bachat n. m.
Surtout rural
1. 〈Savoie, Ain, Rhône, Loire, Isère, Drôme, Hautes-Alpes (centre, Gap), Provence, Ardèche
(Annonay, Mariac), Haute-Loire (Velay)〉 "bassin d'une fontaine servant d'abreuvoir, fait soit en pierre soit, le plus souvent,
d'un tronc d'arbre évidé".
1. Elle ne supporte pas la ville. Elle ne songe plus qu'au calme de chez nous, au chant
du coq, aux bavardages autour du bachat. (Ch. Exbrayat, Le Chemin perdu, 1982, 322.)
2. Au réveil, les classards* font presque toujours leur toilette à l'eau fraîche du plus proche « bachat », avant d'aller prendre le petit déjeuner offert par les fermiers (C. Bertholet, « L'année du classard ou conscrit de 1902 à 1962 », Velay, Per lous chamis 40, 1982, 54.)
3. De façon très régulière le maître procédait au contrôle des mains, des ongles : « la maîtresse n'hésitait pas à laver les mains sales de l'élève avec une brosse à chiendent
dans le “bacha”. Tant pis si l'eau était froide […]. » (M.-C. Bertholet, « Souvenirs de l'école autrefois », Velay, Per lous chamis 44, 1984, 12.)
4. [Les enfants découpent la tige des pissenlits en plusieurs brins.] En avons-nous ainsi
préparé des fleurs de pissenlits, puis jeté à la rivière ou dans la moindre flaque
d'eau. D'autres fois, si nous n'étions pas si éloignés de la cour, c'est dans le bachat que nous les jetions. (M.-J. Faure-Bouteille, Le Pépé au grenier, 1985, 71.)
5. […] elle me lave dans l'eau du bachas [en note : bassin en pierre creusée]. Je ris à cause de l'eau froide qui pique et des chatouilles
partout. (Cl. Vincent, Fossoyeurs d'étoiles, 1999, 21.)
□ Avec un commentaire métalinguistique incident.
6. Tous ces Ricains avaient stoppé à notre ferme pour se ravitailler. On leur a donné
à manger et surtout à boire. À l'écurie, il y avait un bachas (auge). Robert et René, mes frères, se relayaient pour actionner la pompe manuelle
et les soldats mettaient leur casque sous le jet pour le remplir. (R. Cuisinier, Mon Enfance à Haute-Rivoire. 1941-1955, 1998, 33.)
■ graphie. Tandis que bachat est la forme la plus fréquente dans les textes, l'étymologie et les dérivés demandent
plutôt bachas. On trouve également bacha dans des relevés écrits intéressant l'Isère (Iseron), la Haute-Loire (ex. 3 supra)
et la Savoie.
2. 〈Allier, Rhône, Loire (Forez), Isère, Drôme, Ardèche, Haute-Loire (Velay)〉 "bassin en bois ou en pierre dans laquelle on met la nourriture des cochons". Stand. auge.
7. […] elle ignorait l'usage du savon, et gardait, dans les replis poilus de son menton,
autant de nourriture que les cochons quand ils relèvent le groin de leur « bachat », de leur auge de pierre. (Th. Bresson, Le Vent feuillaret. Une enfance ardéchoise, 1980, 59.)
— Par métaph. 〈Loire (Forez), Isère (Iseron), Drôme, Ardèche (Mariac, Privas)〉 fam. "assiette ; verre".
8. Allez Juliette, approche ton bachat. Je vais te servir de cette potée, tu m'en diras des nouvelles. (MeunierForez 1984,
30.)
◆◆ commentaire. Mot de large extension, usuel dans le quart sud-est de la France. Attesté dans des
textes composites, lyonnais et foréziens, des 14e et 15e s. (GononForez, 117 : en 1316 à Chandieu, tres bachaces ; en 1361 à St-Héand, unum bachas lapidis), en français dep. 1573 à Lyon (« Ceste pierre [un ancien sarcophage] sert de bachat, ou auge & receptacle de l'eau
d'une fontaine d'un village, aupres de l'Abbaïe de l'Isle Barbe » G. Paradin, Mémoires de l'histoire de Lyon, 433) et dans la Loire dep. 1691 (« bachat de pierre », Inventaire à Saint-André-d'Apchon, dans BouillerRoanne 1998, 10), bachat sera stigmatisé au 19e s. par les puristes (MolardLyon 1803 ; PomierHLoire 1835), mais accueilli par Littré
1863 (« en quelques provinces ») et encore dans Lar 1928 ; il n'est plus représenté dans la lexicographie générale
contemporaine. Issu de lat. bacca, avec le suffixe -aceu, ce type est également bien représenté dans les dialectes francoprovençaux et nord-occitans
(ALLy 310, ALMC 465, ALJA 640, ALB 1138, ALP 697, DuraffGloss 1119, ALF 3 et 70).
◇◇ bibliographie. MolardLyon 1803 ; RollandLyon 1813 ; BreghotLyon 1828, 222 ; BreghotLyon 1831, 257-258 ;
PomierHLoire 1835 ; HumbGen 1852 ; PuitspeluLyon 1894 "bassin" ; ConstDésSav 1902 ; Mâcon 1903 et 1926 ; PrajouxRoanne 1934 ; BaronRiveGier 1939 ;
ParizotJarez [1930-1940] ; DuraffVaux 1941 ; MarMontceau ca 1950 ; DornaLyotGaga 1953 ; JamotChaponost 1975, 53 et 59 ; RLiR 42 (1978), 157 (Ardèche,
St-Étienne, Isère, Savoie) ; ManteIseron 1980 ; MédélicePrivas 1981 « très courant » ; TuaillonVourey 1983 ; ArmanetVienne 1984 ; ArnouxUpie 1984 ; GononPoncins 1984
« usuel, même pour les non-paysans » ; MeunierForez 1984 ; GermiLucciGap 1985 ; MartinPilat 1989 bachas ; DucMure 1990 ; MazaMariac 1992 ; VurpasMichelBeauj 1992 ; BlancVilleneuveM 1993 ;
DubuissBonBerryB 1993 "auge" ; FréchetMartVelay 1993 ; VurpasLyonnais 1993 ; FréchetAnnonay 1995 ; LaloyIsère
1995 ; SalmonLyon 1995 ; CottetLyon 1996 bachat s.v. auge ; GermiChampsaur 1996 ; FréchetDrôme 1997 ; FréchetMartAin 1998 « globalement connu » ; PlaineEpGaga 1998 bâchat « encore utilisé » ; ChambonÉtudes 1999, 211 ; FEW 1, 197b-198a, bacca, *baccus.
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96. Taux de reconnaissance : (1) Ardèche, Drôme, Loire, Haute-Loire, Savoie, 100 % ; Ain, Savoie, 50 % ; Isère, 40 % ;
Rhône, 30 % ; Haute-Savoie, 0 %.
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