ciré, ‑ée adj.
〈Vosges, Franche-Comté, Loire, Isère (La Combe-de-Lancey), Ardèche (nord)〉 usuel [En parlant d'un pain ou d'un gâteau] "mal levé, de consistance pâteuse". Quand les gens faisaient au four [= cuisaient leur pain au four], c'était pas rare
que le pain soit ciré… On le mangeait quand même… ! (DromardDoubs 1991, 197).
1. […] c'est la fête à la maison, et la patronne a fait un gâteau pour manger avec le
café. Un gâteau épais, un peu ciré, avec trop de farine, mais que l'on trouve bien bon. (L. Pralus, Mon village sous l'hiver, 1978, 17.)
2. Mon quatre-quarts était raté, il était ciré à l'intérieur. (Infirmière, 38 ans, originaire de Lons-le-Saunier, 11 mai 1999.)
□ Avec un commentaire métalinguistique incident.
3. Malgré tout, de nombreuses familles voyaient cette provision [de farine] épuisée dès
le printemps […]. C'est pourquoi, pour la faire durer plus longtemps, on ajoutait
à la farine de la pomme de terre, qui dominait parfois à un tel point que le pain
était « ciré », c'est-à-dire avait la consistance du fromage. (J.-Chr. Demard, La Vie rurale dans les Vosges saônoises de 1860 à 1920, 1974, 47.)
■ variantes. 〈Franche-Comté〉 spor. cilé, ‑ée (ColinParlComt 1992 ; déjà silé dans ContejeanMontbéliard 1876 s.v. silai, et dans BeauquierDoubs 1881).
◆◆ commentaire. Part. passé en emploi adj. de fr. région. cirer "se présenter sous une forme compacte, gluante (du pain)" (v. GPSR), lui-même dérivé sur fr. cire, par analogie, en raison de l'aspect de la pâte d'un pain ou d'un gâteau mal cuit.
Absent de la lexicographie générale, ce sens est caractéristique d'une aire orientale
qui dénonce un mot d'origine lyonnaise. Attesté en français du Doubs dep. 1876 (silé, ContejeanMontbéliard), 1881 (ciré, Beauquier), cet emploi a aussi été relevé dans une aire dialectale plus large : Franche-Comté
(ALFC 335), Vosges (FEW), Jura et Alpes du Nord (ALJA 875), Lyonnais (ALLy 425) et
nord de l'Ardèche (ALMC 1116).
◇◇ bibliographie. ContejeanMontbéliard 1876 silé s.v. silai ; BeauquierDoubs 1881 s.v. silé « À Besançon, on dit ciré, parce que la pâte ressemble à de la cire » ; RousseyBournois 1894 (dans la métalangue définitionnelle de pat. siri) ; DuraffGloss, § 8489 (pour gloser deux termes patois de l'Isère) ; GarneretLantenne
1959 ; VincenzCombeL 1974, 34 ; GononPoncins 1984 « cirer v. intr. mal lever » ; DromardDoubs 1991 et 1997 s.v. pain ciré ; ColinParlComt 1992 ; RéginVallage 1992 ; FréchetAnnonay 1995 ; PlaineEpGaga 1998
« presque disparu » ; FEW 2, 596a, cera (cf. FEW 2, 605a, cereus).
△△ enquêtes. EnqDSR 1994-96. Taux de reconnaissance supérieur à 75 % en Franche-Comté.
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