marcaire n. m.
〈Vosges, Haute-Saône (est), Haut-Rhin〉 "vacher des troupeaux d’estive dans les hautes chaumes du massif vosgien". Fermes-auberges tenues par les marcaires (Randonnée Magazine, mai 1992, 63).
1. Deux vieux garçons qui habitent là-haut, en montant sur le fort de Servance. Ils vivent
de leur métier de « marcaire » [en note : affineur de fromage], loin de tout. (J. Desgênes, La Grange du Hazard, 1949, 42.)
2. […] les marcaires alsaciens qui montaient au printemps[,] après la Pentecôte, les troupeaux de la vallée
pour les faire paître sur ces herbages généreux. (G. Remy, En cueillant les brimbelles, 1986, 34.)
3. […] les Hautes-Chaumes de la crête des Vosges sont surtout des pâturages. Sur l’herbe
rase des Ballons des Vosges, les hêtres sont penchés par le vent. Des vachers, ou
« marcaires », viennent tous les étés y fabriquer du fromage, le munster… (Découvertes et Randonnées Magazine, n° 1, 1995, 36.)
4. Le munster est le témoin de l’activité pastorale des marcaires du massif vosgien. Depuis des siècles, les éleveurs de vaches vosgiennes ont façonné
nos montagnes pour nous apporter un produit laitier typique et original. (La Liberté de l’Est, 19 octobre 1998, 3.)
5. Le troupeau s’annonce dans un assourdissant concert de clarines […]. Gabriel Resch,
veste rayée de marcaire, et sa fille Sarah, cinq ans, ouvrent la marche. La fillette a manqué la classe pour
participer à la migration montagnarde. (Dernières Nouvelles d’Alsace, 21 mai 1999, TE 1.)
— Dans les syntagmes menu/repas (de) marcaire.
6. C’était la plus longue randonnée qu’ils s’octroyaient, une fois par an, six heures
de marche aller-retour, entrecoupées de la suprême récompense que constituait le repas de marcaire à la ferme-auberge. (G. Schoettel, Les Cloches du Wiedenbach, 1995, 185.)
● En appos.
7. […] la ferme-auberge du Glasborn-Linge […] ne désemplit pas. […]. Le menu marcaire est un modèle du genre. (J. Lindecker, Fermes-auberges dans les Vosges, 1996,13.)
8. […] si son repas marcaire (copieux est un faible mot !) ne vous convient pas, Béatrice vous fera (presque)
tout ce que vous souhaitez. Il suffit de lui demander assez tôt, au téléphone […].
(J. Lindecker, Fermes-auberges dans les Vosges, 1996, 19.)
■ remarques. L’importance de l’activité pastorale des marcaires s’est considérablement réduite
et le terme appartient en partie à l’histoire et au folklore, comme en témoignent
notamment ces exemples qui concernent les Vosges saônoises (est de la Haute-Saône),
où le terme renvoie à un passé révolu : « La montée à l’alpage des marcaires était toujours un événement » (J.-Chr. Demard, Traditions et mystères d’un terroir comtois au xixe siècle. Les Vosges méridionales, 1981, 268) ; « Plus loin, […] la ferme des Breurey [sic, pour Beurey]. Située à 1 131 mètres d’altitude, elle est le dernier souvenir des marcaires » (J.-Chr. Demard, Le Guide de la Haute-Saône, 1990, 141).
◆◆ commentaire. Type lexical caractéristique de la montagne des Vosges, où il est attesté en français
dep. 1768 (« On fait le fromage cuit dans les chaumes [sic] construites sur les sommets applatis des plus hautes montagnes des Vosges […]. Le
terme de Markaire est consacré pour indiquer les pâtres qui ont soin des vaches, & qui préparent le
fromage, ainsi que ceux qui sont à la tête de ces établissements domestiques », Encycl., t. 27 in fine, Fromages de Gruieres, v. FEW) ; 1807 marcaire (MichelLorr). Entré dans les dictionnaires dep. Lar 1873, marcaire (emprunt à l’all. Melker "celui qui trait (les vaches)") est toujours marqué diatopiquement par les dictionnaires généraux contemporains :
« Dans les hautes Vosges » (GLLF), « régional (Vosges) » (Rob 1985), « région. (Vosges, vallée de Munster ; Haute-Saône) » (TLF) ; même type dominant dans les parlers lorrains (ALLR 992 ‘(le) vacher’).
◇◇ bibliographie. MichelLorr 1807 ; 1866 « maisonnettes de marcaires, basses et pauvres comme des huttes de Lapons » A. Delvau, « Du Pont des Arts au pont de Kehl », dans Le Voyage en France, Paris, 1997, t. 2, 631 ; ZéliqzonMoselle 1924 comme définissant de marcaÜre ; LanherLitLorr 1990 ; FEW 16, 549b, melker.
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96. Taux de reconnaissance : Bas-Rhin, 40 % ; Moselle (est), Haut-Rhin, 20 %. Le faible
taux de réponses positives de ce dernier département (enquêtes auprès d’étudiants)
indique que le mot est peu connu des jeunes générations.
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