goûter v. intr.
〈Nord, Pas-de-Calais, Somme, Aisne, Oise, Moselle (est), Haut-Rhin〉 fam. [Le sujet désigne un aliment, une boisson] "être agréable au goût".
— Dans un tour impersonnel Ça goûte ? (CartonPouletNord 1991).
◆◆ commentaire. Cet emploi est courant dans le français de quelques aires du nord et l’est de la France,
ainsi qu’en Belgique (v. PohlBelg 1950 ; MassionBelg 1987 ; Hanse 1994 ; LeboucBelg
1998 ; DelcourtBelg 1999) et au Québeca. Cette dispersion, jointe à tel exemple du 19e siècle, qui ne semble pas marqué diatopiquement mais plutôt diastratiquementb, invite à y voir un archaïsme du français populaire. Dans l’est de la France toutefois,
où il est attesté av. 1852 (WolfFischerAlsace 1983), il est vraisemblable que cet
emploi, dénoncé comme un calque d’all. smecken dep. 1754 (« Cela vous goûte-t-il ? Cette soupe ne vous goûte pas » E. Mauvillon, Remarques sur les germanismes, 2e éd., 2, 186, v. WolfFischerAlsace 1983), est dû au substrat germanique. Seul des
dictionnaires généraux contemporains, NPR l’enregistre, avec la marque diatopique
« région. (Belgique et Canada) » comme verbe tr. dir. et indir.
a Avec cette réserve qu’au Québec le verbe ne s’emploie pas absolument, mais en emploi
tr. (ça goûte le brûlé, le sur…) ou intr. avec adv. (ça goûte bon/mauvais/meilleur que…) ; on notera par ailleurs que les premières attestations de ces emplois sont sous
la plume de puristes qui les condamnent comme anglicismes (Buies 1888 et Rinfret 1896,
tous les deux dans documentation TLFQ).
b Dans un emploi légèrement différent cependant, au sens de "plaire" : « lucette. – Ça vous goûte de m’embrasser ? gaudiband. – Oui, ça me goûte. lucette. – Allez ! si ça vous goûte » (Labiche, Un pied dans le crime, 1866, dans Théâtre, Paris, Robert Laffont, Coll. Bouquins, 1991, t. 2, 455 ; comm. de P. Enckell).
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96. Taux de reconnaissance : Moselle (est), 100 % ; Nord, 75 % ; Oise, 60 % ; Aisne,
50 % ; Haut-Rhin, 40 % ; Bas-Rhin, Pas-de-Calais, Somme, 0 %.
|