replat n. m.
〈Surtout Jura, Haute-Savoie, Savoie, Ain, Rhône, Loire (Forez), Isère, Drôme, Hautes-Alpes,
Provence, Lozère, Ardèche, Auvergne〉 usuel, géogr. "étendue plane (ou presque plane) entre deux parties déclives au-dessus et au-dessous ;
étendue plane (ou presque plane) au sommet d’une hauteur". Sur le replat (B. Clavel, L’Espagnol, 1968 [1959], 198).
1. Combien de « replats », voire de « niveaux », triomphalement découverts en excursion rapide, doivent-ils leur chimérique existence
à des trahisons de perspective ? (M. Allix, dans MélArbos 1953, t. 2, 11.)
2. En effet, si le sol arable y varie d’épaisseur avec la pente, 20 à 50 cm sur le replat amont, quelques centimètres seulement sur le centre bombé, il est issu de granites
chimiquement riches […]. (L. Gachon, dans MélArbos 1953, t. 1, 113.)
3. Ce Molard Dedon, ou plutôt de Don, est le plus haut chaînon jurassien entre la cluse des Hôpitaux et le Rhône : il culmine
à 1219 m. ; il ne s’élève pas d’un seul jet, mais par une suite de gradins souvents
verticaux, séparant des replats ; au SO, il descend doucement vers Ordonnaz et Innimond [en note : Je remercie mon cher collègue, M. l’abbé Épinat, qui m’a donné ces précisions.].
(GardetteÉtudes 1983 [1959], 382.)
4. […] l’habitat est dispersé en nombreux petits villages. Saint-Etienne [de-Riom] est
l’un de ceux-ci, installé sur un replat à mi-pente dans la vallée du Soulou, affluent de la Rhue. (G. Fournier, Le Peuplement rural en Basse Auvergne durant le haut moyen âge, 1962, 516.)
5. Les diverses aptitudes des sols appuient au besoin ce partage. En effet, les terres
les plus mauvaises, celles de « chaux » ou des replats cristallins, n’existent guère qu’à l’amont, sur des surfaces relativement restreintes
cependant. (C. Mignon, « La vallée de la Couze Pavin, de Perrier à Saurier », Revue d’Auvergne 80, 1966, 30.)
6. Le pays cévenol n’était nulle part riche. Pourtant, avec ses prairies plantées de
pommiers, de pruniers et de mûriers, ses filatures et ses usines, elle [la vallée]
faisait figure de terre d’opulence pour les villages et hameaux voisins accrochés
aux pentes, au moindre replat. (S. Pesquiès-Courbier, La Cendre et le feu, 1984, 13.)
7. Dans la descente sur Bandol, il mit au point mort pour économiser l’essence. Sur certains
replats, on roulait presque au pas. (M. Scipion, L’Homme qui courait après les fleurs, 1984, 187.)
8. [À propos de La Plagne, Savoie] « Dans l’ensemble, c’est vrai, les descentes sont relativement faciles », reconnaît Jean-Pierre Chenu. Plagne, en savoyard, ne signifie-t-elle [sic] pas « replat » ? (Le Monde Loisirs, 5 janvier 1985, xii.)
9. Ce pic a trois côtés en pentes abruptes sauf au Sud où seul un vaste replat a pu être mis en culture ; il est encore occupé par un important village agricole
qui porte toujours le nom de Ventre. (M. Toulemont, « Les registres terriers du prieuré bénédictin de Sauxillanges », Bulletin historique et scientifique de l’Auvergne 95, 1991, 211.)
10. Cette bordure de vallon, à 700 mètres d’altitude, ouvert à l’ouest et protégé au nord-est
par un léger replat qui le domine de 25 mètres environ, paraît en effet réunir quelques unes des conditions
recherchées par les établissements de ce type et de cette époque. (M. Boy, dans Le Canton de Cunlhat, Chroniques d’Ambert et de son arrondissement, hors-série n° 20, 1992, 10.)
