut « très usuel » ; DromardDoubs 1991 chambre haute et 1997 chambre en-haut ; ColinParlComt 1992 chambr’en haut, chambre haute (avec cit. de Pergaud, 1914) ; DuchetSFrComt 1993 chambrenhaut [sic pour la vedette, mais chambre en haut dans un ex. de 1952] ; TamineChampagne 1993 (avec une citation de Cressot, ici ex. 7) ;
RobezMorez 1995 chambre haute, définissant chambrante. Leur aire actuelle comprend, outre la Franche-Comté, la Suisse romande (1771 « une chambre en haut », v. Pierreh ; GPSR 3, 281 ; 1786 « chambre haute », v. DSR 1997) ; mais le français de Bourgogne, où chambre haute est attesté à Ozenay [Saône-et-Loire] en 1738 (BrunetFrBourbonn 1964) et à Pomard
[Côte-d’Or] en 1849 (DialBourg 2, 1979, 193), ne semble pas en conserver l’usage.
La présence de chambre haute au Québec aux 17e et 18e siècles indique un archaïsme (dep. 1669 chez le notaire Vachon, FichierTLFQ) ; aj.
à FEW 2, 131b, camera.
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96 : Franche-Comté, 85 %.
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