pive n. f.
1. 〈Doubs, Jura, Haute-Savoie, Savoie〉 usuel Le plus souvent au pl. "cône des conifères, et particulièrement de l’épicéa, formé d’écailles ligneuses qui
protègent les graines". Synon. région. babet*, pigne*, pine*, sapinette*. – Ramasser des pives (M.-Th. Boiteux, Les Renards cuisent au four, 1990, 79).
1. Avant de partir, il enfila les douilles dans un trou de mulot, enfonça une « pive » par-dessus et reboucha avec de la terre meuble. (R. Vuillemin, La Chasse aux doryphores, 1989, 292-293.)
2. Il abandonna l’univers des fourmis rouges non sans emporter malgré lui, quelques ouvrières
sur ses godillots cloutés et quelques pives qu’il lançait alentour dans les buissons épais. (M. Vuillemin, La Mort de Fany, 1994, 50.)
3. […] un soleil dont les rayons explosaient comme un feu d’artifice avant de mourir
en écus d’or sur les épaules décorées des pives des sapins rassemblés comme pour une gigantesque fête. (M. Dussauze, Le Pont du lac Saint-Point, 1995, 191.)
4. Elle alla trouver la mariée […] et lui offrit un rameau d’épicéa orné d’une pive rouge. (L’Almanach du Franc-Comtois 1998, 1997, 117.)
— Dans les syntagmes pive de pin / de sapin.
5. De retour chez lui, sans attendre, Alexandre s’était accroupi devant le foyer. Une
brassée de ramilles et quelques pives de pins éclairèrent soudain la pièce. (A. Arnoux, La Vigne au loup, 1996, 50.)
■ dérivés. 〈Jura〉 pivot n. m. "id." (DuraffHJura 1986) ; n. f. 〈Haute-Savoie〉 pivote "id." (GagnySavoie 1993).
2. 〈Surtout Haut-Doubs〉 par plaisanterie "ressortissant de la Confédération helvétique". Les Pives ont un tout petit pays… Mais ils en sont très fiers ! (DromardDoubs 1991).
◆◆ commentaire. 1. Attesté sans lendemain dans Cotgr 1611, probablement d’une source régionale, pive est enregistré dans la lexicographie comme régionalisme dep. Lar 1979 et il est pris
en compte dans la plupart des dictionnaires généraux contemporains (Rob 1985 « régional (Doubs, Haute-Savoie, Savoie, Suisse) » ; TLF « région. (Doubs, Haute-Savoie, Suisse) » ; NPR 1993-2000 et Lar 2000 « Suisse ») ; mais il figure dep. 1859 dans les relevés du français de Franche-Comté, où il
semble usuel surtout dans le Doubs et le Jura (mais v. ici l’ex. 5, d’un auteur né
à Champlitte, Haute-Saône) et a été également relevé en Haute-Savoie et Savoie (même
si les formes dérivées y semblent plus répandues), en français régional comme en patois.
Dans la Suisse romande voisine, sa vitalité est particulièrement grande (v. DSR).
L’aire dialectale du mot correspond sensiblement à l’aire régionale, avec une concentration
d’attestations dans le Doubs et dans le Jura et quelques traces en Haute-Savoie (FEW ;
ALFC 396 ; ALJA 491 nord du domaine) et pive est un emprunt aux parlers dialectaux. 2. Attesté dep. 1971 (DromardDoubs), pris en compte seulement par DromardDoubs 1991
et 1997 et accueilli avec quelque circonspection par DSR (« selon Dromard, il désignerait même les “ressortissants suisses” en Franche-Comté ! »), cet emploi plaisant, probablement récent, semble surtout en usage dans le Haut
Doubs, au voisinage de la Suisse romandea ; il peut s’expliquer par une dérivation autonymique (d’où le genre masculin d’après
le seul exemple écrit), avec métonymie (d’un mot typique aux locuteurs qui en sont
porteurs) motivée par le caractère « emblématique » (DSR) que le mot pive possède en Suisse romande.
a La signataire l’a entendu pour la première fois, en 1998, d’un universitaire bisontin
de 56 ans, résidant à une dizaine de kilomètres de la frontière suisse.
◇◇ bibliographie. MonnierDoubs 1859 (1) ; BeauquierDoubs 1881 (1) ; ConstDésSav 1902 (1) « Genève ; Albertville » ; CollinetPontarlier 1925 (1) ; BoillotGrCombe 1929 (1) ; GrandMignovillard 1977
(1) ; DuraffHJura 1986 (1) « régionalisme inconscient » ; DromardDoubs 1991 et 1997 (1 et 2) ; ColinParlComt 1992 (1) ; DuchetSFrComt 1993
(1) ; RobezMorez 1995 (1) (étymologie fantaisiste) ; DSR 1997 (avec bibliographie) ;
FEW 8, 551b, *pipa.
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96 : Ø.
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