rapiette n. f.
〈Surtout Vienne, Charente, Creuse, Corrèze, Haute-Vienne, Dordogne〉 fam.
1. "petit lézard gris". Une queue de rapiette […] est considérée comme un porte-bonheur (SuireBordeaux 1991).
1. Il fait de plus en plus chaud ; les rapiètes courent sur les murailles, et les mouches volent au soleil sur la place. (G. de Lanauve,
Anaïs Monribot, 1995 [1951], 117.)
2. Ils couraient, vifs et silencieux comme ces rapiettes dont le preste trottinement zèbre d’un éclair gris les vieux murs ensoleillés. (Cl. Michelet,
Les Palombes ne passeront plus, 1980, 13.)
3. […] une dizaine de fillettes […] chantant, sautillant, courant après les rapiettes pour leur attraper la queue (tout le monde sait que la queue des petits lézards qui
se dorent sur les murs des chemins porte bonheur, presque autant que les trèfles à
quatre feuilles) […]. (R. Deforges, Les Enfants de Blanche, 1986 [1982], 43.)
4. Mais tout est beau ici, le merle ou la chouette, la souris ou le mulot, l’écureuil
ou le lièvre, la rapiette ou le lézard vert […]. (Panazô, L’Argent du ciel, 1987, 31.)
□ Avec ou dans un commentaire métalinguistique incident.
5. On accédait à la salle de classe par quatre marches disjointes d’où jaillissaient
au printemps de minuscules bouquets de plantes saxatiles et ces petits lézards de
murailles que nous appelons des rapiettes. (M. Peyramaure, L’Orange de Noël, 1996 [1982], 15.)
6. On le surnommait Rapiettou pour deux raisons. La première : A le voir, tant il était
sec, gringalet et nerveux, il faisait penser à une « rapiette », le petit lézard gris des murs de pierres sèches. La seconde, parce qu’il était rapiat,
tout simplement. (Panazô, L’Honneur de la Janille, 1991, 93.)
□ Suivi d’un énoncé définitoire ordinaire.
7. Les rapiettes […]. C’est des petits lézards qui courent sur les vieux murs. (A. Geaudrolet, Amours paysannes, 1980, 170.)
2. Au fig. "enfant menu et petit".
■ graphie. La graphie la plus habituelle est rapiette.
◆◆ commentaire. Type lexical caractéristique d’une aire compacte (Haut-Poitou, Charente, Limousin,
Dordogne), où il est attesté en français dep. 1823 (Béronie), rattaché par FEW au
radical germanique rapôn "saisir, ramper". L’aire du mot en français recouvre largement celles d’autres types dialectaux (ALF
766 ; ALO 430 ; ALAL 456) et unifie le paysage lexical, mais l’indication de SuireBordeaux
ne semble pas toutefois correspondre à un usage fortement établi ; rapiette est absent des dictionnaires généraux contemporains.
◇◇ bibliographie. BéronieTulle 1823, 346 rapiète ; MauduytR [1808-1825] ; SaugerPrLim 1825 ; PierdonPérigord 1971 ; SabourinAubusson
1983 et 1998 ; RézeauOuest 1984 et 1990 ; BoisgontierAquit 1991 « particulier au Périgord » ; SuireBordeaux 1991 et 2000 rapiète ; ChaumardMontcaret 1992 rapiète ; FEW 16, 665b, rapôn.
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96. Taux de reconnaissance : (1) Corrèze, Haute-Vienne, 100 % ; Dordogne, 90 % ; Vienne, 80 % ; Charente, 75 % ;
Charente-Maritime, 25 % ; Lot-et-Garonne, 20 % ; Creuse, 10 % ; Deux-Sèvres, Vendée,
0 %. (2) Haute-Vienne, 85 % ; Dordogne, 75 % ; Corrèze, 65 % ; Creuse, 25 %.
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