cigogner, cigougner v. tr.
1. cigogner 〈Ain, Rhône, Loire, Isère (spor.), Ardèche (Privas)〉 fam. vieillissant "secouer, agiter dans un mouvement de va-et-vient ; cisailler". Elle le cigognait comme un poirier (MédélicePrivas 1981). Il a tellement cigogné cette porte que la serrure a lâché (VurpasLyonnais 1993). Arrête de cigogner cet arbre (FréchetMartAin 1998).
— Au fig. "tracasser, tourmenter, tarauder". Synon. région. bouliguer*.
1. – […] la nostalgie du pays me cigogne […] l’âme. (San-Antonio, La Fête des paires, 1986, 198.)
2. cigougner 〈Gard, Dordogne, Lot-et-Garonne, Gers, Hautes-Pyrénées, Pyrénées-Atlantiques, Landes,
Gironde〉 fam. "id.".
— Au fig. Je n’en peux plus, il me cigougne toute la journée ! (CouCévennes 1992).
◆◆ commentaire. Sous diverses variantes, ce type lexical (dérivé sur fr. cigogne "engin pour tirer l’eau du puits" av. 1105, v. FEW) est largement représenté dans une grande aire dialectale : Loire-Atlantique
(Mée cigoigner "tourner une manivelle, travailler péniblement"), Saintonge (dep. 1724 DuguetPons sigougner "mal couper, déchiqueter"), Bourgogne (GuilleLouhans), Limousin (dep. le 18e s. dans la région de Limoges, v. FEW), Doubs (Grand’Combe), Suisse romande (FEW),
Hérault, Tarn, Tarn-et-Garonne (FEW) ; v. encore DHFQ 1998 zigonner. À l’intérieur de cet ensemble, le mot a été sélectionné en français de France de
manière indépendante, (i) dans la zone d’influence immédiate de Lyon (dep. ca 1750, Du Pineau) avec une propagation méridionale (Privas, Alès), (ii) dans le Sud-Ouest sous une forme marquée d’un occitanisme phonique.
◇◇ bibliographie. (1.) DuPineauV ca 1750 ; PuitspeluLyon 1894 ; GuilleLouhans 1894-1902 ; Mâcon 1903-1926 ; VachetLyon
1907 sigogner ; ParizotJarez [1930-40] ; MiègeLyon 1937 ; BaronRiveGier 1939 ; MussetAunSaint 1948 ;
DornatLyotGaga 1953 ; JamotChaponost 1975 ; RLiR 42 (1978), 165 ; MédélicePrivas 1981
« terme qu’on entend encore couramment, mais il est en perte de vitesse » ; ArmanetVienne 1984 ; GermiLucciGap 1985 « mot-souvenir » ; MartinPilat 1989 « bien connu à partir de 60 ans, en déclin au-dessous » ; VurpasMichelBeauj 1992 « usuel au-dessus de 40 ans » ; VurpasLyonnais 1993 « très vivant » ; LaloyIsère 1995 sigogner s.v. sigroler ; SalmonLyon 1995 ; MazodierAlès 1996 ; FréchetMartAin 1998 ; PlaineEpGaga 1998 « presque disparu ». – (2.) BoisgontierAquit 1991 ; CouCévennes 1992 cigougner et sigougner ; FEW 2, 666a, ciconia (et 11, 563b, si- ; 14, 663a, zik-, v. ÉtymDouble 2, n° 159).
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96. Taux de reconnaissance : Ø.
|