os n. m.
I. 〈Aude, Haute-Garonne, Limousin, Dordogne〉 vieilli "partie centrale et dure dans un fruit". Stand. noyau.
II. 〈Hérault, Provence, Aude, Pyrénées-Orientales, Ariège, Haute-Garonne, Tarn, Tarn-et-Garonne,
Aveyron, Dordogne, Lot-et-Garonne, Hautes-Pyrénées, Pyrénées-Atlantiques, Landes,
Gironde〉 os bertrand ou os-bertrand loc. nom. m., Souvent par plaisanterie, vieillissant "sacrum, coccyx".
— 〈Landes, Gironde〉 rural "sternum du porc".
1. Et puis Victor [le tueur de cochon], armé de la hachette et d’une scie, détache l’os bertran, le sternum que ma mère aussitôt se met en devoir de cuire à la poêle. (G. Laporte-Castède,
Pain de seigle et vin de grives, 1989, 199.)
□ Dans un énoncé définitoire.
2. os bertram. – C’est le sternum que le tueur enlève en premier à la découpe, aussitôt après avoir
retiré la tripaille. Il est tout de suite mis à griller sur la braise comme gourmandise.
(A. Aviotte, Artichaut, 1996, 42.)
■ graphie La graphie des exemples indique une prononciation respectivement [bɛʁtran] et [bɛʁtram].
◆◆ commentaire.
I. Attesté en aocc. (ca 1300 Lv) et dans le français de référence pendant deux siècles (Huls 1596-Trév 1771),
ce sens n’est relevé aux 19e et 20e siècles que dans les parlers de certaines régions (Haute Bretagne, Centre, Saône-et-Loire,
Loire, Isère, Drôme, Gard, Aude, Haute-Garonne, Lozère, Auvergne, Périgord, Gascogne) ;
on le retrouve dans le TLF, sans marque, mais avec un exemple de Valéry 1903 qui ressortit
au français du Languedoc. Il survit aujourd’hui dans le français de quelques aires
dispersées du Sud-Ouest.
II. Type lexical relevé à Carcassonne au 16e s. et en Béarn dep. 1545, attesté dans le français de Montpellier dep. 1578 ("os iliaque" Joubert, v. DDL 19). Entré dans Cotgr 1611, os bertrand ne semble pas avoir pénétré la langue générale et n’a pas d’autre tradition lexicographique
française, mais il s’est maintenu en zone occitane (en français et en occitan) avec
le sens de "sacrum" : VillaGasc 1802 ; JBLGironde le dénonce en 1823 (« os bertrand. Dites, l’os du croupion, ou os sacrum »), et il est attesté aux 19e et 20e s. à Tarbes, dans le Tarn, l’Aude, le Roussillon, le Cantal, la Haute-Loire et la
Lozère (ALG 1240 ; ALMC 1302 ; ALLOr 1319) et en Provence. Il semble aujourd’hui en
usage surtout à l’ouest d’une diagonale Bordeaux-Narbonne. L’origine du mot est mal
établie. Bertrand ayant été le surnom du singe (dep. 1609, v. DDL 44), on peut conjecturer, à la suite
de Mistral, que « comme le singe montre son croupion à découvert, il est probable que l’os bertrand a pris de lui son appellation ».
◇◇ bibliographie. (I) 1606 « Les Pesches […]. Il y en a de deux sortes, masle & femelle : La femelle laisse l’os
facilement » (J. Du Chesne, Le Portraict de la santé, Paris, 396) ; DesgrToulouse 1766 ; AnonymeHippolyteF ca 1800 ; VillaGasc 1802 ; SajusLescar 1821 ; JBLGironde 1823 ; SievracToulouse 1836,
269 ; PépinGasc 1895 « pop. » ; JoblotNîmes 1924 ; SéguyToulouse 1950 ; CampsLanguedOr 1991 ; MoreuxRToulouse 2000
« connu surtout des plus de 60 ans » ; FEW 7, 430a, os. – (II) JBLGironde 1823 ; AnonymeToulouse 1875 ; BrunMars 1931 ; EsnaultArgot 1965 ; Chr. Anatole,
« Statut du texte occitan dans un traité de médecine du xvie siècle », Via Domitia 20-21 (1978), 4-12 (11-12 « Note sur le vocabulaire gynécologique du gascon » par J.-Cl. Dinguirard) ; RLiR 42 (1978), 179 ; GonthiéBordeaux 1979 ; M.-J. Brochard,
« Une source du dictionnaire de Randle Cotgrave (1611) : les Erreurs populaires de Laurent Joubert (1578) », Z 106, 225-288 ; BlanchetProv 1991 ; BoisgontierAquit 1991 ; CampsRoussillon 1991 ;
LangloisSète 1991 s.v. Bertrand ; SuireBordeaux 1991 et 2000 ; BoisgontierMidiPyr 1992 ; Rézeau Garona 11, 27-32 ; MartelBoules 1998 s.v. bertrand « vitalité encore assez forte » ; RoubaudMars 1998, 82 ; MoreuxRToulouse 2000 ; FEW 15/1, 98b, Bertrand.
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96. Taux de reconnaissance : (I) Creuse, 70 % ; Dordogne (nord), Haute-Vienne, 40 % ; Corrèze, 30 %. (II) Hautes-Pyrénées, 100 % ; Haute-Garonne, 75 % ; Gironde, 60 % ; Ariège, Aveyron,
Pyrénées-Atlantiques, 50 % ; Pyrénées-Orientales, Tarn, 40 % ; Tarn-et-Garonne, 30 % ;
Lot-et-Garonne, 20 % ; Gers, Landes, 0 %.
|