coulon n. m.
〈Nord, Pas-de-Calais, Somme, Aisne, Oise, Ardennes〉 usuel "pigeon ramier, en part. pigeon voyageur". Élever des « coulons » (A. Lebon, Martin du Tiss, mineur en 1900, 1979, 155).
1. […] Adolphe, notre voisin, prit lui aussi sa retraite. Libre de son temps, il se consacra
davantage encore à ses pigeons, à tel point que Gertrude finit par se plaindre :
– Ce n’est plus possible, Louise, me disait-elle. Il passe plus de temps avec ses coulons qu’avec moi. (M.-P. Arnaud, Benoît, 1994 [1992], 125.) □ Avec ou dans un commentaire mélinguistique incident.
2. Le portrait rapide de la vie et du langage du mineur que nous avons tracé ne serait
pas complet si nous passions sous silence l’amour qu’il a pour les pigeons, les coulons, qu’il élève en bon coulonneux* en vue des grandes compétitions : pigeons voyageurs racés, volant à 80 kilomètres
à l’heure, lâchés au loin, dans le Sud de la France, et revenant à tire-d’aile au
pigeonnier […]. (Ph . Denquin, « Le Parler de la mine », dans Vie et langage, 1961, 479.)
3. Seuls les meilleurs « coulons », pigeons voyageurs dans le jargon des 30.000 colombophiles français, pourront participer
à l’exposition olympique internationale de Katowice. / Parmi eux s’aligneront de nombreux
« athlètes » nordistes. Le Nord-Pas-de-Calais concentre en effet les deux tiers des éleveurs français.
Du chômeur à l’industriel, une grande majorité de « coulonneux »* possèdent un petit cheptel de 30 à 60 bêtes. On repère leur maison par un vol tournoyant
de pigeons au-dessus du toit. / […] Un bon coulon, pedigree et prix à l’appui, peut se vendre entre 10.000 et 50.000 F. (L’Est républicain, éd. Nancy, 25 septembre 1988, 5.)
■ remarques. Dans les cas où coulon désigne le pigeon voyageur, le mot pigeon est « alors réservé aux jeunes qui ne sont pas encore lâchés dans les concours » (CartonPouletNord 1991).
◆◆ commentaire. Attesté dep. l’afr. et mfr. dans le nord de la France, coulon "pigeon" (dep. Beaumanoir, v. FEW ; Amiens 1479, DebrieMoyPic) y est toujours en usage à l’époque
moderne (ainsi qu’en Belgique, v. PohlBelg 1950, Hanse 1994, DelcourtBelg 1998 « Hainaut picard »), avec le sens plus précis de "pigeon voyageur" ; on l’a aussi relevé dans les dialectes dans la moitié nord du domaine picard (ALPic
218). Absent de Rob 1985, cet archaïsme est accueilli dans GLLF (« nom donné, dans les départements du nord de la France, au pigeon domestique ») et TLF (s.v. coulomb2), ce dernier le donnant maladroitement comme « vx et dial. ».
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96. Taux de reconnaissance : Nord, Pas-de-Calais, 100 % ; Aisne, Somme, 30 % ; Oise,
20 %.
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