pan n. m.
1. 〈Hautes-Alpes, Provence, Gard, Hérault, Aude, Ariège, Haute-Garonne, Tarn, Tarn-et-Garonne,
Lot, Aveyron, Lozère, Dordogne, Lot-et-Garonne, Gers, Hautes-Pyrénées, Pyrénées-Atlantiques,
Landes, Gironde〉 "mesure traditionnelle équivalant à la distance de l’extrémité du pouce à celle de
l’auriculaire, lorsque la main est ouverte, soit environ 20 à 25 cm". Stand. vieilli empan.
1. – […] Des tuiles vieilles, même un peu cassées, longues de trois pans ! On n’en trouve plus, des comme ça… (M. Pagnol, Jean de Florette, 1995 [1963], 740.)
2. Perpendiculairement à la base de chaque plant de cardon, mon père creusait une tranchée
de trois pans de profondeur. (G. Ginoux, Dernier labour au Mas des Pialons, 1994, 152.)
3. Une vieillarde de deux siècles empoigne son face à main, se le colle sur le nez et
sa tête à rides s’avance d’un bon pan dans notre direction, comme font les serpents. (Y. Rouquette, La Mallette, 1994, 111.)
— Dans le syntagme pan de boudin/de saucisse.
4. Il [l’instituteur] recevait aussi quelques présents […]. De décembre à février, ce
fut le cadeau du cochon. À chaque bête tuée dans les familles correspondait le morceau
du régent : une tranche de filet, un morceau de pâté ou un pan de boudin. (P. Gamarra, Le Maître d’école, 1994 [1955], 89-90.)
5. Louise offrait du miel de ses ruches et des fromages blancs comme on n’en trouve plus.
Marthe donnait trois pans de saucisse, un gros morceau de lard. (Marie-Paule Grégoire, « La foire », Revue du Rouergue 32, 1978, 41.)
6. Pour aller à pied au Puech de l’Oule […], ils avaient préparé le pique-nique : un
pan de saucisse, une miche de pain, du Roquefort. (La Cuisine traditionnelle à Millau, 1981, dans BoisgontierMidiPyr 1992.)
— Dans des loc. adj. stéréotypées, pour indiquer une longueur supérieure à la normale.
7. Toute la journée, ils [les chasseurs] ont couru derrière la meute. Vingt kilomètres
au moins et aucun résultat. Les chiens tirent une langue de trois pans. (H. Abert, Le Saut-du-diable, 1993, 91.)
● figure (ou terme du même paradigme) de six pans (de long). Faire un mourre* de six pans (BlanchetProv 1991).
8. Ecoute, il faudrait sortir de ton trou, te bouger, arrêter de tirer une gueule de six pans de long, ne plus t’engager dans des histoires sans issue. (Cl. Courchay, Quelqu’un, dans la vallée…, 1998 [1997], 205.)
9. Avec des brègues [= moues] de six pans, devant le sac de Julia recouvert de perles clinquantes, elle s’exprimait avec acidité
en faisant remarquer, « C’est une démesure », en pointant son doigt sur le sac. (M. Fillol, Petites Chroniques des cigales, 1998, 34.)
2. 〈Aude, Pyrénées-Orientales, Ariège, Haute-Garonne, Tarn, Tarn-et-Garonne, Lot, Aveyron,
Lozère, Dordogne, Lot-et-Garonne, Gers, Hautes-Pyrénées, Pyrénées-Atlantiques, Landes,
Gironde〉 pan de nez loc. nom. m. "pied de nez", notamment dans la loc. verb. faire le pan de nez à qqn.
10. […] vous fuyez déjà les gendarmes […] et leur faites le pan de nez à l’abri d’une haie en fleur. (M. Mauron, Le Quartier Mortisson, 1967 [1951], 14-15.)
◆◆ commentaire. 1. Terme caractéristique du Midi de la France, usuel au sud d’une ligne de Bordeaux
à Digne, en dépit des mises en garde des puristes au long des 18e et 19e siècles et malgré la marque « vx » de Rob 1985 ; entré dans les dictionnaires du français dep. Trév 1704 (« pan, est aussi mesure de Languedoc, & de Provence »), il y figure toujours, avec une marque diatopique plus ou moins précise : « régional (Provence) » (Rob 1985), « dans le Midi de la France » (TLF). Aphérèse d’afr. espan (auquel s’est substituée la forme empan), le mot est attesté dep. ca 1200 (Aliscans, v. TLF) et dans le sud de la France au 16e s. (Bordeaux, Toulouse, Provence, v. FEW) ; v. encore Affre, 339a [un tableau commandé
pour l’église de Cassagnes-Bégonhès devait avoir] « huit pans ou plus de largeur et dix pans ou plus de hauteur » (1623). 2. Lexie attestée dep. 1766 dans le français de Toulouse (« Un Gascon qui s’y [Paris] trouveroit diroit un pan de nez, & feroit rire » Desgrouais).
◇◇ bibliographie. (1.) PellasAix 1723 « pan, mesuro, m. Empan, ou pan » ; DesgrToulouse 1766, 162 ; Fér 1788 ; VillaGasc 1802 ; RollandGap 1810 ; SievracToulouse
1836, 152 « sur cent habitants du midi, 95 disent et écrivent, un pan […] au lieu de dire, un empan » ; AnonymeToulouse 1875 ; PépinGasc 1895 ; MussetAunSaint 1938 ; SéguyToulouse 1950 ;
BlanchetProv 1991 ; BoisgontierAquit 1991 ; CampsLanguedOr 1991 ; BoisgontierMidiPyr
1992 ; SalmonLyon 1995 « jadis » ; MazodierAlès 1996 ; RoubaudMars 1998, 62 ; MoreuxRToulouse 2000 ; FEW 17, 163b, *spanna. – (2.) DesgrToulouse 1766, 162 ; VillaGasc 1802 ; RollandGap 1810 ; PépinGasc 1895 ; SéguyToulouse
1950 ; BoisgontierAquit 1991 ; CampsLanguedOr 1991 ; CampsRoussillon 1991 ; BoisgontierMidiPyr
1992 ; MoreuxRToulouse 2000 ; aj. à FEW 17, 163b, *spanna.
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96. Taux de reconnaissance : (1) Ariège, Haute-Garonne, 100 % ; Aude, 90 % ; Alpes-de-Haute-Provence, 80 % ; Tarn,
75 % ; Hérault, Tarn-et-Garonne, Var, Vaucluse, 65 % ; Alpes-Maritimes, 65 % ; Hautes-Alpes,
Aveyron, 50 % ; Gard, 45 % ; Bouches-du-Rhône, 40 % ; Lozère, 30 %. (2) Pyrénées-Orientales, 35 %.
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