menée n. f.
〈Côte-d'Or (environs de Dijon), Franche-Comté〉 Souvent dans le syntagme menée de neige "amas de neige formé par le vent soufflant en tempête". Stand. congère. Synon. région. gonfle*. – Une menée de neige (R. Bichet, Un village comtois au début du siècle, 1979, 207.) Il y avait des menées aussi hautes que nous (P. Jeune, « La Félicie cause au Milo », Barbizier. Bulletin de folklore comtois, n.s., n° 19, octobre 1992, 303). S'empêtrer dans les menées (M.-Th. Boiteux, Les Renards cuisent au four, 1990, 173).
1. Tiens, c'est les coureurs qui r'descendent… […] Y veulent* tirer la langue pour monter au Rozet, ben dis donc, cte grimpée, pi y' a des sacrées
m'nées, l'hiver là !… (L. Semonin, La Madeleine Proust en forme, 1984, 43.)
□ Dans un commentaire métalinguistique incident.
2. Sur certains plateaux, comme ceux de Nozeroy et du Grandvaux, les effets de la neige
sont encore accrus par le vent très violent, qui forme de véritables murs de neige,
des menées. (Pays et gens de France, n° 89, le Jura, 7 juillet 1983, 33.)
■ remarques. Certains dictionnaires (Littré 1868 ; Lar 1874, 1903, 1931, 1963 ; GLLF 1975) enregistrent
menée comme un régionalisme franc-comtois dont le sens ("tempête de neige") diffère légèrement de celui relevé dans les glossaires régionaux des 19e et 20e siècles, où il est synonyme de congère (d'après DSR). Dans un curieux syncrétisme, Lar 1984 mentionne les deux acceptions,
donnant l'une comme un régionalisme franc-comtois ("En Franche-Comté, tempête mêlée de tourbillons de neige enlevée du sol") et l'autre comme un helvétisme ("En Suisse, synon. de congère"), tandis que Lar 2000 indique « Région. ou Suisse. Congère ».
◆◆ commentaire. Attesté en ce sens dep. 1644 dans le français de Suisse romande (Pierreh, v. TLF et
DSR), menée appartient à un type lexical attesté principalement dans les parlers dialectaux de
Belfort, du Doubs et du Jura (FEW ; aj. ALFC 65 ‘des congères’) et dans le français de Côte-d'Or et du Jura. Entré dans la lexicographie française
dep. 1868 comme terme du français de la Franche-Comté (Littré), il apparaît avec une
marque diatopique approximative dans la lexicographie contemporaine : GLLF « En Franche-Comté », avec exemple de Pergaud [1910] ; Rob 1985 « régional (Suisse, Franche-Comté) » ; TLF « région. (Suisse et Franche-Comté) », avec le même exemple de Pergaud que GLLF ; NPR 1993-2000 « région. (Suisse) » ; Lar 2000 « région. ou Suisse ».
◇◇ bibliographie. BeauquierDoubs 1881 ; VautherinChâtenois 1896 (dans la métalangue) ; CollinetPontarlier
1925 ; GrandMignovillard 1977 ; RLiR 42 (1978), 177 « Côte-d'Or, Franche-Comté » ; BichetRougemont 1979 ; DuraffHJura 1986 « usuel » ; DondaineMadProust 1991 ; DromardDoubs 1991 et 1997 ; TavBourg 1991 « usuel dans les environs de Dijon (surtout dans la Montagne) ; employé dans la presse
jusque dans les années 1960 » ; TrouttetHDoubs 1991 ; ColinParlComt 1992 ; RobezMorez 1995 « mot du Grandvaux, de Morbier, Chapelle-des-Bois » ; DSR 1997 (avec bibliographie) ; FEW 6/2, 102b, minare.
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96. Taux de reconnaissance : Bourgogne, 0 %.
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