triandine n. f.
〈Saône-et-Loire, Doubs, Jura, Haute-Savoie, Savoie, Ain, Rhône, Loire, Isère, Drôme,
Provence (spor.), Ardèche〉 rural "fourche à bêcher". J’ai creusé la terre avec la triandine (P. Magnan, Les Secrets de Laviolette, 1993 [1992], 54). Arracher les pommes de terre à la triandine (RobezMorez 1995).
1. Le père se redressa, une main sur ses reins, l’autre posée sur le manche de sa triandine. (B. Clavel, Celui qui voulait voir la mer, 1988 [1963], 70.)
2. Dans le sud de la vallée de la Cosanne, pour défricher un terrain particulièrement
difficile, très en pente, on utilise une bêche forte appelée la triyandine. Ayant établi une fois pour toutes l’équation : « triyandine » = trident, d’où bêche à trois dents, je néglige, après quelques enquêtes, de me faire
préciser la description de cet outil. Je découvre bientôt, au cours d’une nouvelle
conversation, que « le trident » pouvait avoir 4 dents et même n’être ailleurs qu’une bêche pleine. (Fr. Dumas, ColloqueDijon
1976, 44.)
3. Le trou fut agrandi par une bande de copains arrivés à la rescousse, munie de pelles,
de pioches [… ] ou de triandines, tous instruments tranchants et coupants […]. (Th. Bresson, L’Enfant des bords du Rhône, 1990, 42.)
4. – Attends ! dit-il. Dehors […], tu trouveras une triandine, apporte-la moi. (P. Magnan, Le Mystère de Séraphin Monge, 1990, 36.)
■ graphie. On a retenu en vedette la graphie la plus usuelle.
◆◆ commentaire. Caractéristique d’une aire compacte qui s’étend, en forme de bande, du sud de la Franche-Comté
à la Provence, ainsi qu’en Suisse romande, ce type lexical est attesté en français
dep. 1793/4 (« Du trident, ou triandine, ou truandine » Abbé Rozier, Cours complet d’agriculture, s.v. bêche), le terme est une issue de lat. tridens "(outil) à trois dents". Enregistré dans Lar 1876 sans autre marque que « Agric. », il est aujourd’hui absent des dictionnaires généraux, sauf de Lar 2000 « Suisse » "fourche (instrument)".
◇◇ bibliographie. PuitspeluLyon 1894 "trois pointes" ; Mâcon 1903-1926 "trois dents" ; ParizotJarez [1930-40] "trois dents" ; DuraffVaux 1941 "trois ou quatre dents" ; GarneretLantenne 1959 "bêche à cornes" ; Casanova ColloqueDijon 1976, 124 (Valais) ; Dumas ColloqueDijon 1976, 44 ; RLiR 42
(1978), 194 "cinq dents ou plus" (Isère, Loire, Lyon, Savoie) ; GononPoncins 1984 triendine "trois dents" « tous, tous les âges, y compris le quincaillier » ; MeunierForez 1984 triendine "trois dents" ; DuraffHJura 1986 "quatre dents" « très usuel » ; MartinPellMeyrieu 1987 "trois dents" ; ArmanetVienne 1989 "quatre dents" ; MartinPilat 1989 "à dents" « usuel à partir de 20 ans » ; DucMure 1990 trillandine "quatre ou cinq dents" ; DromardDoubs 1991 et 1997 "trois dents" ; VurpasMichelBeauj 1992 "à dents" « usuel » ; BlancVilleneuveM 1993 "quatre dents" « usuel » ; VurpasLyonnais 1993 "trois dents" « usuel » ; FréchetAnnonay 1995 "à dents" « usuel au-dessus de 60 ans, bien connu au-dessous » ; RobezMorez 1995 "au moins cinq dents" ; SalmonLyon 1995 "trois (rarement quatre) dents" ; FréchetDrôme 1997 "à dents" « globalement attesté » ; FréchetMartAin 1998 "à dents" « usuel » ; MichelRoanne 1998 "trois (ou quatre) dents" ; ChambonÉtudes 1999, 239 ; ALB 309 (Nièvre sud-est ; Saône-et-Loire) ; ALFC 233
passim ; ALLy 129 « beaucoup de patois ont adopté le mot du français local : triandine » ; FEW 13/2, 268b, tridens.
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96. Taux de reconnaissance : Savoie, Haute-Savoie, 100 % ; Ain, Drôme, 65 % ; Isère,
Loire, 40 % ; Ardèche, Rhône, 30 % ; Haute-Loire (Velay), 0 %.
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