novi [ˈnɔvi] n. m. et f.
〈Drôme, Hautes-Alpes, Provence, Gard, Hérault, Ariège, Haute-Garonne, Tarn, Tarn-et-Garonne,
Lot, Aveyron, Lozère, Ardèche, Puy-de-Dôme, Creuse〉 vieilli, fam. "fiancé(e) ; marié(e) du jour ; nouveau marié, nouvelle mariée".
1. Et figurez-vous que ma mère [couturière] avait fermé le dos [d'une robe de mariage]
tout le long par des agrafes anglaises, qu'y en avait vingt-et-une ! Les gens rigolaient :
– Hé ben, le novi, ce soir il aura du travail ! (Th. Monnier, Madame Roman, 1998 [1957], 23.) 2. – Bé, tu sais, Marius, c'est pas que je veux te faire des compliments, il est un peu
bien réussi, ton civet ! Et la viande, elle est tendre comme la cuisse d'une novi. (M. Stèque, L'Arbre du mensonge, 1980, 260.)
3. […] la mère du novi, corsetée à mort et portant un chapeau qui impose silence mais qui a de la peine à
émerger d'un taxi sans se froisser. (P. Magnan, L'Amant du poivre d'âne, 1988, 216.)
4. Il est bientôt dix heures et le « novi » n'est pas encore là ! Se serait-il dédit ? (G. Marthon-Marchi, La Terre à ses sabots, 1994, 226.)
5. Le « novi » referme sa liste de mariage qu'il fourre dans un tiroir déjà bien encombré. (Ph. Carrese,
Tue-les, à chaque fois, 1999, 132.)
— Souvent au pl. "couple de fiancés, de mariés du jour, de nouveaux mariés". Nous bavardons comme des novis (G. Del Pappas, Massilia dreams, 2000, 44.)
6. Les jeunes gens, qui n'avaient pas osé saluer à coups de fusil l'étranger que la fille
épousait, essayèrent d'offrir le pot de chambre avec crottes en chocolat baignant
dans du vin blanc […]. D'ordinaire, ils montaient jusque dans la chambre des « novi » en pleine nuit, mais ce soir-là, ils furent furtivement admis à présenter leur facétie
douteuse dans la véranda surchauffée […]. (G. J. Arnaud, Les Moulins à nuages, 1988, 154-155.)
7. Au premier rang […], il y avait deux jeunes gens qui ne participaient pas à l'allégresse
générale. Ils se tenaient par la main. Des fiancés, ou des jeunes mariés. Les deux
« novi » avaient l'air ému. (Y. Audouard, Lettres de mon pigeonnier, 1991, 26.)
8. En cadeau de mariage, mes parents avaient reçu de la part du berger du mas de Toulouse,
de la laine brute de mouton, de quoi confectionner un épais matelas pour des « novi » […]. (G. Ginoux, Gens de la campagne au Mas des Pialons, 1997, 128.)
9. – Vive les mariés !… Vive les nòvis !… […] La noce avait été toute simple, une noce de quartier, célébrée par l'adjoint
au maire. (M. Albertini, Les Merdicoles, 1998, 147.)
● par plaisanterie.
10. La salle des Pénitents Gris [à Châteaurenard, Bouches-du-Rhône] était dernièrement
le cadre d'un événement beaucoup plus rare, avec les noces de palissandre : 65 ans
de mariage, de M. et Mme Lucien Reynaud. / Très connus et estimés […], les « novis » étaient entourés de nombreux parents et amis. (La Provence, éd. Arles, 14 avril 1999, 7.)
■ prononciation. La graphie nòvi (v. ici ex. 9) indique que l'accent est sur la pénultième ; la prononciation [nɔ ;bit] s'entend dans l'Aude et l'Ariège (BoisgontierMidiPyr 1992).
■ morphologie. À l'écrit, l'absence de marque du féminin (v. ici ex. 2) ou du pluriel (v. ici ex. 6-8)
indique un transfert encore non adapté. Mais dans le Puy-de-Dôme et la Creuse, le
féminin (et le masculin) est novie/novye. Par ailleurs, en français de Toulouse, le mot conserve « la marque de féminin occitane [nobio], ce qui est exceptionnel » (MoreuxRToulouse 2000).
■ variantes. 〈Aveyron, Aude, Pyrénées-Orientales, Haute-Garonne〉 nobi ['nɔbi]. « Alors les nobis, ça boume ? » (NouvelAveyr 1978) ; « Tu as vu les nobis, comme ils étaient habillés ; vraiment ça leur allait très bien » (CampsRoussillon 1991).
◆◆ commentaire. Emprunté, sans adaptation accentuelle, à l'occ. novi, ‑ia "nouveau marié, nouvelle mariée ; fiancé(e)" (dep. 14e s. Rn ; Lv), nobi, ia (dep. 14e s., Bonis), le mot est attesté dep. 1861 (Mège) en français, où les modalités de
son transfert (v. les remarques ci-dessus) montrent que son origine est souvent consciente.
Il est absent de la lexicographie générale.
◇◇ bibliographie. MègeClermF 1861 novie ; PépinGasc 1895 nôbie ; BrunMars 1931 ; SéguyToulouse 1950 nobi ; BonnaudAuv 1976 novye ; NouvelAveyr 1978 nòbi ; SabourinAubusson 1983 et 1998 novi, ‑ie ; GermiLucciGap 1985 ; BouvierMars 1986 ; MartelProv 1988 ; BlanchetProv 1991 ; CampsLanguedOr
1991 nobi, novi ; BoisgontierMidiPyr 1992 nobi(t) ; CouCévennes 1992 ; MazaMariac 1992 ; ArmanetBRhône 1993 ; PotteAuvThiers 1993 novye ; CovèsSète 1995 novis pl. ; FréchetAnnonay 1995 novis pl. « globalement connu » ; GermiChampsaur 1996 ; MazodierAlès 1996 ; FréchetDrôme 1997 novis pl. « globalement connu » ; ArmKasMars 1998 ; MoreuxRToulouse 2000 nobi « occitanisme conscient » ; FEW 7, 209b-210a, *novius.
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96. Taux de reconnaissance : Hautes-Alpes, 100 % ; Bouches-du-Rhône, Var, Vaucluse, 80 % ;
Alpes-de-Haute-Provence, 50 %.
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