dormeur n. m.
〈Surtout côtes normandes et bretonnes〉 spor. "crabe de l’Atlantique (Cancer pagurus), à chair estimée, pouvant atteindre 25 cm de largeur". Stand. tourteau.
1. – Je suis de la campagne comme toi. J’étais si tranquille chez nous !
– Où, chez toi ? – Au-delà de Paimpol… Non, tu ne connais pas : j’ai un oncle dans une île que ses parents jadis avaient achetée. Il cultive, il pêche… […] J’allais avec lui poser des casiers, les relever […]. Je prenais des homards à marée basse, des dormeurs. Les araignées, tu marchais dessus ! (A. Druelle, Saga, 1972, 154.) 2. […] ceux qui prenaient pension à la table de tante Marjorie et qui n’auraient pas
levé le petit doigt pour débarrasser leur assiette des déchets d’étrilles ou de dormeurs, ces crabes puants dont l’Oncle rapportait des caisses et que tante Marjorie devait
cuire, à en avoir la nausée. (H. Jaouen, L’Adieu aux îles, 1999 [1986], 59-60.)
3. […] quand la chance était de votre côté, on débusquait dans une anfractuosité de la
digue un gros dormeur qui couronnait votre pêche. (Ph. Mezescaze, Où irons-nous dimanche prochain ?, 1996, 100-101.)
■ remarques. Le terme dormeur désigne parfois la dromie (Dromia dromia), ainsi à Agon-Coutainville (Manche) (LepelleyManche 1985 ; cf. MussetAunSaint 1931).
◆◆ commentaire. De fr. dormeur, par analogie de forme (« par la position de ses pattes repliées et par son immobilité, cet animal peut évoquer
une personne endormie », LepelleyBasseNorm), ce sens – qui semble bien offrir un caractère régionalement
marqué – est consigné dans la lexicographie générale dep. Besch 1858 ; LittréSuppl
(« dans les Côtes-du-Nord »). Il est toutefois absent de GLLF, Rob 1985 l’indique avec la marque « régional (Ouest, Bretagne) », le TLF le donne sans marque d’usage, avec un exemple de J. et J. Tharaud (originaires
de la Haute-Vienne, études au lycée d’Angoulême) ; NPR 1993-2000 et Lar 2000 le donnent
sans marque.
◇◇ bibliographie. LepelleyManche 1985 ; LepelleyBasseNorm 1989 ; BrasseurNantes 1993 ; LepelleyNormandie
1993 ; BlanWalHBret 1999 « usuel partout » ; FEW 3, 141a, dormire.
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96. Taux de reconnaissance : Finistère, 95 % ; Basse-Normandie, 80 % ; Côtes-d’Armor,
65 % ; Morbihan, 50 %.
|