restanque n. f.
〈Ardèche, Provence〉 usuel
1. "muret de pierres sèches destiné à retenir la terre des terrasses de culture étagées
sur les pentes des collines". Synon. région. faïsse*.
1. En Provence, il faut bien avouer, en l’absence de documents qui permettraient de contester
notre hypothèse, que la construction des restanques ne paraît pas résulter de ce qui ressemblerait à une planification, si modeste soit-elle.
L’édification des terrasses provençales reste à travers des siècles d’histoire, profondément
individualiste. (R. Livet, Habitat rural et Structures agraires en Basse-Provence, 1962, 84.)
2. Nos rues de faubourg acculé à la haute colline s’achevaient sur des rochers et des
restanques. (J. Rambaud, Adieu la raille, 1964, 8.)
3. Le lézard des murailles se rencontre sur les talus, les « restanques » et les pierres sèches chauffées par le soleil […]. (Pays et gens de France, n° 32, le Var, 1982, 9.)
V. encore s.v. mazet, ex. 10.
— Par ext.
4. Dimanche, peu avant 8 heures du matin, un mur de soutènement – une restanque – long de trente mètres, haut de quatre, s’est effondré d’un bloc sur un groupe de
vacanciers du camping [à Saint-Cyr-sur-Mer, Var]. […] La colère est sourde et l’on
vous prend à part pour vous montrer les parpaings éclatés. « Vous appelez ça un mur ? Franchement… La restanque ne pouvait pas tenir, on ne voit ni fondations ni béton armé. […]. » (Le Monde, 28 mai 1985, 18.)
2. Par méton. "terrasse de culture". Synon. région. faïsse*. – Refaire le mur d’une vieille restanque (Fr. Fernandel, L’Escarboucle, ma Provence, 1992, 146).
5. […] petites maisons dorées par le soleil, entre un ciel bleu de crèche et les restanques des cultures qu’elles dominent. (A. Detaille, Les Noyaux de cerises, 1978, 38).
6. À nos pieds, du côté Alpes-Maritimes, le regard dégringole en cascade les centaines
de restanques constellées de pompons argentés d’oliviers […]. (M. Stèque, La Tour de Siagne, 1981, 65.)
7. […] pénétrer dans l’intérieur des terres, approcher les restanques cultivées et admirer les oliveraies sur les basses pentes, partir à la recherche
des dernières vignes des Alpes-Maritimes […]. (Détours en France, n° 1, mai 1991, 29.)
8. Enfin, enserrée dans ce vaste amphithéâtre de montagnes, sur les restanques, les coteaux, ou dans les plaines alluvionnaires, la vigne est reine. De l’agriculture
varoise du xixe siècle, c’est la culture qui a le mieux résisté […]. (La Bonne Cuisine, août 1996, 71.)
9. Une vallée verte avec les cheminées pataudes en brique des vieilles usines d’argile.
Sur les versants, les pinèdes qui bouffent les restanques déshonorées de mobil-homes et de villas. (R. Merle, Treize reste raide, 1997, 227.)
10. Tout autour des villages et jusque très haut dans la montagne, les murets des restanques grâce auxquels un peu de terre peut échapper à l’érosion. (J. Onimus, Les Alpes-Maritimes, 1999, 37.)
Voir encore s.v. faïsse, ex. 6.
■ remarques. Pour d’autres synon., v. faïsse, Rem.
◆◆ commentaire. Emprunt au pr. restanco (seulement attesté dep. 1723 "digue" PellasAix ; 1785 "tout ce qui sert à retenir" Sauvages). Le sens "muret pour retenir la terre" et, par métonymie de ce dernier, "terrasse de culture" s’est développé dans la région niçoise (et en Languedoc) ; il est attesté dep. 1685 :
« diverses murailles ou restanques de pierre sèche » (Arch. des Bouches-du-Rhône, fonds de Malte, H 223, Acte d’améliorissement du domaine
de Saint-Même, à Comps, dans le Haut-Var, cité dans R. Livet, op. cit., 81). Absent des dictionnaires régionaux contemporains.
◇◇ bibliographie. MartelProv 1988 ; BlanchetProv 1991 ; ChaumardMontcaret 1992 (anatopique) ; ArmKasMars
1998 ; BouisMars 1999 ; aj. à FEW 12, 232a, *stanticare, où ce sens manque ; Roger Livet, Habitat rural et structures agraires en Basse-Provence, Aix-en-Provence, 1962 ; Jean-François Blanc, Paysages et terrasses de l’Ardèche, Annonay, 1984.
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96. Taux de reconnaissance : Bouches-du-Rhône, 80 % ; Alpes-de-Haute-Provence, Var, 70 % ;
Alpes-Maritimes, Vaucluse, 50 % ; Hautes-Alpes, 25 %.
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