grand adj.
〈Surtout Haute-Savoie〉 usuel le grand beau loc. nom. m. "un très beau temps".
1. Au sud-ouest, tout est bien, il n’y a pas de ces écharpes fines que l’on voit traîner
parfois à droite de la pointe du Vallon. Aucun problème, c’est le grand beau. (M. Liotier, Celui qui va devant, 1974 [1968], 34.)
2. Tiens, regarde : tu vois ce rayon de soleil qui vient frapper le glacier des Bossons,
c’est le rayon jaune, il annonce toujours le grand beau ! (L. Tournier, Il était une fois la montagne, 1979, 85.)
— Par ell.
3. Je m’étire et me lève d’un bond. En une minute, me voilà habillée. Un coup d’œil à
la fenêtre : grand beau ! (M. Chatelain, Alpages, terres de l’été, 1996, 40.)
■ remarques. Moins usuel, sur ce modèle, le grand mauvais loc. nom. m. "un très mauvais temps". « – Luc, va vite accrocher les volets, il y aura demain le grand mauvais (la tempête) » (L. Tournier, Il était une fois la montagne, 1979, 85).
◆◆ commentaire. Ce tour, par ellipse de fr. grand beau temps (dep. 1875 en Suisse romande, v. LengertAmiel ; « cette formule, diffusée par les communiqués météorologiques, paraît se répandre en
France » GrevisseGoosse 1993, § 954 e 2° ; sans marque d’usage dans Rob 1985)a, dans lequel grand équivaut à un adverbe d’intensité (v. FEW 4, 224a, grandis, n. 3) est usuel dans le français de la Suisse romande (DSR 1997) mais aussi dans
celui de la Savoie voisine, malgré le silence des recueils différentiels concernant
cette région. Il est certain, en outre, qu’il ne s’y limite pasb. Cette situation est méconnue par les dictionnaires généraux contemporains, qui ne
mentionnent le grand beau qu’en référence à la Suisse : « régional » (Rob 1985 s.v. beau I A 2), « régional (Suisse) » (Rob 1985 s.v. grand III 4), « région. (Suisse romande) » (TLF).
a Le grand beau temps est attesté dep. 1922 dans Montherlant et Pourrat (Frantext).
b Cf. cet exemple concernant la Haute-Loire (Saugues) : « Le soleil tombait droit sur la cour, de rares nuages jouant avec ses rayons, ce qui
fit dire au pépé : – On aura le grand beau demain ! » (R. Sabatier, Les Noisettes sauvages, 1983 [1974], 32) ou cet autre, en contexte métaphorique, chez J. Cormier, dans R. Bastide,
J. Cormier, A. Blondin, Alcools de nuit, Paris, 1988, 171 : « Dans nos cœurs, il faisait grand beau ». Aussi le témoignage de J.-P. Chambon « depuis mon enfance [Clermont-Ferrand] comme fam. »
◇◇ bibliographie. DSR 1997 (avec bibliographie) ; LengertAmiel.
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96 : Ø.
|