11. Beaucoup plus récente, la route d’Usson à Arlanc utilisait le « replat » du Crozet au profit d’une liaison est-ouest, après avoir traversé l’Ance au gué de
Chapelle. (M. Bordet, « Sauvessanges », dans Le Canton de Viverols. Chroniques d’Ambert et de son arrondisement, hors-série n° 20, 1993, 53.)
12. En parfait touriste, le stagiaire fit halte au plat de la Croix-Frimaire pour admirer
le paysage. […] On apercevait en face d’autres fermes accrochées à des replats, massives et peu avenantes. (J.-P. Demure, Fin de chasse, 1998, 152-153.)
V. encore s.v. borde, ex. 14.
— En part. 〈Puy-de-Dôme (Thiers)〉 "palier dans (les degrés d’) une rue en pente" (BigayThiers 1941 ; PotteAuvThiers 1993)a.
a Acception voisine ("portion de route qui dans une montée est de niveau") relevée par VachetLyon 1907, avec un exemple référant à… « Thiers en Auvergne ».
◆◆ commentaire. Fr. replat possède depuis les premières attestations un caractère centre-oriental nettement
affirmé (v. FEW ; Gdf ; Huguet) : doc. Côte-d’Or 1327, Du Pinet (1564, 1566 ; né en
Franche-Comté, vocabulaire orienté vers Lyon), Serres (Vivarais), Monet 1636 (Savoyard),
Pomey 1671 (Lyonnais) ; l’appendice auvergnat de cette aire est ancien : cf. lat.
médiév. replatum (s. d, DC = A.D. Puy-de-Dôme, 1 G, l. 26, c. 88 dans Sève RvAuv 94, 160 n. 27) et
en toponymie (los) Replats (lieu-dit non identifié, Vollore 1527, DroutDocLivradois 68). Au 19e s. et dans la première moitié du 20e s., le mot est attesté par MègeClermF 1861, PuitspeluLyon 1894, OffnerGrenoble 1894,
VachetLyon 1907, Mâcon 1926 (cf. aussi Chablis dans FEW), PrajouxRoanne 1934, BaronRiveGier
1939, BigayThiers 1941, DuraffVaux 1941, et dans toute la Suisse Romande (Pierreh ;
cf. LittréSuppl 1877) ; cf. aussi Giono dans TLFa. Comme de nombreux termes topographiques d’aire alpine, replat a été adopté par les géographes comme terme technique de géomorphologieb et le mot tend par là à se dérégionaliser ; c’est surtout sous la plume de géographes
et d’historiens qu’il apparaît à l’écrit (v. ex. ci-dessus ; mais aussi chez Robbe-Grillet
dans Rob).
a Aux attestations dialectales de FEW, assez rares, ajouter Vaux rpya (à l’index : fr. replat), Arconsat replat, et DuraffGloss 7729 (une attestation Valbonnais ; replat dans la métalangue).
b DauzatPatois 89 ; Baldinger TraLiLi 4, 70. Le mot appartient aussi au vocabulaire
des alpinistes, v. J. Gautrat, Dictionnaire de la montagne, Paris, Seuil, 1970, s.v. vire et G. Petiot, Le Robert des sports, Paris, Le Robert, 1982 s.v.
◇◇ bibliographie. FEW 9, 49b, plattus ; Pierreh ; TLF ; Rob 1985 ; NègreTGF, § 21221-21225 ; ALP 119* pt 35 (métalangue
d’un témoin) ; Baldinger TraLiLi 4 = MélGardette 1966, 70 ; VurpasMichelBeauj 1992 ;
VurpasLyonnais 1993 ; FréchetMartAin 1998 ; MichelRoanne 1998 « connu » ; ChambonÉtudes 1999, 251 ; NPR 1993-2000 « géogr. » ; Lar 2000.
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96. Taux de reconnaissance : Ardèche, Drôme, Isère, Rhône, Savoie, Haute-Savoie, 100 % ;
Puy-de-Dôme, Ain, 65 % ; Loire, 60 % ; Cantal, 55 % ; Haute-Loire (nord-ouest), 50 % ;
Haute-Loire (Velay), 0 %.
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