bonjour n. m.
〈Provence〉 lever / retirer le bonjour à qqn loc. verb. fam. "cesser de saluer une personne, en signe de réprobation de sa conduite". Synon. région. lever/refuser/retirer la parole*. – Après ce qu’il m’a fait, j’y ai levé le bonjour (BouvMars 1986).
1. – Ça tombe bien que je te trouve, Toussaint, j’avais à te causer sérieux. Je peux ?
Paupières mi-baissées, l’autre le dévisagea, puis finit par acquiescer d’une simple inclination de tête, sans un mot. Il lui était difficile de lui refuser la parole* […]. Forcément, il s’étaient perdus de vue, un peu. Mais jamais, Toussaint n’avait eu à lui lever le bonjour. Aucune raison pour qu’il commence aujourd’hui. (A. Bastiani, Le Pain des jules, 1960, 12.) 2. C’est au soleil seul qu’il réserve les trésors de son éloquence. / Evidemment, il
fait les demandes et les réponses mais il y met une telle conviction qu’il donne l’impression
que le soleil, par faveur spéciale, se prête au dialogue […]. Ils ne cessent de se
fâcher et de se réconcilier. Il arrive à Paradas de lui retirer le bonjour et même de l’insulter quand il se fait attendre. (Y. Audouard, La Clémence d’Auguste, 1986 [1985], 17.)
3. Elle passe devant le patron […].
– Toi, je te retire le bonjour. (M. Marin, Tristes plaisirs, 1990 [1989], 213.) 4. Maintenant, couché dans l’herbe piquante, seul là où ils avaient été deux, Adrien
se sentait très en colère contre Jésus. Il décida, comme disait Madame Pujol [une
Marseillaise], de lui lever le bonjour. Et le bonsoir. Et la prière. De ne plus lui adresser la parole. Ni à lui ni à sa
famille. (J. Anglade, La Soupe à la fourchette, 1996 [1994], 271.)
— Emploi pronom. réciproque.
5. – Tu crois que ça nous plaît à tous les deux de nous être retiré le bonjour depuis des siècles ? Ça nous agace autant l’un que l’autre. (Y. Audouard, Les Cigales d’avant la nuit, 1988, 14.)
◆◆ commentaire. Emploi absent de la lexicographie générale et très peu pris en compte dans les relevés
régionaux, attesté dep. 1960 (v. ici ex. 1).
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96 : Ø.
|