tute n. f.
〈Surtout Nord, Pas-de-Calais, Somme, Aisne, Oise, Champagne, Ardennes〉 fam. "petit embout de caoutchouc ou de matière plastique, ayant la forme d’un mamelon, que
suce un bébé pour se calmer ou pour passer le temps". Stand. tétine. Synon. région. suce*. – Donne-lui sa tute, qu’il s’arrête de pleurer (CartonPouletNord 1991).
■ variantes. tutute n. f. « Tout est prêt : le vieux berceau d’osier à roulettes, les langes blanchis sur le gazon,
les “bavettes” de coton et jusqu’à la “tututte” au suc [sic] candi » (J. Joly, Souvenir d’Artois, 1981, 58) ; « “Tututte” en bouche, la fille de Céline […] semble écouter gravement sa grand-mère » (Madame Figaro, 19 février 2000, 48 [malheureusement non localisable]).
◇◇ LateurArtois 1951 ; PouletPicard 1987, 88 (en picard). ■ remarques. 〈Champagne, Ardennes〉 tuter v. fam.
1. "boire (le lait) au sein". Stand. téter.
2. Par ext. "sucer avec délectation". Il tute encore son pouce (TamineArdennes 1992). Stand. téter.
◆◆ Par analogie de mfr. tuter "jouer de la flûte" (dep. Froissart), ces sens sont surtout représentés dans le français du nord et du nord-est de la France, ainsi qu’en Belgique. Le sens "boire immodérément (des boissons alcoolisées)", largement répandu dans la France septentrionale, surtout du Nord et de l’Ouest, et attesté dep. le 17e s. en Normandie (FEW), n’a jamais pénétré le français de référence ; il a toutefois été enregistré comme terme d’argot (ChatelainVin 1984 tuter et tututer ; GiraudBistrot 1989 tuter et tututer ; ColinArgot 1990 tututer ; LeDoranSAntonio tuter). – SaubinetReims 1845 "tuter. Se dit des enfants qui tètent leur doigt ou leur langue" ; RaillietReims 1930 ; CrouvChampagne 1975 ; CartonPouletNord 1991 ; GuilleminRoubaix 1992 ; TamineArdennes 1992 ; TamineChampagne 1993 ; FEW 13/2, 444b-445a, tut-. △△ EnqDRF 1994-96. Taux de reconnaissance : (sens confondus) Ardennes, Marne, Meuse (nord), 100 % ; Haute-Marne, 75 % ; Aube, 50 %. ◆◆ commentaire. Ce dérivé sur fr. région. tuter* est en usage surtout dans le français du nord et du nord-est de la France, ainsi
qu’en Belgique (PohlBelg 1950 ; MassionBelg 1987 ; LeboucBelg 1998) ; il n’est pas
documenté à date ancienne. Ignoré de la lexicographie générale.
◇◇ bibliographie. CartonPouletNord 1991 ; GuilleminRoubaix 1992 ; TamineArdennes 1992 ; FEW 13/2, 445a, tut–.
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96. Taux de reconnaissance : Ardennes, Marne, Meuse (nord), Nord, Pas-de-Calais, 100 % ;
Haute-Marne, 75 % ; Somme, 65 % ; Aisne, 80 % ; Aube, 50 % ; Oise, 20 %.
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