gâche n. f.
I. 〈Calvados (ouest), Orne, Manche (ouest et centre)〉 "petit pain, rond et plat dans la Manche, allongé et à côtes ailleurs" ; 〈Ille-et-Vilaine (nord), Côtes-d’Armor (nord)〉 "pain rond et plat, peu cuit (BlanWalHBret 1999) ; pâtisserie rustique de nature variée".
1. La gâche est de nature légèrement différente selon les lieux. Dans le Cotentin, c’est une
galette de pâte de froment salée, ronde, cuite en « avant-coup », c’est-à-dire à four très chaud (avant la fournée). / Elle se mange chaude de préférence,
avec du beurre ou de la rillette. […] Le dessus est brillant et quadrillé. / Dans
l’Ille-et-Vilaine, la gâche est plus riche ; elle a même des velléités pâtissières ; on y incorpore du sucre,
du beurre ou du saindoux ou des pommes. […] Le dessus est doré à l’œuf ou au lait.
(L. Poilâne, Guide de l’amateur de pain, 1981, 167.)
2. « Oh ! si vous voulez de la gache [sic], il faut venir avant 8 heures du matin, », souligne Mamie Letterier. La gache normande est un petit trésor en pâte de pain. Cuite dans un four à bois, c’est du
gâteau. (L’Express. Le Magazine, 26 mars 1998, 35 [Reportage sur une boulangerie du Vast, Manche.)
II. 〈Loire-Atlantique, Vendée (surtout sur la Côte)〉 usuel "variété de brioche à croûte molle, en forme de pain court, présentant une grande incision
longitudinale". Gâche de Pâques […] la pièce, 16,90 F (Ouest-France, éd. Vendée-est, 19 avril 2000, 9, publicité Intermarché).
3. […] on chauffe le four dont la grande gueule noire s’enflamme en un rire de bon diable.
On en retire de magnifiques pains ronds et parfumés. On s’offre le luxe de cuire des
gâches dorées. (M. Richard, Une enfance heureuse. Une enfance vendéenne, [après 1960], 6.)
— Au sing. à valeur générique.
4. Dans le département de la Vendée, la gâche est plus particulièrement fabriquée sur la côte, de Saint-Gilles-Croix-de-Vie à la
Tranche-sur-Mer, avec une incursion d’une trentaine de kilomètres dans les terres
comprises entre ces deux communes. (L’Inventaire du patrimoine culinaire de la France. Pays-de-la-Loire, 1993, 81.)
V. encore s.v. pochon1, ex. 8.
■ encyclopédie. V. L’Inventaire du patrimoine culinaire de la France. Pays-de-la-Loire, 1993, 81-82. Autrefois caractéristique du temps de Pâques, la gâche est commercialisée
aujourd’hui tout au long de l’année.
◆◆ commentaire. Terme de l’Ouest, où il est attesté en français dep. 1585 (N. du Fail ; v. HöflerRézArtCulin),
gâche, déverbal de fr. *gâcher "pétrir", a désigné, et désigne encore de manière sporadique, surtout de la Normandie à la
Saintonge, divers types de galettes à base de pâte à pain ou de gâteaux. Après une
brève apparition dans la lexicographie générale (Cotgr 1611, probablement d’après
Du Fail), il est absent des dictionnaires généraux contemporains. Il est d’usage courant
aujourd’hui pour désigner divers pains dans le français de Basse-Normandie et de Haute-Bretagne
(I) et une variété de brioche sur la côte vendéenne et dans la partie voisine de Loire-Atlantique
(II).
◇◇ bibliographie. DuPineauR [1746-48] et DuPineauC [ca 1750] ; LeGonidecBret 1819 « gâche s. f. Outre ses acceptions, ce mot s’emploie pour signifier “gâteau, tourte, pain rond et plat”. Il n’est pas temps de faire cuire, nous avons encore deux gâches de pain » ; VerrOnillAnjou 1908 "galette, gâteau" ; Lepelley ColloqueCaen 1975, 83-100 ; RézeauOuest 1984 et 1990 ; LepelleyBasseNorm
1989 ; BrasseurNorm 1990 ; LepelleyNormandie 1993 ; HöflerRézArtCulin ; BlanWalHBret
1999 ; FEW 17, 542b, *waskôn.
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96. Taux de reconnaissance : (II) Vendée, 100 % ; Deux-Sèvres, 25 %.
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