cagole n. f.
〈Bouches-du-Rhône〉 pop., parfois péj.
1. "femme qui fait commerce de son corps". Stand. prostituée, péj. putain.
1. – Alors, je te veux plus, dit Pascal, sans vertu et sans le sou, il te reste plus
qu’à tourner cagole. (P. Cauvin, Rue des Bons-Enfants, 1990, 171.)
□ Avec un commentaire métalinguistique incident.
2. Gisèle s’approcha. Une petite femme genre poupée Barbie. Robe moulante noire et talons
aiguille ; trop maquillée. Une cagole, comme on disait à Marseille. (J.-Cl. Izzo, Les Marins perdus, 1997, 228-229.)
— Par métaph.
3. – Les journaux nous ont chargés à mort. Des vraies cagoles. (M. Embareck, Sur la ligne blanche, 1984, 72.)
— Par anal. "femme de petite vertu".
4. – Et d’abord […], comment qu’elle s’appelle cette gonzesse ? Parce que moi, l’autre
jour, je m’en suis baisé une qui traînait sur le Vieux Port.
– Marie, elle s’appelle […]. – Pas possible ? La mienne elle s’appelait pareil ! Si ça se trouve c’est la même ! […] / Laisse béton. C’est une cagole. (H.-Fr. Blanc, Jeu de massacre, 1993 [1991], 36-37.) ● Au sing. à valeur collective.
5. Vives, pétulantes, aguicheuses et fières, les femmes que Christine Juin rassemble
[dans une exposition à Marseille] ont toutes la personnalité marseillaise. De la « cagole » à la midinette, elles sont ici saisies au quotidien. Ces femmes-femmes, mères parfois,
sensuelles toujours, ont l’œil pétillant et la silhouette généreuse. La jeune artiste
présente une vingtaine de pièces, panneaux de bois découpés et peints à l’acrylique
sur une ou deux faces. (L’Express, supplément Le Magazine, 3 septembre 1998, 39.)
2. Par ext. "fille, femme". Stand. fam. nana. Des cagoles en bikinis (Fr. Thomazeau, Qui a tué l’homme-grenouille ?, 1999, 170).
6. Depuis un moment, des palabres agités se sont engagés entre deux types en blouson
de toile, branchés, et une cagole locale qui a l’air toute désolée… Mais Monsieur le maire ne peut pas vous recevoir
ce matin, il est un peu grippé, revenez dans deux jours… (Ph. Carrese, Trois jours d’engatse, 1995, 90.)
7. […] le peuple FN attend debout, sans se plaindre : mélange hétéroclite de balèzes
à catogan et de loden bcbg, de nuques rasées et de petits princes, de « cagoles » cliquetantes de bijoux, le visage ripoliné, le parfum lourd, et de rosières à collier
de perles. (Le Nouvel Observateur, 13 février 1997, 25-26.)
8. Aux abords de la Joliette, des marins déjà saouls sortaient des bars qui fermaient.
Sur le Vieux-Port, les mafres [= voyous] endimanchés, leurs cagoles au bras, remplissaient les restaurants. (Fr. Thomazeau, Qui a tué Monsieur Cul ?, 1998 [1997], 55.)
V. encore s.v. violet, ex. 5.
— Comme terme d’adresse.
9. Il prépara quelques phrases bien mordantes : « T’entrave[s] rien à l’amour, pauvre cagole ! Tu me fais penser à un tank ! Tu sais ces blindés qui sont faits pour tuer sans
être touchés ! » Mais elle lui rirait au nez, forcément. (M. Courbou, Les Chapacans, 1994, 154.)
— 〈Marseille〉 Les Cagoles "(appellation de la section féminine du groupe des supporters de football MTP [= Marseille
trop puissant])".
10. La section féminine des MTP – appelées les Cagoles – n’est pas la plus avare de lazzis. (Le Monde, 1er décembre 1998, 25 [Reportage sur un match de football à Marseille].)
◆◆ commentaire. Attesté av. 1906 en référence à Marseille (« La cagole, en patois marseillais, c’est la travailleuse en cheveux et en tablier, qui pullule
dans les rues avoisinant le cours Belzunce et dont l’accoutrement de servante peut
faire illusion aux libertins de passage » J. Lorrain, dans France 1910) ; 1925 (« une cagole du quartier réservé » E. Ramon, Histoires marseillaises, 52). Le terme est ignoré de la lexicographie générale, et bien qu’il soit enregistré
dans GiraudÉros 1992 (qui cite Lorrain et A. Bastiani), il n’a pas pénétré l’argot
général ; son origine, malgré diverses tentatives d’explication, reste inconnue.
◇◇ bibliographie. BrunMars 1931 « grossier » ; RostaingPagnol 1942, 120 ; BouvierMars 1986 ; MartelProv 1988 ; BlanchetProv 1991 ;
ArmanetBRhône 1993 ; ArmKasMars 1998 « fréquent » ; BouisMars 1999 ; semble absent du FEW.
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96 : Ø .
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