gamate n. f.
1. 〈Surtout Haute-Savoie, Savoie, Isère, Drôme, Hautes-Alpes, Provence, Gard, Hérault, Aude, Aveyron,
Pyrénées-Orientales, Haute-Garonne (Toulouse), Ardèche, Pyrénées-Atlantiques〉 usuel "auge de maçon". Un bon maçon a toujours une gamate propre (TuaillonVourey 1983). J’ai acheté une gamate à Bricomarché (FréchetDrôme 1997).
— Dans un sobriquet, au m. Son mari, dit « le Gamate »[,] parce qu’il est aussi maçon (J.-P. Chabrol, La Banquise, 1999 [1998], 13).
— Par méton. "contenu de cette auge". J’ai fait qu’une gamate de mortier, ça ira bien pour ce qu’on a à faire (DucMure 1990).
2. Par anal. 〈Isère (La Mure), Provence, Hérault, Lozère〉 fam.
— "récipient ménager d’assez grandes dimensions (bassine, par exemple) ; par méton. contenu de ce récipient". Une gamate pleine de moules (CovèsSète 1995).
1. C’était un mystère fumant et vaporeux qui mijotait avec des « ploufs » sourds […]. Là-dedans, dans cette énorme gamate semblable de loin à un alambic, cuisaient ensemble : petites pommes de terre, son
et repasse […]. Ces gamates étaient touillées au bâton de temps à autre […]. (P. Magnan, La Biasse de mon père, 1983, 30.)
2. J’ai remis le pétard [= revolver] dans le tiroir en me promettant de l’apporter aux
copains, un de ces quatre jeudis, histoire de se payer des cartons dans la colline,
sur les pins, sur des bouteilles, sur des vieilles gamates. (J. Rambaud, Les Miroirs d’Archimède, 1985 [1983], 10.)
— "récipient ménager de petites ou moyennes dimensions (casserole, assiette, plat, etc.)". Stand. fam. gamelle. – [À table] Envoie ta gamate !
● Dans une comparaison chanter comme une gamate loc. verb. fam. "chanter faux" (BlanchetProv 1991). Stand. fam. chanter comme une casserole.
● 〈Hérault, Provence, Lozère〉 ramasser une gamate loc. verb. pop. "faire une chute" (PolverelLozère 1994). Stand. fam. ramasser une gamelle.
3. Au fig. péj. 〈Provence, Haute-Garonne (Toulouse), Aveyron.〉
3.1. "personne (notamment femme) usée, vieillie". Vieille gamate (Comm. de Cl. Martel).
3.2. "personne maladroite ; joueur médiocre ; chanteur médiocre". Stand. bon à rien.
3. – J’allais t’en demander [de l’argent], dit-il enfin. […] Je te le rendrai.
– Tu me le rendras quoi ? T’as jamais été qu’une gamate ! (T. Topin, Piano barjo, 1983, 161-162.) 4. – Mais éteignez donc toutes les loupiotes. C’est dans l’obscurité totale que cette
gamate aura une chance de faire un bon point. (Otello, Les Histoires humoristiques de la pétanque, 1984, 87.)
— Comme terme d’adresse. Va te coucher, gamate ! (NouvelAveyr 1978).
◆◆ commentaire. Type lexical méridional (dep. 1386 en Gironde « ii. gamadas pro coquina » Lv ; gamato "auge de maçon ou de plâtrier" Mistral ; non retrouvés dans FEW), d’où il a pu essaimer sporadiquement, au fil de
déplacements de maçons : en Anjou (où il est attesté au début du 20e s.), dans le français d’Algérie et dans le créole de La Réunion ; il est encore en
usage dans quelques parlers de Savoie et du Dauphiné (ALJA 1046*) et aussi de Lozère
(ALMC 1740*). Attesté dep. 1802 dans le français de Montpellier (« gamache ou gamate » Villa), gamate n’est pas pris en compte par les dictionnaires généraux contemporains et s’il est
parfois enregistré, au sens 1, comme terme technique, c’est avec une marque diatopique :
« gamatte [sic]. Nom donné à l’auge dans certaines régions » D. Galigand, « Lexique du plâtre », dans Banque des mots, n° 25, 1983, 92) ; il est emprunté à l’occ., avec adaptation phonétique. Les sens 2
et 3 ne sont pas documentés à date ancienne.
◇◇ bibliographie. (1.) VillaGasc 1802 ; RollandGap 1810 ; GabrielliProv 1836 "auge" ; VerrOnillAnjou 1908 gamatte ; JoblotNîmes 1924 ; BrunMars 1931 ; ChaudRéun 1974, 768 ; VincenzCombeL 1974, 47
"auge servant à ébouillanter le cochon" ; NouvelAveyr 1978 ; TuaillonVourey 1983 ; GermiLucciGap 1985 ; DucMure 1990 ; BlanchetProv
1991 ; CampsLanguedOr 1991 ; CampsRoussillon 1991 ; LangloisSète 1991 ; MazzellaPiedNoir
1989 et DuclosAlgérie 1992 ; FréchetAnnonay 1995 ; MazodierAlès 1996 ; FréchetDrôme
1997 ; ArmKasMars 1998 ; MoreuxRToulouse 2000 « régionalisme inconscient ». – (2.) BouvierMars 1986 ; DucMure 1990 ; BlanchetProv 1991 ; ArmanetBRhône 1993 gamatte ; PolverelLozère 1994 ; CovèsSète 1995 ; ArmKasMars 1998 ; RoubaudMars 1998, 48 ;
BouisMars 1999. – (3.) NouvelAveyr 1978 ; BouvierMars 1986 ; MazzellaPiedNoir 1989 et DuclosAlgérie 1992 ;
ArmKasMars 1998 ; MartelBoules 1998 ; BouisMars 1999 ; MoreuxRToulouse 2000 "personne maladroite" « régionalisme inconscient ».
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96. Taux de reconnaissance : (1) Ardèche, Haute-Savoie, 100 % ; Isère, 80 % ; Drôme, Savoie, 65 % ; Haute-Loire,
30 % ; Ain, Loire, Rhône, 0 %. (tous sens confondus) Hautes-Alpes, 100 % ; Alpes-Maritimes,
85 % ; Bouches-du-Rhône, 80 % ; Vaucluse, 65 % ; Alpes-de-Haute-Provence, Var, 50 %.
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