sonner v.
〈Basse Bretagne〉
1. Emploi tr. dir. ou indir. [Le sujet désigne une personne] "jouer de (un instrument de musique)". On sonne la musique, on sonne le tambour, on sonne le biniou, on sonne le clairon,
on sonne l’accordéon, on sonne le piano (PichavantDouarnenez 1996).
1. On avait plein de goût* alors à la salle des fêtes quand […] Georges Jouvin avec Dominique, Pierre Sellin,
ou bien Bill Colemann […] sonnaient leur trompette. (PichavantDouarnenez 1996, 192.)
□ Avec un commentaire métalinguistique incident.
2. Il y avait une fois un gars qui sonnait (jouait) du violon. (Récits et Contes populaires de Bretagne / 2, recueillis par Geneviève Massignon dans le Trégor et le Goëlo, 1981 [collecté en
1953], 115.)
2. Emploi intr.
— [Le sujet désigne un musicien] "jouer d’un instrument".
3. – […] Fais donc les choses à ton idée et ordonne que le bal reprenne, mais dans la
seconde cour seulement pour que je n’entende pas les sonneurs* sonner. La musique ne me dit rien aujourd’hui… (A. de Tourville, Jabadao, 1951, 175.)
4. L’aire neuve est l’une des épreuves sélectives en vue des futurs mariages dans les
années vingt. Eliminatoire quelquefois si l’on en croit les sonneurs* de biniou et de bombarde, lesquels sont orfèvres en la matière, étant un peu entremetteurs
à leur façon, en tout bien tout honneur, bien sûr, et pour la récompense de sonner aux noces si elles se font. (P.-J. Helias, Le Cheval d’orgueil, 1975, 438.)
— [Le sujet désigne un instrument de musique] "faire entendre une musique particulière".
5. Un bruit de tonnerre me réveille. Serait-ce la fin du monde sur nous ? Mais la trompette
de l’Archange est un tambour que je connais bien pour l’avoir fait sonner moi-même. Celui que mon oncle Jean Le Goff m’a rapporté de quelque ville avant d’aller
se faire tuer à la guerre. (P.-J. Helias, Le Cheval d’orgueil, 1975, 166.)
■ dérivés. 〈Basse Bretagne〉 sonneur n. m. "musicien qui joue d’un instrument de musique, notamment de la bombarde ou du biniou". « Et voilà Mestr-Biolonser (le Maître Sonneur) qui se mit à jouer du violon ; et puis
l’autre, Mestr-Danserig, se mit à danser si bien, à danser si haut, qu’il voltigeait
de branche en branche, et d’un arbre à l’autre. / Le sonneur s’arrêta, saisi d’étonnement » (Récits et Contes populaires de Bretagne / 2, recueillis par Geneviève Massignon dans le Trégor et le Goëlo, 1981 [collecté en
1953], 115) ; « Et les cloches se mettent de la partie. Le cortège [de mariage] procède lentement
vers l’église, sonneurs en tête » (P.-J. Helias, Le Cheval d’orgueil, 1975, 453) ; « Il faut voir aussi la marée des 3500 musiciens et danseurs déferlant durant la grande
parade du dimanche [au Festival interceltique de Lorient]. Côté breton, plus de soixante-dix
bagadou – ces formations de cornemuses, bombardes et percussions – rassemblent jeunes sonneurs, grand-mères dans leurs plus beaux atours et même des bébés » (Le Monde, 7 août 1998, 16) ; v. encore ici ex. 3 et 4. – Attesté dep. 1491 (sonneur de trompette, de tabourin, de fluste, dans Archives de Bretagne, v. TLF), sonneur n’est aujourd’hui en usage que dans le français de Bretagne ou en référence à la
Bretagne ; Rob 1985 est le seul dictionnaire général contemporain qui rende compte
de ce fait.
△△ EnqDRF 1994-96. Taux de reconnaissance : Morbihan, 100 % ; Finistère, 75 % ; Côtes-d’Armor, 65 %. ◆◆ commentaire. Courant dans le français de Bretagne, cet usage est réputé « vx » dans le français de référence (dep. ca 1100, faire suner ses taburs, Roland, dans TLF), où l’emploi tr. dir. est figé dans le tour sonner une/la/des/les cloches. Le français du Val d’Aoste admet lui aussi, mais sous l’influence d’it. suonare, des compléments divers : sonner l’accordéon, la guitare, l’harmonium, le piano, la trompette (MartinAoste 1984).
◇◇ bibliographie. KervarecQuimper 1910 « On dit non seulement sonner du biniou, mais aussi, par analogie, sonner de la flûte, du piano » ; cf. BrassChauvSPM 1990 sonner (un air de danse) ; PichavantDouarnenez 1996 ; aj. à FEW 12, 97a, sonare.
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96. Taux de reconnaissance : (emploi tr. indir.) Finistère, 90 % ; Morbihan, 75 % ; Côtes-d’Armor,
65 %.
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