galéjade n. f.
〈Provence〉 fam. "histoire inventée ou exagérée qu’on raconte à plaisir, plaisanterie destinée à mystifier
mais dont personne n’est dupe". Stand. blague. Synon. région. couillonnade* (sens 2.3.).
1. Mais ces plaisanteries qu’il venait de faire, il savait bien que c’était des galéjades et que ce n’était ni le lieu ni le moment de dire des galéjades. (N. Ciravégna, La Rue qui descend vers la mer, 1971, 145.)
2. […] une énorme galéjade propre à […] ridiculiser toute la région. (Fr. Fernandel, L’Escarboucle, ma Provence, 1992, 42.)
— Emploi non-comptable.
3. […] ils bavardaient volontiers, et ne détestaient pas la « galéjade »… (M. Pagnol, Jean de Florette, 1995 [1963], 662.)
4. Je ne plaisante pas. Bien que le général de Gaulle ait pu dire du journal Le Monde, parlant à son fondateur : « Je vous lis tous les jours… et ça me fait rire ! », on ne m’a pas formé, comme journaliste, à la galéjade ! et la circonstance ne s’y prête guère. (B. Poirot-Delpech, « Discours de réception à l’Académie française », dans Le Monde, 2 février 1987, 9.)
◆◆ commentaire. Attesté dep. 1881 (Daudet, Numa Roumestan, v. MichelDaudet), cet emprunt au pr. galejado de même sens (Mistral), est accueilli par les dictionnaires généraux contemporains,
qui le donnent sans marque diatopique (GLLF, TLF, Lar 2000) ou comme « région. (Provence) » (Rob 1985, NPR 1993-2000). Il semble bien, malgré ces dernières indications, que
le mot soit aujourd’hui très largement dérégionalisé (son emploi conservant toutefois
une connotation méridionale plus ou moins forte).
◇◇ bibliographie. BrunMars 1931 « bien connu du public français grâce aux écrivains méridionaux » ; RostaingPagnol 1942, 122 ; GebhardtOkzLehngut 1974 ; BonnaudAuv 1979 ; BouvierMars
1986 ; MartelProv 1988 ; BlanchetProv 1991 « passé en français commun » ; ArmanetBRhône 1993 ; FréchetDrôme 1997 « globalement bien connu » ; ArmKasMars 1998 ; MoreuxRToulouse 2000 (non connu des informateurs jeunes, le mot
a une connotation provençale pour les informateurs âgés) ; FEW 17, 474b, wala (avec cette note de Zumthor : « Très vivant, on a conscience, en l’employant, de parodier le langage marseillais »).
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96 : Ø.
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