les citations
patin n. m.
Lorraine, Loire (Saint-Étienne) usuel Le plus souvent au pl. "chausson d’intérieur". Stand. pantoufle. – Une paire de patins tout neufs (J. Desgênes, La Grange du Hazard, 1949, 135). Mets tes patins, j’ai ciré le plancher ! (RoquesNancy 1979). Quand il rentre, le chien lui apporte ses patins (MichelNancy 1994).
1. On le [l’épicier] voyait les matins d’hiver frisquets installer les cagettes à l’extérieur du magasin, pied-nu [sic] dans ses vieux patins ; l’été, dès les premiers pépiements dans les branches, il posait ses filets sur les fruits et les légumes pour les protéger. (MartinLorr 1995, 49-50.)
2. « […] J’ai mis les patins aux pieds de mes enfants et on est descendu », raconte cette mère de famille. (L’Est républicain, éd. Nancy, 27 décembre 1999, 2.)
□ Avec ou dans un commentaire métalinguistique incident.
3. […] je me dis : « Eh ! bien, si Maman pouvait me voir en ce moment ! » Et je l’imagine remontant des courses, en pantoufles – on dit « en patins » chez nous –, obligée de s’arrêter au coin de la fontaine pour s’essuyer le front avant d’attaquer le raidillon. (A. Perry-Bouquet, Un petit cheval et une voiture, 1997 [1966], 121-122.)
4. La tante Joséphine passe au moins une fois par jour à la maison, son panier au bras. / Elle est chaussée de ses éternelles charentaises[,] « mes patins », dit-elle, par-dessus lesquelles elle enfile[,] quand le temps est à la pluie, des caoutchoucs « à l’Aigle ». (R. Harrburger, Du pain avec du chocolat, 1995, 96.)
5. À Flainval [Meurthe-et-Moselle], M. Roger Gérard se souvient : « À la veillée, on était une quinzaine assis en cercle à même le sol avec une couverture sur les genoux. On avait un patin (mot bien lorrain et franc-comtois désignant une pantoufle) qu’on faisait passer non sans chatouiller au passage les cuisses de sa voisine. Celui qui était au milieu devait trouver à qui appartenait le patin. » (La Mémoire de la terre au pays du Sânon, 1996, 280.)

dérivés. Lorraine usuel patinette n. f. Le plus souvent au pl. "petite pièce de tissu sur laquelle on avance en glissant, pour protéger un parquet ciré". Stand. patin. « Après la messe, il fallut aider la sœur à faire le ménage […]. La sœur étala une couche de cire sur le lino, puis ordonna de passer les “patinettes” » (Fr. Martin, Le Temps des vacances, 1990, 72). – RoquesNancy 1979 ; MartinVosges 1993 ; MichelNancy 1994 « usuel » ; aj. à FEW 8, 33a-b, patt–, où le mot manque en ce sens.
◆◆ commentaire. Fr. patin "chaussure à semelle épaisse" (dep. 1260, Estienne Boileau, v. TLF) a désigné selon les lieux et les époques diverses chaussures ; c’est dans la 2e moitié du 19e siècle qu’on voit apparaître le sens de "chausson d’intérieur" dans plusieurs régions (Centre, Morvan, Lorraine, Lyonnais) ; seul, semble-t-il, le français de Lorraine et celui de la région stéphanoise ont conservé ce sens jusqu’aujourd’hui. Par ailleurs, lorsque patin a pris en fr. le sens de "pièce de tissu sur laquelle on avance sur un parquet en glissant" (dep. 1933, Malègue, v. TLF), le fr. de Lorraine a développé patinette en ce sens. L’un et l’autre mot sont absents des dictionnaires généraux contemporains aux sens ici indiqués.
◇◇ bibliographie. JaubertCentre 1864 ; ChambureMorvan 1878 ; PuitspeluLyon 1894 patins pl. ; DornaLyotGaga 1953 « couramment employé » ; RoquesNancy 1979 ; MartinVosges 1993 ; MichelNancy 1994 ; MartinLorr 1995, 19 ; PlaineEpGaga 1998 « encore utilisé » ; FEW 8, 32b, patt.
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96 : Ø.