marcairerie, marcairie n. f.
〈Surtout Vosges, Alsace, Haute-Saône (est)〉 "ferme d’estive dans les hautes chaumes du massif vosgien, où se fabrique traditionnellement
le munster".
1. marcairerie.
□ Avec ou dans un commentaire métalinguistique incident.
1. Quelques-unes des marcaireries, petits chalets de bois où l’on fabriquait le fromage, demeurent encore ; mais nombre
d’entre elles ont été transformées en auberges ou en gîtes, qui offrent aux promeneurs
des haltes confortables. (Pays et gens de France, n° 79, les Vosges, 28 avril 1983, 9.)
2. […] il s’agit de simples marcaireries, c’est-à-dire de fermes d’été, d’abris d’estive, comme on dirait dans d’autres provinces,
immergées dans la solitude, points brillants dans le moutonnement des « ballons ». (Pays et gens de France, n° 83, le Haut-Rhin, 26 mai 1983, 7.)
3. Fromage au lait cru, à pâte molle et à croûte lavée, le munster est fabriqué dans
les fermes des vallées de Munster, de Lapoutroie et d’Orbey appelées « marcaireries ». (É. de Meurville & M. Creignou, Le Guide des gourmands 1991, 1990, 249.)
2. marcairie. Au-dessus de la marcairie, refuge de la section de Thann du Club Vosgien construit
en 1925-26 (R. Oberlé, L. Sittler (dir.), Le Haut-Rhin. Dictionnaire des communes, t. 1, 1980, 197).
4. Le paysage bascula et[,] tournant le dos à la vallée de Masevaux, je découvris, en
son entier, celle de Saint-Amarin, là-bas, tout au fond. Et toute proche, entourée
de quelques grands chênes, la marcairie m’apparut, longue, basse, oasis dans un désert d’herbe rase et fauve. (R. Riblet-Buchmann,
Mon Pays vosgien, 1978, 59.)
5. Enfin, les habitués de la forêt de Saint-Antoine connaissent encore l’existence de
l’ancienne marcairie du Beurey : elle fut sans doute la dernière du genre. (J.-Chr. Demard, Traditions et mystères d’un terroir comtois au xixe siècle. Les Vosges méridionales, 1981, 267.)
6. […] l’une de ces 420 « marcairies » disséminées sur les hauteurs de la « grande » et de la « petite vallée » de Munster [Haut-Rhin]. Ces fermes, édifiées pour abriter bouviers et troupeaux durant
la belle saison, continuent pour une part à vivre au rythme de la transhumance. Depuis
plus d’un siècle, on a aussi pris contume [sic] de recevoir des hôtes dans des marcairies devenues fermes-auberges. (Dernières Nouvelles d’Alsace, éd. Strasbourg, 23 novembre 1986, RE 1.)
7. Les pommes de terre aux oignons et au lard constituent une spécialité de la vallée
de Munster. On la préparait autrefois dans les marcairies et l’on peut aujourd’hui la déguster dans les fermes-auberges. (S. Morgenthaler et al., Les Meilleures Recettes d’Alsace, 1992, 23.)
8. […] on laisserait les valises, ainsi que le plus gros rucksack*, dans la « ferme du bas » des Spenlé ; ceux-ci les monteraient le surlendemain dans la Juvaquatre [= nom d’une
voiture automobile], avec laquelle ils faisaient une fois par semaine la liaison entre
la marcairie [en note : ferme d’alpage dans les Hautes-Vosges] du Auf Bain et Metzeral. (G. Schoettel,
Les Cloches du Wiedenbach, 1995, 32.)
◆◆ commentaire. Attesté dep. 1701 (mercarerie, Liger, dans GLLF) ; 1732 dans le français des Vosges (« Il y a en Lorraine beaucoup de ces sortes de ménages qu’on donne à ferme avec les
troupeaux entiers ; & c’est ce qu’ils appellent des Mercareries » La Nouvelle Maison rustique, Paris, t. 1, 730, v. FEW) ; 1807 marcairerie (MichelLorr). Dérivé sur marcaire, avec le suff. ‑erie ; marcairie semble une haplologie secondaire, dans la mesure où marcairerie peut sembler fautif (comme mairerie pour mairie).
◇◇ bibliographie. MichelLorr 1807 ; Littré 1868 ; LanherLitLorr 1990 ; GLLF « Dans les Vosges » ; TLF « région. (Vosges) » ; Rob 1985 « régional (Vosges) », avec une définition inappropriée "local où l’on fabrique le fromage" ; FEW 16, 549b, melker.
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96. Taux de reconnaissance : Bas-Rhin, 40 % ; Moselle (est), Haut-Rhin, 30 %.
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