gardèche ou garlèche n. f.
〈Lot (nord), Limousin, Dordogne〉 usuel "petit poisson de rivière (vairon, ablette ou gardon)". Pêcher des gardèches ; omelette de gardèches (PierdonPérigord 1971). Les gardèches frétillantes (Chr. Signol, Marie des brebis, 1989, 77).
1. Avec les produits de la pêche : les truites farcies, aux truffes, les tanches et les
vives grillées, les gardèches et les goujons frits, les brochets à la broche, les carpes farcies ou en matelote,
les anguilles au vin rouge, les lamproies au sang. (Pays et gens de France, n° 12, la Dordogne, 10 décembre 1981, 4e de couverture.)
2. Nos ruisseaux étaient, aussi, riches de petits poissons : des gardèches, des vairons, parfois des loches ou des goujons. (G. Thévenot, Une Vie de Creusois, 1981, 47.)
3. Le Juge regrette sa province – le Limousin […]. Il donnerait tout […] pour manger
le pain de Saint-Éloi, boire le cidre sorti de la cave qui sentait la pomme toute
l’année et ouvrir une fenêtre mal jointe sur la prairie et le ruisseau, au fond duquel
sautaient les garlèches et les écrevisses glacées… (H. Dufour, Le Tournis, 1985 [1984], 252-253.)
4. […] j’écoutais, médusé, les exploits des pêcheurs dont les mains écartées évaluaient
les dimensions sans cesse croissantes des truites ou des brochets capturés dans la
merveilleuse Dordogne. Moi qui ne prenais que les gardèches ou les goujons des ruisseaux, je tentais de percer les secrets d’une telle virtuosité
dont je ne soupçonnais pas une seconde qu’elle pût être factice. (Chr. Signol, Bonheurs d’enfance, 1998 [1996], 47.)
□ Avec ou dans un commentaire métalinguistique incident. Tout petits poissons, appelés gardèches, qu’elle pêchait avec une ligne de fortune (M. Massalve, Marie du fond du cœur, 1998, 62).
5. […] certains termes font à ce point partie de la culture communautaire que beaucoup
de locuteurs, y compris parmi ceux qui ne connaissent pas le dialecte, les employent
en croyant qu’ils appartiennent au français officiel. C’est le cas, par exemple, de gardèche (= vairon) […]. (G. Gonfroy, dans B. Barrière et al., Limousin, 1984, 186.)
6. […] quant aux gardèches (gardons), ils [sic] se préparent encore en friture ou en omelette. (Les Maîtres cuisiniers de France,
Les Recettes du terroir, 1984, 294.)
7. […] les garlèches ne sont que des vairons, poissons insignifiants s’il en est ! (Cl. et B. Michelet,
Quatre Saisons en Limousin, 1992, 129.)
8. Dans la vase et le sable déposés par le courant grouillait toute une vie aquatique
composée de bestioles diverses : vers d’eau à la carapace rugueuse ; larves à l’aspect
peu engageant, des vairons appelés « garlèches » frétillaient doucement, se laissant porter par le courant avant de disparaître d’un
brusque coup de queue tandis que de leurs longues pattes, des araignées d’eau en sillonnaient
la surface dans un va-et-vient continu de gyroscope. (G. Marthon-Marchi, La Terre à ses sabots, 1994, 112.)
◆◆ commentaire. Types attestés dep. le 19e s., d’abord sous la forme gardèche en 1825 (« gardon, gardèche, espèce de poisson. Dites vairon » SaugerPrLim), en 1882 grelèche (F. Grabié, « Neptune et les pêcheurs d’Ussel », dans F. Delooz et A. Lanly éd., Poésies patoises de François Grabié, 1984, 25 ; non retrouvé enq. Lagueunière) et en 1893 sous la forme garlèche (Eygurande, F. Longy, Le Canton d’Eygurande (Corrèze), réimpr., Treignac, 35) ; cf. encore saint. (Montlieu) gardreiche (MussetAunSaint 3, 593) et La Guerdèche, nom d’une société de pêche de La Trimouille, dans la Vienne (La Nouvelle République du Centre-Ouest, 13 août 1997, 11). Dialectalismes d’extension et d’usage restreints (Ø Frantext et lexicographie référentielle), mais très vivants (v. enqDRF), au signifié peu fixé
et dont les signifiants restent tributaires de la variation du niveau dialectal, transférés
d’occ. gardescha (CreuseO. HVienne, Dordogne) et garlescha (LotN. Corrèze), types surtout caractéristiques du Limousin, du Périgord et du Lot
(FEW ; ALLOc 363 ; ALAL 576), cf. encore à Toulouse garlesque (MoreuxRToulouse 2000).
◇◇ bibliographie. FEW 17, 519a, *wardôn (à biffer FEW 21, 251a, cf. RLiR 56, 298) ; PierdonPérigord 1971, 101 ; GonfroyLim 1984, 186 ; BoisgontierAquit
1991 ; BoisgontierMidiPyr 1992.
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96. Taux de reconnaissance : (formes confondues) Creuse, Dordogne, 100 % ; Haute-Vienne,
85 % ; Gers, Gironde, Landes, Lot-et-Garonne, Pyrénées-Atlantiques, Hautes-Pyrénées,
0 %.
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