flot n. m.
1. 〈Marne (Châlons-sur-Marne), Ardennes, Lorraine〉 vieillissant "nœud à double boucle qu’on fait à un ruban ou à un lacet de chaussure". À ton âge ! Tu ne sais pas encore faire un flot à tes souliers ? (LanherLitLorr 1989). Refais ton flot, tu marches sur le lacet ! (MartinLorr 1995, 33).
2. 〈Haute-Marne, Marne (Châlons-sur-Marne), Lorraine, Bas-Rhin, Haut-Rhin, Haute-Loire
(Velay), Puy-de-Dôme〉 vieillissant "nœud de ruban(s) utilisé comme décoration ou qu’une fillette ou une femme porte dans
les cheveux comme ornement". Un flot dans les cheveux (FréchetMartVelay 1993 ; J. D., Ronchamp, juillet 1999) ; un joli flot rouge (MartinVosges 1993, s.v. choupette).
1. Joli cliché, beau souvenir ? C’était du côté de Saint-Dié il y a quelques années.
[…] / Mais qui c’est à gauche cette jolie brunette avec un beau flot dans les cheveux ? (Les Annonces des Hautes-Vosges, 19 mars 1989, 12, légende de photographie).
2. Cet hiver encore, M. et Mme Kayser ont décoré leur maison d’ampoules lumineuses et
multicolores, de flots en papier métal, de branches de sapin habillées de boules et guirlandes, etc… (L’Est républicain, éd. Nancy, 22 décembre 1992, 608.)
3. L’après-midi, moins de monde dans la boutique, maman me refait ma raie et ma mèche
/ elle m’embrasse en me disant mon gamin*, / Elle peigne beaucoup Huguette et lui rajuste ses flots, ou lui remonte ses chaussettes. (H. Lesigne, Un garçon d’Est, 1995, 49.)
— En part. (le flot, élément du costume traditionnel féminin).
4. Ma mère portait encore la coiffe […]. Le flot moiré était d’une belle teinte mauve. (M. Fouriscot , Marie la dentellière, 1987, 180.)
5. « […] En ce qui concerne le costume alsacien, nous avons fixé comme règle aux groupes
de ne porter le flot noir que là où il est porté de tradition. » (Lucien Moll, de la Fédération des groupes folkloriques d’Alsace, dans Dernières Nouvelles d’Alsace, éd. Strasbourg, 30 janvier 1996, LO 1.)
◆◆ commentaire. Caractéristique surtout d’une aire compacte du Nord-Est de la France (qui se prolonge
en Belgique, v. PohlBelg 1950), flot est attesté dep. 1807 dans le français de Lorraine (« Flot de ruban pour, Nœud de ruban » Michel) ; il s’agit probablement d’une variante de fr. floc ("petite touffe de poils, de laine" dep. ca 1160 ; "pompon" dep. 1581, tous les deux dans TLF) d’après la prononciation [flɔ], écrit comme son homonyme flot. Encore attesté à Paris en 1912 (floc "nœud" Villatte, FEW), c’est aujourd’hui un archaïsme, en usage aussi en Auvergne et Velay
(où FEW ne relève ce sens que dans les patois), qui ont emprunté le mot assez récemment
(absence de palatalisation du groupe fl-), à un français qui n’avait pas encore fermé [ɔ] en finale absolue (changement qui se produit au 19e siècle en français central, v. Straka TraLiLi 19, 208-209) ; on notera aussi que
flot "houppe ; gland" a été relevé dans le français de Marseille en 1829-1878 (« flot de soie, flot de laine (à chaque coin d’un coussin) » Reynier). Encore ces aires résiduelles ne sont-elles peut-être pas limitativesa. Absent de GLLF et de Rob 1985, le terme est accueilli par TLF s.v. flot2 avec la marque « région. (Lorraine) » et un exemple d’Erckmann-Chatrian 1864.
a Il n’a pas été possible de préciser l’origine géographique de l’auteur dans l’exemple
suivant : « La porte du presbytère [où habite l’écrivain M. Déon, en Irlande] s’est refermée sur
nous. Abondants, les ouvrages débordent de la bibliothèque et leurs rayonnages envahissent
les murs côté cour. Côté jardin, les rosettes ou les flots avec leurs rubans multicolores, les coupes, petites et grandes, gagnées dans les
concours hippiques » (J.-P. Baron, « Déon l’enchanteur », Le Monde sans visa, 15 mai 1993, 30).
◇◇ bibliographie. MichelLorr 1807 ; MègeClermF 1861 floc "flocon, touffe de ruban, de laine, de soie" ; ReynierMars 1878 "houppe ; gland" ; CorbisBelfort 1883 flo "nœud que l’on fait avec un bout de cravate ou les attaches d’un chapeau ou d’un bonnet
de femme ; les nœuds qui garnissent cette partie de la toilette" ; BonnaudAuv 1976 ; QuestThiers 1987 flo "nœud (de ruban, de ficelle, etc.)" ; LanherLitLorr 1989 ; LanherLitLorr 1990 flo (mais donne l’ex. avec flot) ; TamineArdennes 1992 ; FréchetMartVelay 1993 « globalement connu » ; MartinVosges 1993 flo ; MichelNancy 1994 flo « usuel » ; MartinLorr 1995 ; QuesnelPuy 1996 floc [flɔ] ; LesigneBassignyVôge 1999 flo(t) ; FEW 3, 625a-b, floccus.
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96. Taux de reconnaissance : Moselle (est) : 100 % ; Bas-Rhin, 70 % ; Haut-Rhin, 40 %.
|