galandure n. f.
1. 〈Territoire-de-Belfort, Doubs, Jura〉 usuel "paroi plus légère que le mur, limitant les pièces d’une maison ou d’un appartement". Stand. cloison. Synon. région. galandage*. – Un porte-manteau accroché à la galandure (DuraffHJura 1986). Il a placé un cadre contre la galandure de sa chambre (DromardDoubs 1991).
1. – Vous n’avez qu’à les [des cordes] accrocher aux crochets qui sont le long de la
galandure du grenier. (P. Jeune, « La Félicie cause au Milo », Barbizier. Bulletin de liaison de folklore comtois, n° 19, octobre 1992, 267.)
2. 〈Montbéliard〉 vx "frise autour du ciel de lit" (ColinParlComt 1992).
◆◆ commentaire. 1 est un régionalisme attesté dep. 1428 à Neuchâtel (gallandure ; et, au sens de "colombage", dep. 1641 sous la variante gal(l)andrure, tous deux dans GPSR) et dep. 1689 à Besançon (« une galandure de bois, de plâtre, ou de briques », v. Gdf s.v. garlandure = BeauquierDoubs), constamment enregistré en Franche-Comté par la lexicographie régionale
dep. BrunFrComté 1753 ; la variante galandrure (pour l’explication de laquelle v. GPSR 8, 51 s.v. galandage) s’est développée dans le Jura suisse et à Neuchâtel où ce mot est donné comme « vieilli ou hors d’usage » par Pierreh 1926. On a affaire à une innovation du moyen français régional sur mfr.
ga(r)lander "munir (une tour, une muraille) de hourds" (1387-1466, Gdf)a, formation parallèle à mfr. gallandeiz et var. "hourd" (1370-1450, Gdf ; pour la définition, cf. DEAF G 281) – type qui se prolonge probablement dans le féminin frm. galandise "cloison de briques posées de chant" (dep. Boiste 1803, FEW 14, 573a)b –, et à frm. galandage. Ces trois dérivés – en ‑eiz / ‑ise et ‑age (suffixes plus usuels)c et en ‑ure – ont dû connaître une évolution sémantique analogue à celle survenue dans la famille
de hourd (GPSR 8, 50, PuitspeluPatLyon, 181 ; cf. hourder et hourdis1 TLF) ; cette évolution repose, en définitive, sur un transfert de la terminologie
de l’architecture militaire à celle de l’architecture domestiqued. Le terme galandure, caractéristique du français de la région comtoise, a pu connaître un recul plus au
sud (il est relevé dans Mâcon 1926) ; il tend aujourd’hui à être recouvert comme orthonyme
par le supra-régionalisme galandage* (cf. l’usage de ce dernier dans la métalangue de GrandMignovillard 1977, DromardDoubs
1991-1997 et déjà de Mâcon 1926). Dans la même région que celle où l’on observe l’usage
français, le mot est massivement représenté dans les parlers dialectaux (FEW ; ALFC
910 ; ALJA 1087) : il y manifeste, pratiquement sans exception, une uniformité phonétique
saisissante ([galɑ̃dyr]) : ce qui est le signe patent, non seulement de son caractère emprunté, mais encore
de sa totale mise sous tutelle par la norme régionale du français. 2, isolé dans la documentation, semble remonter parallèlement au sens d’"encorbellement de bois au sommet d’une tour ou d’une muraille", qu’il faut postuler dans la première phase de développement de 1 ; ce développement analogique local a suivi le même cheminement de la sphère militaire
à la sphère domestique.
a Pour l’interprétation sémantique, on approuve GPSR (8, 50 et 51) contre la tradition,
y compris contre DEAF.
b Cf. galandise dans BoillotGrCombe 1910, 150b.
d Pour des exemples similaires dans la même région, v. Thom BullFacMulhouse 8 (1977-1978),
55 sqq. ; cf. aussi Gardette, dans Mélanges de philologie romane dédiés à la mémoire de Jean Boutière (1899-1967), éd. par I. Cluzel et Fr. Pirot, Liège, Éd. Soledi, 1971, t. 1, 256 sqq.
◇◇ bibliographie. BrunFrComté 1753 ; SchneiderRézDoubs 1786 "cloison hourdée, cloison faite de bois & de plâtre" ; ChambonHSaône [1812] ; MonnierDoubs 1857 ; CollinetPontarlier 1925 dans la définition
de talevanne et de tendue ; Mâcon 1926 "galandage" ; Pierreh 1926, 270 "sorte de cloison, galandage ou garde-mur" et 704 ; BoillotGrCombe 1929 "cloison mince" ; GarneretLantenne 1959, § 374 ; BichetRougemont 1979 "cloison" ; DuraffHJura 1986 "cloison de bois dans une habitation" « régionalisme inconscient » ; DromardDoubs 1991 et 1997 "galandage, paroi" ; TrouttetHDoubs 1991 ; ColinParlComt 1992 "mince cloison ; frise autour du ciel de lit [informateur de Montbéliard]" ; RobezMorez 1995 ; MarconotÉvette 1997, 119 "cloison légère, carcasse de bois plâtrée" ; GPSR 8, 50-51 "galandage, cloison de briques ou de planches" ; FEW 17, 573b, *wiara.
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96 : Ø.
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