platt [plat] n. m.
〈Moselle〉 usuel "dialecte haut-allemand du groupe francique, parlé en Lorraine germanique et dans les
régions voisines d’Allemagne, de Belgique et du Luxembourg".
1. D’ailleurs, avec cette même langue – c’est le moment de dire qu’il s’agit du francique,
ou plus exactement d’une variante dite « platt » qui n’a rien à voir avec le français, sauf qu’on y dit aussi « merci » – Bettenfeld [un instituteur d’Aspach] peut encore franchir quelques frontières :
il trouvera des interlocuteurs dans la région d’Arlon, en Belgique, dans la région
de Bitburg en Allemagne fédérale, et puis, bien entendu, dans la région nord de Thionville,
en Lorraine (Guy Gauthier, « Moselle mosaïque », Pourquoi ?, n° 156, juin 1980, reproduit dans Langue dominante, langue dominée, 1982, 83-84.)
2. Ainsi Sarrebourg passa [en 1940] sous administration allemande […]. Les habitants
de Sarrebourg étaient bilingues à 90 %, la langue ne fut pas un obstacle à la communication.
Mon père, originaire de Wittring (57) s’exprimait de préférence et me parlait en platt, ma mère, francophone car originaire de Moyenvic (57), s’exprimait en français. Suivre
une conversation familiale nécessitait la connaissance des deux langues. C’était ainsi
avant la guerre, cela fut pendant la guerre et cela demeura ainsi. (Br. Schoeser,
dans Revue lorraine populaire 51, avril 1983, 154.)
3. Ils étaient de la région allemande, probablement d’un village mosellan tout proche de la Sarre […]. Si les enfants étaient
passés par l’école française, […] Mme Jamann n’avait pas cru devoir se recycler au
gré des invasions et des annexions. La langue usuelle était donc restée chez eux le
Platt de leur pays natal. (P. Fohr, Les Vergers de Morhange, 1986, 51.)
4. Il faut donner un avenir au Platt ! [titre] / « Le francique luxembourgeois est parlé dans la région thionvilloise depuis au moins
quinze siècles, il serait terrible qu’un tel patrimoine ne survive pas au passage
du millénaire », confie […] le président de « Wéi laang nach ?… » […] « Le Platt n’est plus la langue maternelle des jeunes générations, et son usage diminue de façon
inquiétante. Les habitants de la région ne semblent même pas avoir conscience qu’ils
sont en train de laisser disparaître un patrimoine inestimable », précisent les membres de « Wéi laang nach ?… » (Gewan, n° 54, hiver 1999, 2.)
□ Avec un commentaire métalinguistique incident.
5. Mémère Zise, comme tous les Mosellans nés pendant l’annexion, parlait, lisait et écrivait
l’allemand, seule langue alors autorisée dans les lieux publics. Elle connaissait
aussi le Platt, dialecte bas allemand employé par des personnes originaires du nord-est du département,
mais, le trouvant peu distingué, elle refusait de le parler. (P. Fohr, Les Vergers de Morhange, 1986, 22.)
■ graphie. Souvent avec majuscule à l’initiale, sous l’influence de l’allemand.
◆◆ commentaire. Ignoré de la lexicographie générale et régionale du français, mais cependant d’usage
courant dans l’est de la France (surtout Moselle), platt (attesté dep. 1980 seulement dans notre documentation, v. ici ex. 1) est emprunté
à all. Platt, n. neutre, forme raccourcie de Plattdeutsch "dialecte de l’Allemagne du Nord, bas-allemand" (lui-même emprunté par le français général dep. Lar 1866, v. TLF) ou substantivation
de l’adj. platt "bas-allemand" attesté dep. 1656, v. Klug, 21e éd.). L’évolution sémantique qui caractérise ce régionalisme, évolution qui n’a guère
pu se produire qu’en allemand régional populaire, paraît résulter d’une réinterprétation
de l’opposition Hochdeutsch ∼ Plattdeutsch ("haut-allemand" ∼ "bas-allemand") comme "allemand standard" ∼ "allemand dialectal", rendue possible par le fait que le Hochdeutsch est à la base de la Schriftsprache. Même acception et même usage en Belgique, où platt désigne à la fois « le francique mosellan du Luxembourg (province belge et Grand-Duché) et le francique
ripuaire de l’est de la Wallonie (Eupen, La Calamine, etc.) », comm. de M. Francard ; PohlBelg 1950, où le mot désigne aussi une personne qui parle
le platt.
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96 : Ø.
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