gros-plant ou gros plant n. m.
〈Loire-Atlantique, Vendée〉 usuel
1. "cépage blanc de deuxième époque, productif, à grappes moyennes, compactes, à grains
moyens, sphériques, d’un blanc verdâtre à maturité". Stand. folle blanche.
1. Il faut relever qu’à la différence du Muscadet, les vendanges de Gros-Plant devraient avoir lieu presque à surmaturité, conformément à l’adage : « On ne vendange jamais les Gros-Plants assez tard. » La raison en est que la forte teneur naturelle du Gros-Plant en acidité se trouve plutôt équilibrée par une présence de pourriture. (J. de Malestroit,
dans Les Vins de Loire et les vins du Jura, 1979, 68.)
2. […] un cépage tout différent [du muscadet] appelé ici Gros Plant mais qui n’est autre que la Folle Blanche (alias Piquepoule). (M. Dovaz, Le Livre du vin, 1983, 32.)
2. "vin de ce cépage". Gros-plant sur lie. La verdeur océane du gros-plant (J.-Y. Nau, Le Monde, 30 avril 1994, 10).
3. J’ai envie qu’on nous apporte au lit deux douzaines d’huîtres de Belon, sur un napperon
de dentelle, avec du Gros Plant dans des verres de cristal de Bohême… et Garine me regarderait dans les yeux en trinquant
à nous seuls… L’Himalaya, quoi ! (B. et Fl. Groult, Il était deux fois, 1968, 355.)
4. – Des négociants en vin de Bernheim, en Alsace, qui trafiquent honnêtement leur sylvaner
au gros plant nantais. (D. Pennac, La Petite Marchande de prose, 1989, 40.)
5. […] le Gros-Plant, indissociable de l’histoire du vignoble [nantais] […]. Très prisé à Nantes et dans
les bars à huîtres de la capitale, il est souvent hélas ! délaissé par les vignerons.
C’est vrai qu’il est rustique, parfois trop acide […], mais il conserve un charme
évident, auquel ses vertus diurétiques reconnues ne sont pas étrangères. S’il n’est
pas un vin de dégustation, je ne pense pas que quelque autre, Muscadet compris, réussisse
mieux le mariage avec les huîtres : son caractère minéral et iodé fait merveille.
(Fr. Midavaine, Muscadet, 1994, 80.)
■ synonymes. pop. gros pète n. m. "id." (au sens 2). En prenant un verre de gros-pète, nous v’là partis à causer de la pluie et du beau
temps (H. Bouyer, L’Éclair, 28 décembre 1974, dans BrasseurNantes 1993).
◆◆ commentaire. Attesté dep. 1732 dans le français du Pays nantais (« deux petits cantons de vigne qui estoient non seulement remplys de rochers et de halliers
mais meslés de différents mauvais plants tant rouges, mauvais pineaux, que gros plants », Rennes, Arch. départ., ms C 1602, Supplique de Jan Legrand de La Coutais, concernant
Saint-Herblain, auj. Loire-Atlantique), 1779 (« Il n’y a que deux especes de plans, le muscadet et le gros plan, tout deux blans » Rennes, Arch. départ., ms. C 1601, Réponse concernant le Comté nantais, adressée
à l’Intendant de Bretagne). Plusieurs cépages ont été ou sont ainsi nommés, probablement
en raison de leur caractère productif, de plant "cépage" et gros "avantageux, productif" (plutôt que cépage au « pied épais et charnu », comme le suggère Fr. Midavaine, Muscadet, 1994, 36). Dans son emploi métonymique, le terme connaît une certaine dérégionalisation
(v. ici ex. 3-4), qui n’a toutefois que très imparfaitement touché les dictionnaires
généraux du français (Ø GLLF, Rob 1985 et NPR 1993-2000 ; TLF gros-plant s.v. plant) ; Lar 2000 gros-plant.
◇◇ bibliographie. RézeauCépages 1997 ; aj. à FEW 9, 22b, plantare, où n’est enregistré (au début du 20e siècle, dans le français de Nantes) que le sens métonymique "vin blanc très acide" (déjà EudelNantes 1884 "vin blanc de qualité inférieure").
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96 : Ø.
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