les citations
lombarde n. f.
Savoie, Hautes-Alpes, Alpes-de-Haute-Provence, Alpes-Maritimes "vent qui souffle du Piémont".
1. Il le réveillait aux nuits d’automne, pour lui faire entendre le cri pathétique du grand-duc et les gémissements de la lombarde autour de la maison. (J. Proal, Où souffle la lombarde, 1943, 17.)
2. Le vent d’est, la lombarde, […] se manifeste, soufflant par les cols frontaliers depuis la Lombardie, lorsque se crée une dépression sur la France. Vent de type « föhn », générateur de pluie et de neige, la lombarde fut à l’origine des graves inondations dans les vallées alpines de juin 1957, en précipitant les dernières fontes de neige. (G. Collomb, dans Chr. Abry et al., Les Sources régionales de la Savoie, 1979, 45.)
3. Alors, dans le vallon solitaire, la lombarde se leva. Quand ce vent meugle comme une génisse dans les fonds de Chavailles, nul d’ordinaire n’est au-dehors pour l’entendre. C’est le vent à serrer le cœur, à faire se blottir les êtres et les animaux les uns contre les autres. Il souffle l’inutilité de vivre aux oreilles des malheureux. (P. Magnan, Les Courriers de la mort, 1986, 303.)
4. On compte en Savoie entre 140 et 160 jours de pluie par an […]. Ainsi les rives du lac Léman connaissent des hivers plus secs que la moyenne et des étés plus humides. Les précipitations sont en général apportées par le vent du sud-ouest, le sudois ; elles peuvent aussi survenir par régime de sud-est, lorsque souffle la « lombarde ». Les chutes d’eau, ou de neige, peuvent alors être considérables. (Gilbert & Gaillard, Les Vins de Savoie, 1991, 24.)
5. L’avalanche […] a tué quatre appelés du contingent et blessé sept autres personnes, dont deux militaires de carrière. […]. Les responsables des secours […] invoquaient jeudi soir la « fatalité » et assuraient qu’il n’y avait eu « ni erreur ni imprudence ». Les spécialistes font toutefois observer que la face nord-est de la Petite Ciamarella [dans le massif de la Vanoise] est sujette aux avalanches lorsque souffle la lombarde. (Le Monde, 7 septembre 1996, 12.)
6. – […] Ici, il n’y a pas de neige quand la Lombarde souffle et cet hiver, elle a soufflé souvent… (Témoignage recueilli aux Chapelles, Savoie, dans J.-N. et Ph. Deparis, La Place du village, 1998, 136.)
□ Avec ou dans un commentaire métalinguistique incident.
7. Le lombard ou la lombarde est le vent du Nord, car, à Nice, l’Italie est au nord, ne l’oublions pas ! Si ce vent froid, et en hiver glacial, sévit assez fréquemment sur la montagne niçoise, il n’atteint que rarement la Riviera, protégée par de multiples écrans de hauteurs. (A. Bernelle, « La rose des vents à Nice », Vie et langage, 1962, 334.)
8. Au grand calme de janvier (temps alcyoniens), succèdent des intempéries, de brusques explosions de mistral, […] des accès très violents de lombarde, ce vent du nord-est qui tombe sans prévenir du rebord des montagnes sur la mer et vient casser les mâts et déchirer les voiles. (J. Onimus, Les Alpes-Maritimes, 1999, 22.)
□ En emploi autonymique.
9. « J’ai souvenir d’un après-midi neigeux en Isère où le soleil illuminait le paysage enneigé et où retentissait, ouaté par la distance et la neige, le chant d’un coq. J’ai souvenir aussi de vents dont les noms étaient Lautaret et La Lombarde dans le Briançonnais. » (J. Lacarrière, Chemin faisant, 1996, 288, lettre d’une lectrice de 65 ans.)

morphologie. La forme lombard m. (ci-dessus ex. 7) est rare.
encyclopédie. Selon la région considérée, ce vent souffle du sud-est, de l’est ou du nord.
◆◆ commentaire. Attesté dep. 1810 dans le français de Gap (« Lombard (le) ou la lombarde. C’est ainsi qu’on nomme dans ce pays le vent d’est, parce qu’il vient de cette partie d’Italie qu’on nommait anciennement Lombardie. Ce vent est froid, presque toujours pluvieux ou accompagné de neige en hiver, et très-nuisible à la santé » RollandGap), 1874 en Savoie (« Le vent appelé lombarde ou lombard vient du Piémont », Primes d’honneur, 627), lombarde f. est entré dans les dictionnaires français dep. Lar 1962. Dans les patois (dep. 1877, Hautes-Alpes, FEW), ce type est implanté dans l’extrême sud de la Savoie, les Hautes-Alpes, le nord des Alpes-de-Haute-Provence, le nord des Alpes-Maritimes et l’est de la Drôme. L’emploi du mot comme n. f. s’explique peut-être par analogie avec d’autres vents comme matinière, traverse, traversière (mais non pas, en l’occurrence, par un suffixe ‑arda, comme l’indiquait Alleyne).
◇◇ bibliographie. ALFSuppl 242 ; M. Alleyne, « Les noms des vents en gallo-roman » dans RLiR 25 (1961), 418 ; ALJA 42* ; ALP 42 et 44 ; BessatGerMtBl 1991, 35 ; GermiLucciGap 1985 s.v. sisampe ; Rob 1985 « régional (Savoie) » ; TLF (« en Savoie », avec un ex. de Vialar (1953), tiré d’un roman situé à Saint-Véran, Hautes-Alpes) ; FEW 5, 160b, Langobardus, où le mot français est à ajouter (et 14, 256a, ventus).
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96 : Ø.