bartavelle n. f.
〈Haute-Savoie, Savoie, Ain, Rhône, Loire, Isère (La Mure), Drôme, Provence, Ardèche,
Haute-Loire (Velay)〉 fam., péj. "personne qui aime bavarder, papoter". Stand. commère, fam. pipelette. Synon. région. barjaque*, bazarette*. – Ta sœur, c’est une brave* bartavelle quand elle s’y met (MédélicePrivas 1981).
1. Avec toutes ces bartavelles d’Arles qui barjaquent* à longueur de journée […], il serait impossible à la plus anonyme des citoyennes
de franchir incognito le barrage de ces bazarettes*. (Fr. Fernandel, L’Escarboucle, ma Provence, 1992, 44.)
■ variantes. 〈Toulouse〉 vieilli bartabelle (SéguyToulouse 1950, § 169).
◆◆ commentaire. Emprunté aux parlers francoprovençaux dont il est caractéristique (FEW), bartavelle est attesté, dans le sens décrit ci-dessus, dep. 1852 dans le français de Genève
(« bartavelle […] un grand causeur, un babillard » Humbert ; mais déjà ca 1750 le français de Lyon connaissait un emploi voisin : « Un bartavele ou une bartavele, un négligeant » Du Pineau) et bien représenté de nos jours dans le Sud-Est de la France, où l’on
a aussi noté le subrégionalisme (Velay, Drôme, Ardèche) bartavé m., à côté de bartavelle f. Il s’agit d’une métaphore sur bartavelle "traquet de moulin" (cf. Oudin 1640 « La langue luy va comme vn Traquet de moulin »), emprunté à aocc. bertavela (1378, Pans 3, 23), bartavele (1396, ibid.), de même sens (v. TLF, qui précise que « le traitement du v initial [de lat. vertibulum] devenu b révèle un mot originaire du Sud-Ouest ») ; le mot y a d’ailleurs été recueilli au milieu du 20e s. (en fr. bartabelle "bavard intarissable", SéguyToulouse, § 169, et en patois de l’Ariège, ALG 204, pt 791 O "crécelle"). On sait que le même mot a pénétré le fr. standard au sens de "perdrix de l’espèce Alectoris graeca qui, en France, a son habitat dans les Alpes (de la Haute-Savoie aux Alpes-Maritimes)" (dep. Ac 1740), fondé sur une métaphore voisine, le chant de l’oiseau ressemblant
« au bruit d’un loquet » (Mistral).
◇◇ bibliographie. DuPineauV [ca 1750] ; PuitspeluLyon 1894 ; VachetLyon 1907 ; PrajouxRoanne 1934 ; BaronRiveGier
1939 ; ParizotJarez [1930-40] ; DornaLyotGaga 1953, s.v. bartaveler ; RLiR 42 (1978), 158 ; MédélicePrivas 1981 ; ArnouxUpie 1984 « courant » ; GononPoncins 1984 « usuel » ; BouvierMars 1986 ; MartinPilat 1989 ; DucMure 1990 ; BlanchetProv 1991 ; MazaMariac
1992 ; FréchetMartVelay 1993 ; GagnySavoie 1993 ; ValThônes 1993 ; VurpasLyonnais
1993 ; FréchetAnnonay 1995 ; SalmonLyon 1995 (ex. de 1924) ; FréchetDrôme 1997 ; ArmKasMars
1998 « rare » ; FréchetMartAin 1998 ; BouisMars 1999 ; FEW 14, 322a-b, vertibulum.
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96. Taux de reconnaissance (au sens "perdrix") : Provence, 65 %.
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