herbu n. m.
〈Basse-Normandie, Ille-et-Vilaine (nord)〉 "terrain herbeux de la baie du Mont-Saint-Michel, recouvert par la mer à marée haute".
1. La baie du Mont-Saint-Michel est un site ornithologique d’importance internationale
pour plusieurs espèces, migratrices et hivernantes, canards et petits échassiers en
particulier. Mais son intérêt n’est pas moindre au printemps et en été : plusieurs
espèces se reproduisent sur les herbus, et une colonie d’oiseaux marins existe à Tombelaine (accès interdit de mars à juillet).
(Ligue de protection des oiseaux, Où voir les oiseaux en France, 1989, 223.)
2. Alentour [du Mont-Saint-Michel] les fameux moutons de pré salé paissent à leur aise :
les herbus gagnent, en moyenne, entre 25 et 30 hectares par an. L’abbaye millénaire pourrait
bien un jour se dresser sur une vulgaire pelouse. (Le Monde, 11 décembre 1997, 13.)
3. À Vains [Manche], les trois agriculteurs-éleveurs retraités mettaient parfois leurs
bovins à paître sur les prés salés, quand le foin manquait à la ferme […]. La viande
des bovins qui paissent dans les herbus a d’ailleurs aussi, comme celle des moutons, un goût particulier. (BougyMtStMichel
1999, 29.)
— Au sing. à valeur collective.
4. Le Couesnon n’était plus là. Bousculé une fois de plus par l’assaut de la grande marée,
il avait été refoulé vers le Mont et divisé en plusieurs ruisseaux qui dessinaient
des lignes plus pâles sur l’étendue grise des sables. Parfois, le flot arrivait presque
à la digue et ses rouleaux envoyaient leurs embruns par-dessus la fragile muraille
jusque sur les terres cultivées. Plus loin, le sol se relevait, « l’herbu » régnait avec des trous ou « criches » et de verts espaces de christe marine, régal des « prés-salés » du pays. La mer, dans ces endroits, pouvait être encore à deux ou trois cents toises,
et sa colère, de ne pouvoir vaincre et envahir le plateau, faisait, du grondement
incessant, un véritable mugissement. (P. Lebois, Les Trois Amoureuses de Villeclaire, 1968, 305-306.)
5. Situés à la limite de la Bretagne et de la Normandie, les marais et les grèves* de la baie du Mont-Saint-Michel furent drainés et asséchés dès le xixe siècle. Transformés en polders très fertiles, ils sont envahis par « l’herbu », que paissent les moutons dits « de présalés » [sic]. (Pays et gens de France, n° 4, l’Ille-et-Vilaine, 15 octobre 1981, 4.)
□ Avec un commentaire métalinguistique incident.
6. D’Avranches au Mont-Saint-Michel, la route du bord de mer longe l’« herbu », prairie littorale où abondent les moutons de pré-salé, mais offre aussi de très
belles vues sur l’abbaye, étonnamment changeantes avec le temps et l’heure du jour.
(D. et M. Lizambard, La Grande Cuisine de Normandie, 1990, 72.)
◆◆ commentaire. Cet emploi substantivé, par ellipse de fr. terrain (ou terme du même paradigme) herbu "terrain couvert d’une herbe abondante", n’est pas pris en compte par la lexicographie générale et n’est pas documenté avant
1968 (v. ici ex. 4).
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96 : Ø.
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