rhabiller v.tr.
〈Centre-Ouest, Jura, Ain, Rhône, Loire, Isère (Villeneuve-de-Marc), Drôme, Ardèche,
Haute-Loire, Puy-de-Dôme〉 rural, vieillissant "réduire (une fracture), remettre (un membre démis)".
1. Je tâte l’articulation qui a l’air bien coincée, je saisis la main, j’appuie sur le
déboîtement et soudain, crac ! les diverses pièces se trouvent remises à leur juste
place sans que je sache comment je m’y suis pris : je l’ai rhabillé. (J. Anglade, Le Tour du doigt, 1977, 353.)
2. Ces recettes, parfois des formules abracadabrantes, étaient d’autant plus efficaces
qu’on leur accordait sa confiance. […] Pour rhabiller une fracture par exemple, il faut mettre la main gauche sur la partie blessée, la
main droite sur l’estomac, et dire […]. (A. Pons, La Maison des jours d’autrefois, 1980, 86).
3. – […] Je viens pour que tu me « rhabilles » mon bras… / Il montra maladroitement son coude gauche en grimaçant. (J.-M. Soyez,
La Ramandeuse, 1980, 163.)
4. – Le vielleux a reçu une tuile sur le bras, c’est pas beau, Mal-garni est en train
d’essayer de lui rhabiller. (G. Rey, La Montagne aux sabots, 1994, 210.)
— Par méton. de l’obj.
5. Il se tapait allègrement ses quarante kilomètres pour aller « rhabiller » un vieux ou un mulet, un gamin ou une vache. (J. Durand, Les Contes de la Burle, 1993 [passage écrit en 1974], 156.)
◆◆ commentaire. Par restriction de fr. "remettre en état, réparer" (dep. 1380 rabiller, v. TLF), ce sens est attesté dep. 1575 (Paré, TLF). Il apparaît comme terme de chirurgie
chez Furetière (1690) et Féraud (1788) et comme relevant du français courant pour
Trévoux (1743), alors que Richelet (1719) précise qu’ « il n’y a que les petites gens qui parlent ainsi ». Les dictionnaires contemporains ne mentionnent pas cet archaïsme de niveau populaire,
senti comme régional dès ca 1750, encore utilisé depuis le Haut Jura jusque dans la Drôme, ainsi que dans le
Centre-Ouest.
◇◇ bibliographie. DuPineauV [ca 1750] ; SaugerPrLim 1825 ; PomierHLoire 1835 ; JaubertCentre 1864 ; PuitspeluLyon
1894 ; GuilleLouhans 1894-1902 ; VachetLyon 1907 ; VerrOnillAnjou 1908 ; DuprazSaxel
1975 s.v. rablyi ; GononPoncins 1984 « courant » ; MeunierForez 1984 ; RézeauOuest 1984 et 1990 ; ColinParlComt 1992 ; BlancVilleneuveM
1993 « usuel » ; FréchetMartVelay 1993 « globalement usuel » ; VurpasLyonnais 1993 ; FréchetAnnonay 1995 « usuel » ; RobezMorez 1995 « employé partout » ; SalmonLyon 1995 ; FréchetDrôme 1997 ; FréchetMartAin 1998 ; MichelRoanne 1998 « bien connu au-dessus de 40 ans » ; ALLy 1030 ; ALMC 1558 ; FEW 1, 367b, *bilia.
△△ enquêtes. EnqDSR 1994-96. Taux de reconnaissance : Ain, Drôme, Haute-Loire (Velay), Savoie, Haute-Savoie, 100 % ;
Loire, Puy-de-Dôme, 80 % ; Ardèche, Haute-Loire (nord-ouest), 65 % ; Isère, 60 % ;
Rhône, 30 % ; Cantal, 0 %.
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