viron n. m.
〈Loir-et-Cher, Indre, Cher, Allier (nord-ouest), Jura, Haute-Savoie, Savoie, Ain, Rhône,
Loire, Isère, Drôme, Hautes-Alpes, Ardèche (nord), Haute-Loire (Velay)〉 fam. Surtout dans la loc. verb. faire un viron "faire un tour (parfois pour surveiller), faire une promenade". Un viron vers le quai Forey (A. Aucouturier, L’Arthritique de la raison dure, 1999, 35).
1. – Dis donc, ça te botterait de faire un petit viron en avion ?
– Je comprends ! (San-Antonio, Laissez tomber la fille, 1993 [1950], 133.) 2. C’est bon, pendant que les deux vieilles font leur petit trafic, moi je dis : « Je vais faire un viron au bord du ruisseau. » (B. Clavel, Malataverne, 1960, 27.)
3. […] je décide […] d’aller faire un viron dans la piaule louée en face de l’hôtel […]. (San-Antonio, Ménage tes méninges, 1995 [1962], 31.)
4. – Ça vous dit de faire un petit viron au grand air ? (A. Burtin et al., Petites histoires en franc-parler. C’est pas Dieu poss !, 1988, 10.)
5. Quand je reviens, on ira faire un viron si tu veux. (J.-N. Blanc, Esperluette et compagnie, 1991, 83.)
V. encore s.v. caraque, ex. 17.
◆◆ commentaire. Attesté dans le français du Berry dep. 1838 (« faire son viron faire sa tournée, voir si tout est à sa place » Jaubert), viron (dérivé sur fr. virer "tourner", avec suffixe ‑on) est un mot probablement originaire du Centre qui a gagné le français de Lyon – où
il n’a d’abord pénétré que dans l’argot (Lacassagne 1928), la première attestation
de fr. pop. datant de 1950 (Cottivet dans SalmonLyon) – et, de là, a été diffusé dans
la région lyonnaise ; entre temps, il est relevé au Québec et en Louisiane (Dionne
1909 ; DitchyLouisiane 1932), indice probable d’une plus grande ancienneté. Absent
des dictionnaires généraux du français, il a été accueilli, à la suite de Lacassagne,
dans plusieurs dictionnaires d’argot et de fr. pop. (EsnaultArg 1965 « Bourges, Lyon » s.v. vironne ; CaradecArgot 1977-1998).
◇◇ bibliographie. JaubertBerry 1838 ; JaubertCentre 1864 ; PrajouxRoanne 1934 ; BaronRiveGier 1939 ;
ParizotJarez [1930-40] ; DornaLyotGaga 1953 ; MeunierForez 1984 ; GermiLucciGap 1985
« très usuel » ; MartinPellMeyrieu 1987 « probablement plus populaire que régional » ; MartinPilat 1989 « usuel à partir de 20 ans » ; DucMure 1990 ; BessatGerMtBl 1991 « très usuel » ; VurpasMichelBeauj 1992 « usuel au-dessus de 20 ans, en déclin rapide au-dessous » ; BlancVilleneuveM 1993 ; DubuissBonBerryB 1993 ; FréchetMartVelay 1993 « usuel » ; FréchetAnnonay 1995 « usuel » ; RobezMorez 1995 « partout » ; SalmonLyon 1995 ; GermiChampsaur 1996 ; FréchetDrôme 1997 « usuel » ; FréchetMartAin 1998 ; MichelRoanne 1998 « usuel » ; PlaineEpGaga 1998 « encore utilisé » ; FEW 14, 388a, vibrare.
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96. Taux de reconnaissance : ("tournée de surveillance") Indre, Loir-et-Cher (sud), 30 % ; Cher, 20 % ; Allier 0 %. ("promenade") Allier, 15 % ; Cher, Indre, Loir-et-Cher (sud), 0 %.
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