facile adj.
〈Nord (est), Lorraine, Franche-Comté〉 avoir facile de + prop. infinitive loc. verb. usuel "avoir toute facilité à/pour ; pouvoir aisément". Il a bien facile de dire, ce n’est pas aussi aisé à faire (LanherLitLorr 1990). Tu aurais facile de venir de Maubeuge avec mon frère (CartonPouletNord 1991).
1. Celui qui refuse le profit du mal qu’il a fait, il aura facile de se faire pardonner. (M. Aymé, La Vouivre, 1943, 20.)
2. Lucien. – […] On a parlé ; il savait bien le français, j’ai eu facile de m’expliquer. (H. Thomas, Sainte Jeunesse, 1972, 108-109.)
3. Quand on connaît le modèle, on a facile de voir comment il fut arrangé. (J. Garneret, compte rendu, dans Barbizier. Bulletin de liaison de folklore comtois, n.s., n° 7, 1978, 63.)
— l’avoir facile (pour) loc. verb. "n’éprouver aucune difficulté (à)". Si le foin a été bien fauché, on l’a facile pour le râteler (DromardDoubs 1997).
— avoir plus facile à/de/pour loc. verb. + prop. infinitive "avoir plus de facilité pour". Vous aurez plus facile à sortir demain [du garage]. (Employé d’hôtel, Langres, 1971, dans GoosseMél 1991, 327.)
4. Un poirier […] foudroyé chez M. Weber qui a entraîné dans sa chute un pommier vieux
de cent ans, dans la propriété de M. et Mme Houillon. Contre un malheur (heureusement
pas très grave) on fait face avec philosophie : M. et Mme Houillon auront plus facile pour cueillir les pommes […]. (Le Pays, 25 septembre 1998, 23.)
5. – Si on avait su cela plus tôt, on aurait eu plus facile de le mettre dans le coup. (Ingénieure d’études au CNRS, 50 ans, Nancy, 24 mai 2000.)
● avoir plus facile loc. verb. "être plus à son aise".
6. – Mettez-vous là. Vous aurez plus facile. La table est plus grande. (Serveuse d’hôtel, Langres, 28 mars 1967, dans GoosseMél
1991, 327.)
● avoir plus facile que qqn loc. verb. "avoir plus de facilités, avoir de meilleures conditions de vie que qqn".
7. Les jeunes, aujourd’hui, ils ont plus facile que les parents. (Secrétaire femme, 60 ans, Nancy, 16 décembre 1991.)
◆◆ commentaire. Ce tour semble aujourd’hui caractéristique surtout du quart nord-est de la France
(il est aussi en usage en Belgique, PohlBelg 1950 ; MassionBelg 1987 ; GoosseMél 1991 ;
Hanse 1994), où il est surtout présent à l’oral. Mais son aire a été (est ?) plus
vaste, incluant notamment la Seine-Maritime, et Goosse, qui en a recueilli des exemples
sous la plume de divers auteurs en dehors de ces régions, conclut que « le type avoir facile paraît assez courant dans les zones picarde et normande et dans l’est de la France ;
il existe aussi ailleurs, sporadiquement : dans le Midi, voire à Paris ». S’inscrivant dans le paradigme fr. région. avoir aisé, bon/meilleur, commode, plus court, etc., avoir facile n’est pas documenté avant le milieu du 19e siècle (PohlBelg 1950) ; absent de GLLF et de TLF, il est enregistré par Rob 1985 :
« régional (Belgique, Nord de la France) » avoir facile à, avec un exemple de G. Duhamel 1938.
◇◇ bibliographie. BarbeLouviers 1907 avoir facile « tournure de phrase très usitée » ; BlochVosgesMérFr 1921, 130 « La construction “avoir bien aisé, avoir bien facile de…” est très usitée dans toute la région, et je ne m’en suis corrigé que tardivement » ; PohlBelg 1950 « j’ai souvent entendu avoir facile en Lorraine » ; LanherLitLorr 1990 ; CartonPouletNord 1991 ; A. Goosse « Le dossier d’avoir facile », Les dialectes wallons 8-9, 1981 dans GoosseMél 1991, 324-350 ; DuchetSFrComt 1993 (signale aussi l’anton.
avoir difficile de) ; GagnySavoie 1993 ; GrevisseGoosse 1993, § 300, 3° « courant en Normandie, dans le nord et l’est de la France, ainsi qu’en Belgique, se
trouve parfois ailleurs » ; MichelNancy 1994 « usuel » ; DromardDoubs 1997 ; DelcourtBelg 1998 ; LeboucBelg 1998 (aussi avoir difficile à) ; LesigneBassignyVôge 1999 ; aj. à FEW 3, 358b, facilis.
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96. Taux de reconnaissance : Vosges, 100 % ; Meuse, 80 % ; Meurthe-et-Moselle, Moselle,
75 %.
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