défaire (se) v. pron.
〈Nord, Pas-de-Calais, Allier, Doubs, Jura, Isère, Drôme, Provence, Gard, Hérault, Pyrénées-Orientales,
Ardèche, Haute-Loire (Velay), Limousin, Dordogne, Gironde〉 usuel "ôter un vêtement de dessus (ou ses vêtements, selon la circonstance) ; desserrer (un
vêtement), se dégrafer". J’ai trop mangé, ça vous gêne pas si je me défais un peu ? (BouvierMars 1986).
1. La visiteuse ne montrait ni étonnement ni crainte. Même pas quand le député lui conseilla
paternellement : « Il fait chaud ici, vous pourriez vous défaire un peu… » (J.-P. Chabrol, La Banquise, 1999 [1998], 36.)
— Souvent à l’impératif présent. Défaites-vous, vous allez bien boire une jatte* de café (GuilleminRoubaix 1992). Le médecin m’a dit : « Défaites-vous » (FréchetMartVelay 1993 ; RobezMorez 1995).
2. Cette grande girafe […] ouvre grand le col de son manteau de richarde et gémit :
– Vous me faites avoir mes vapeurs avec toutes vos histoires… Elle cherche des yeux une chaise et agite la main devant son visage. Mamoune glisse un tabouret sous le gros cul de l’épicière. – C’est vrai que vous êtes toute blanche, dit-elle, sincèrement compatissante. […] Défaites-vous, insiste mamoune. C’est votre manteau qui vous tient trop chaud. (Cl. Couderc, Le Petit, 1998 [1996], 277-278.) 3. Les trois hommes entrent. Un peu embarrassés de leurs membres dans leurs imperméables
jaunes […].
– Défaites-vous, leur dit Constance. Le café va être prêt. (B. Clavel, La Guinguette, 1998 [1997], 95.) ◆◆ commentaire. Cet emploi de fr. se défaire (d’un vêtement) (dep. 1534, Rabelais, v. TLF) est enregistré dans les dictionnaires
du 20e s., dans l’emploi absolu ici considéré, sans marque d’usage (DG ; GLLF), comme « région. » (Rob 1985, sans exemple) ou « vieilli » (TLF, avec exemples de Zola 1886 et A. France 1903) ou encore sans marque, à l’impératif,
avec la notation « (médecin) » (NPR 1993-2000). Autant qu’on puisse l’appréhender au vu de la documentation, l’aire
actuelle de son usage est manifestement périphérique et le dénonce comme un archaïsme,
qui s’étend aussi à la Suisse romande (Pierreh ; GPSR 5, 154b) et à la Belgique (PohlBelg
1950).
◇◇ bibliographie. VillaGasc 1802 "se décoiffer, détacher les épingles de son fichu, de sa bavette, etc." ; MoisyNormand 1887 ; BarbeLouviers 1907 ; VerrOnillAnjou 1908 "quitter sa toilette de ville, se déshabiller" ; BoillotGrCombe 1929 ; SabourinAubusson 1983 et 1998 ; TuaillonRézRégion 1983 (Bordeaux) ;
ArmanetVienne 1984 ; BouvierMars 1986 ; CampsRoussillon 1991 ; CartonPouletNord 1991
« défaites-vous paraît plus poli que retirez votre manteau » ; DromardDoubs 1991 et 1997 ; GuilleminRoubaix 1992 ; FréchetMartVelay 1993 « c’est dans l’est du domaine qu’il est le plus vivant » ; FréchetAnnonay 1995 « globalement bien connu » ; LaloyIsère 1995 ; RobezMorez 1995 « employé par les personnes âgées » ; FréchetDrôme 1997 « globalement usuel » ; RoubaudMars 1998, 88 défaites-vous ; BouisMars 1999 ; FEW 3, 348b, facere.
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96. Taux de reconnaissance : Corrèze, Dordogne, 100 % ; Haute-Vienne, 85 % ; Creuse,
80 %. EnqCompl. 1999 : Taux de reconnaissance : Hérault, 80 %.
|