déhotter v. intr. ou pron.
〈Surtout Champagne, Ardennes, Meuse, Meurthe-et-Moselle (Nancy) fam. (se) déhotter de quelque part.
1. "sortir d’un lieu où l’on est embourbé". Rien à faire pour se déhoter de là ! (TamineChampagne 1993).
— Au fig. "se tirer d’embarras".
2. Par ext. "bouger, se déplacer ; laisser la place". Synon. fam. dégager. – Allez, déhotte d’ici (RoquesNancy 1979). Il ne déhote pas de la télé (TamineChampagne 1993).
— Emploi abs. Dèhote-toi un peu (TamineArdennes 1992).

graphie. La graphie avec ‑è- est un procédé, sans doute discutable, pour indiquer une prononciation [ɛ] ; par ailleurs, l’usage des dictionnaires est en faveur de ‑tt‑.
◆◆ commentaire. Terme caractéristique du français du Nord-Est, dehotter "désembourber" est relevé isolément dans Cotgr 1611 ; on le retrouve ensuite régulièrement attesté : en 1761 à Troyes, en 1825 dans l’Aisne, en 1845 à Reims, en 1868 à Provins. Parallèle à son antonyme enhotter (lui aussi dans Cotgr 1611 et aujourd’hui désuet), il est dérivé sur afr. hot "obstacle". Seul des dictionnaires généraux contemporains, Rob 1985 enregistre ce verbe (intr. "partir précipitamment" et tr. "chasser qqn", malheureusement sans marque, mais avec des exemples de Céline et de Boudard), qui est accueilli par les dictionnaires d’argot et de fr. pop. où il n’est pas attesté avant le début du 20e siècle (France 1910 "débourber un chariot ; du patois rémois" ; VivierArgot 1934 ; EsnaultArg 1965 ; CaradecArgot 1977-1998 ; CellardRey 1980-1991 ; ColinArgot 1990) ; c’est sans doute à cet emploi pop./argot. qu’il convient de rattacher le relevé de BlanWalHBret 1999 (Ille-et-Vilaine et Loire-Atlantique) « peu fréquent à usuel ». Mais dans le Nord-Est, d’où le terme est visiblement originaire (SainéanParis 301), il n’a rien d’argotique et a conservé son sens originela, développant un sens figuré (attesté dans le français de Reims dep. 1868, Bourquelot) et divers emplois par extension.
a Le part. passé/adj. enhoté "embarrassé, gêné dans ses mouvements" est attesté antérieurement (MichelLorr 1807 ; v. aussi ZéliqzonMetz 1930).
◇◇ bibliographie. GrosleyTroyes 1761 "débourber" ; SaubinetReims 1845 "débourber un chariot" ; BourquelotProvins 1868 "se tirer d’affaire" ; RaillietReims 1930 fig. "aller mieux" ;Chaurand « Langage et terroir dans Le Roi dort [1933], roman de Charles Braibant », Parlures 2, 1986, 12 ; CrouvChampagne 1975 ; RoquesNancy 1979 ; TamineArdennes 1992 ; TamineChampagne 1993 ; Meuse (comm. A. Litaize) ; ALIFO 382* ‘désembourber (une voiture)’ et ALIFOms ‘sortir du lit’ ; FondetEssonne 1980, t. 1, carte 2-16 ; FEW 4, 500b-501a, *hott (et 16, 231a, *hotta).
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96. Taux de reconnaissance : (1) Ardennes, Marne, Haute-Marne, Meuse (nord), 100 % ; Aube, 65 % ; (au fig.) Aube 15 % ; Ardennes, Marne, Haute-Marne, Meuse (nord), 0 %. (2) Ardennes, 15 % ; Aube, Marne, Haute-Marne, Meuse (nord), 0 %.