les citations
montagnette n. f.
I. Provence, Hérault, Pyrénées-Orientales "relief montagneux de faible altitude". En face de chez moi, sur une montagnette (M. Rouanet, Dans la douce chair des villes, 2000, 31).
1. Depuis trente ans j’offre à mes abeilles des hivers douillets dans les tièdes montagnettes des Maures et de l’Esterel, toutes fleuries d’arbousiers, de romarins, de mimosa et de bruyère. (M. Scipion, L’Homme qui courait après les fleurs, 1984, 14.)
2. Au-delà des pinèdes et des chênaies s’étendent les garrigues et les maquis, les collines et les montagnettes. (M. Biehn, Couleurs de Provence, 2000 [1996], 95.)
3. […] une montagnette où dégringole la limpidité d’une cascade. (M. Fillol, Petites Chroniques des cigales, 1998, 21.)
— Au sing. à valeur générique.
4. Géographiquement, l’enchantement est indicible, surtout si vous montez au donjon. Au fond du paysage, au sud, vous contemplez le Canigou […]. À l’est, vous apercevez le miroir gris des marais et de l’étang, puis la vaste nappe verte de la Méditerranée […]. Au nord, vous découvrez les longues et calmes ondulations des Corbières […]. Dans la même vision, vous réunissez la forteresse et le village, la haute montagne et la montagnette, la mer et l’étang […]. (A. Comte, Au village de mon enfance, 1994, 22-23.)
remarques. Dans le quart sud-est de la France, le terme est aussi un oronyme, notamment dans les Bouches-du-Rhône où la Montagnette désigne un massif de collines entre la Durance et Tarascon (« Les paysages des Alpilles et de la Montagnette » D. Bottani, Le Guide des routes de l’olivier, 1996, 160 ; cf. MichelDaudet, 161) ; v. encore La Montagnette, montagne de la commune des Crottes (Dictionnaire topographique des Hautes-Alpes, 1884, 96).
II. Haute-Savoie, Savoie, Hautes-Alpes, Drôme "alpage de basse altitude (environ 1500 m) ; par méton. construction sur cet alpage, permettant un séjour temporaire (synon. région. chalet*)".
5. […] lorsque l’altitude du village était trop élevée pour que l’on puisse s’adonner à la culture à proximité de la maison, il arrivait que la famille montât accompagner les bergers sur la « montagnette ». Tout le monde y séjournait neuf mois de l’année, comme en Guisane, par exemple, afin de bénéficier d’un ensoleillement meilleur que dans le fond de la vallée, et l’on pratiquait alors une agriculture d’altitude. (Pays et gens de France, n°35, les Hautes-Alpes, 19 mai 1982, 12.)
6. Chacun de ces pâturages intermédiaires, qu’on appelle des « montagnettes », est pourvu d’un chalet*, sommairement aménagé, où les bergers peuvent s’abriter et fabriquer les fromages. (Pays et gens de France, n° 43, la Savoie, 5 août 1982, 8.)
encyclopédie. V. Jean Robert, « Un habitat temporaire. Les montagnettes dans les Alpes françaises du Nord », dans MélangesBénévent 1954, 167-182.

◆◆ commentaire. Dérivé sur fr. montagne avec le suffixe diminutif ‑ette, attesté en français dep. le début du 15e siècle (montaignete Boucicaut, dans Littré), le mot est déclassé à partir du 18e s. (« plus en usage dans le style sérieux » Trév 1721-1771) et encore au 20e s. (« paraîtrait ridicule » Dauzat ; « inusité, très littéraire » Bonnerot ca 1948, tous les deux dans FEW). On le trouve pourtant à la fin du 19e siècle en Suisse romande, chez Amiel (dep. 1865, LengertAmiel ; 1866, Frantext) et en Provence chez Daudeta (dep. 1869, Frantext), au sens I, le sens II n’étant attesté dans le français de Savoie que dep. 1936 (FEW ; dep. le fin du 19e s. dans Amiel, op. cit.). Les dictionnaires généraux contemporains enregistrent ces sens avec beaucoup d’approximation : (I) sans marque diatopique (« fam. » GLLF ; NPR 1993), ou comme « région. (surtout Sud-Est de la France) » (Rob 1985) ou encore « fam. » (NPR 2000), dans tous les cas avec un exemple d’A. Daudet ; Ø TLF ; FEW 6/3, 101b, * montanea. (II) Ø Rob 1985, NPR 1993-2000, Lar 2000 ; GLLF « dialect. [sic] » ; TLF « région. (Alpes) »b.
a Où il s’agit peut-être d’un emprunt à pr. mountagneto (Mistral).
b Malheureusement, des deux exemples cités à l’appui de ce sens, l’un, de Amiel, correspond au sens I ici analysé et l’autre, de Daudet, au toponyme des environs de Tarascon (v. Rem. ci-dessus).
◇◇ bibliographie. TuaillonSurv 1983, 21 ; GagnySavoie 1993 ; LengertAmiel 1998 ; BessatGerMtBl 1991 ; FEW 6/3, 103b, *montanea.
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96 : Ø.