duvet n. m.
〈Champagne, Ardennes, Lorraine, Saône-et-Loire (Bresse louhannaise), Doubs, Haute-Savoie,
Ain, Rhône, Loire, Isère, Drôme, Ardèche〉 usuel "grosse poche en tissu, garnie de duvet et de plume, qu’on met sur un lit, par-dessus
les draps et les couvertures, pour réchauffer la partie inférieure du corps". Stand. édredon. Synon. région. plumon*. – Il faut qu’il gèle fort pour que je supporte mon duvet (MichelNancy 1994). Les nuits ne sont pas chaudes… Je vais remettre un duvet (DromardDoubs 1997).
1. Elle ne pouvait plus s’asseoir autrement que sur un duvet, et son mari lui appliquait des feuilles de lierre et de rondotte en rigolant doucement
dans le ventre. (L.-A. Gauthier, Les Fidarchaux de Cabrefontaine, 1978, 130.)
□ Avec un commentaire métalinguistique incident.
2. Elle attrapa du coup un sang-tourné, dut se mettre sous la couètte [sic] avec deux duvets (édredons), quatre cailloux brûlants autour du corps. (L.-A. Gauthier, Les Fidarchaux de Cabrefontaine, 1978, 210.)
◆◆ commentaire. Par métonymie de fr. duvet "plume fine et légère qui recouvre certaines parties du corps, le ventre notamment,
de certains oiseaux adultes" (dep. le 13e s., v. TLF), ce sens (ou plutôt celui, proche, équivalant à fr. couette), est attesté dep. 1745 en Suisse romande, où il est toujours en usage, v. DSR 1997,
avec bibliographie (aj. LengertAmiel) ; en France, il est attesté sporadiquement dans
une aire qui s’étend des Ardennes à l’Ardèche et à la Drôme ; on l’a relevé aussi
en Belgique (à la bibliographie du DSR, aj. DelcourtBelg 1998 et LeboucBelg 1998).
Il est aussi largement attesté dans les patois, selon FEW : Belgique, Bourgogne, Champagne,
Lorraine, Franche-Comté, Savoie et de façon sporadique dans le sud de la France, jusqu’en
Béarn (où il a été véhiculé par le français). En ce sens, duvet est enregistré dans Rob 1985 (« régional (Suisse, Savoie, Lorraine, Belgique) »), TLF (« région. (Suisse) », avec un exemple d’un natif du Puy-de-Dôme, J. Malègue, 1933) et Lar 2000 « région. ou Belgique, Suisse ».
◇◇ bibliographie. BeauquierDoubs 1881 ; RobRemiremont 1911, dans la métalangue s.v. plumon ; BlochVosgesMérFr 1921, 50 « je le croyais, à une date toute récente, du français commun » et 93 « C’était un usage courant, autrefois, et il est encore répandu, de couvrir le lit d’un
seul grand édredon qui constituait la couverture : on l’appelait “lit”, “lit de plumes”, ou “les plumes” ; en même temps que s’est introduit l’usage de l’édredon, les termes locaux ont cédé
le pas à un terme nouveau, duvè […]. Le développement sémantique de ce mot tient sans doute à la matière de meilleure
qualité dont sont faits les édredons ; un autre terme de fr. populaire plumõ est attesté en quelques points, mais il est moins usité que duvè » ; BruneauMsArdennes [duvé] "édredon" ; BoillotGrCombe 1929 ; DuprazSaxel 1975, 62 (l’autrice ajoute, à propos de édredon, « mot inconnu chez nous ») ; LanherLitLorr 1990 ; TamineArdennes 1992 ; DuchetSFrComt 1993 "édredon ; couvre-pieds" ; TamineChampagne 1993 ; MichelNancy 1994 « usuel » ; FréchetAnnonay 1995 « usuel » ; DromardDoubs 1997 ; FréchetDrôme 1997 « usuel » ; MichelRoanne 1998 « usuel » ; LesigneBassignyVôge 1999 ; FEW 15/2, 82a, dunn.
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96. Taux de reconnaissance : Ain, Ardèche, Ardennes, Drôme, Loire, Marne, Haute-Marne,
Meuse (nord), 100 % ; Isère, 80 % ; Aube, Rhône, 65 % ; Haute-Loire, 0 %.
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