ferrade n. f.
〈Provence, Gard〉 usuel "opération au cours de laquelle on rassemble les jeunes taureaux dans un espace fermé
pour les marquer avec un fer rouge ; fête ayant lieu à cette occasion". Aller à une ferrade, en compagnie d’un beau gardian* (R.-A. Rey, Frosine, 1980, 133).
1. Le pauvre Tin […] s’était pendu à une grosse branche de son grand pin. / On l’enterra.
On parla de lui pendant quelques jours dans les mas, dans les cabanes de gardians*, dans les ferrades […], et puis on n’en parla plus. (Y. Audouard, Ma Provence à moi, 1968, 136.)
2. On a beau dire, la ferrade est devenue une manifestation commerciale et presque permanente, comme le cinéma.
Tu as des ferrades tous les dimanches et parfois en semaine. Alors, tu as la ferrade P.T.T., la ferrade C.G.T., la ferrade des infirmiers, des étudiants en ceci, du club de cela, de l’association de « X », du cercle de « Z ». Tout le monde, peut-être même les philatélistes, fait la ferrade. (J. Durand, André Bouix, gardian de Camargue, 1980, 127.)
3. Que d’anecdotes, que de passions dans ces récits de « ferrades », au cours desquelles il faut écarter les jeunes bêtes de leurs parents, les renverser
et les tenir au sol pendant qu’on les marque au fer ! (Pays et gens de France, n° 61, le Gard, 23 décembre 1982, 20.)
4. Il s’en fait, des ferrades ! C’est une chose qui n’a pas disparu. Seulement ce n’est plus dans la même ambiance,
parce que la plupart des gens qui vont à une ferrade, à une certaine époque, y allaient pour voir marquer des taureaux, les jeunes pour
pouvoir en attraper, on y allait plus pour la passion du taureau que maintenant. / La
ferrade, aujourd’hui, est surtout une sortie champêtre. Les gens vont manger à la campagne,
ils apportent leurs boules, ils jouent aux boules, il y a un petit bal. Il y a beaucoup
plus de manadiers* qu’autrefois et ils font beaucoup plus de ferrades, ce qui fait qu’il y en a pas mal. (L. Merlo, J.-N. Pelen, Jours de Provence, 1995, 91.)
V. encore s.v. gardian, ex. 4 ; péguer, ex. 4.
■ encyclopédie. « De nos jours, la ferrade est devenue pour maints manadiers* une source de revenus ; elle se déroule devant un public (membres d’un club taurin,
d’une association, d’un comité d’entreprise) contre rémunération. Le bétail à marquer
est géré pour répondre à cette demande. Dans cette ferrade-spectacle, la ferrade proprement
dite a lieu le matin ; l’après-midi est souvent animé par une course aux vachettes » (MartelPelBouvine 1990).
◆◆ commentaire. Attesté dep. 1616 (« Pour la ferrade, on fait élection d’une grande et belle pree, bien unie […]. En l’un
des bouts, & tout à l’extrémité est logé le gros du troupeau : & en l’autre diametralement
opposé à celui-ci, on assamble un grand tas de bois, qui soit bastant d’entretenir
un bon feu tout le long de la iournée : là tout ioignant est allumé le feu, dans lequel
on iette les fers, esquels les Mereaux, & enseignes des Maîtres sont empraintes, & y
demeurent à chauffer iusques à ce qu’ils en deviennent rouges » P. Quiqueran de Beaujeu, La Nouvelle agriculture, trad. par F. de Claret, diacre d’Arles, 168-169) ; 1624 (N. de Peiresc, Lettres, DDL 15, repris dans TLF), ferrade est un emprunt au pr. ferrado, de même sens, lui-même dérivé sur pr. ferrá "marquer au fer rouge" (Mistral). Le terme est pris en compte par les dictionnaires généraux des 19e et 20e s. (LittréSuppl « dans le Midi » ; GLLF « surtout à Arles et en Camargue » ; Rob 1985 « régional » ; TLF « région. (Midi de la France) » ; NPR 1993-2000 « région. »), Lar 2000 étant le seul à le donner sans marque.
◇◇ bibliographie. MichelDaudet ; BrunMars 1931 ; GebhardtOkzLehngut 1974 ; MartelProv 1988 ; BlanchetProv
1991 ; FEW 3, 473b, ferrum.
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96 : Ø. EnqCompl. 1999 : Taux de reconnaissance : Alpes-de-Haute-Provence, 20 %.
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